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Eau

Michaël Jaume (Vinsobres) : « Un projet qui va au-delà du monde agricole »

Lancé au cours de l’année 2019, le projet d’irrigation sur les communes de Nyons, Mirabel-aux-Baronnies, Piégon, Venterol et Vinsobres avance doucement. Le point avec Michaël Jaume, président du Comité des Vignerons de Vinsobres.

Michaël Jaume (Vinsobres) : « Un projet qui va au-delà du monde agricole »

Michaël Jaume, qu’en est-il concrètement de ce projet d’irrigation dans le sud Drôme ?
« On le sait, le climat est de plus en plus chaud et sec. Aujourd’hui, nous, viticulteurs, s’apercevons d’un besoin important en eau pour nos cultures. Pour que nos exploitations restent viables et compétitives avec l’espoir de pouvoir les transmettre un jour aux futures générations, nous avons besoin de cette ressource pour irriguer nos parcelles. Sur le devenir, sans eau, notre métier deviendrait très compliqué. De ces réflexions est née l’idée de créer un réseau d’irrigation, projet porté jusque-là par l’ODG Vinsobres. »

Comment cela s’est-il mis en place ?
« Avec Pierre-Michel More, président du syndicat des vignerons du Nyonsais, Mirabel, Piégon et Venterol, nous avons d’abord exposé notre projet à la sénatrice, Marie-Pierre Mounier. Fin décembre 2019, nous avons tenu plusieurs permanences pour recenser les exploitants / propriétaires de parcelles situés sur les cinq communes (Nyons, Mirabel-aux-Baronnies, Piégon, Venterol et Vinsobres, ndlr), qui souhaitaient bénéficier de l’irrigation. Une étape nécessaire pour pouvoir dimensionner le projet. »

Avez-vous ressenti un fort intérêt pour ce projet ?
« Effectivement, nous nous sommes rendus compte que tous les agriculteurs du coin voulaient l’eau. Cela représente près de 3 000 hectares de terres à irriguer (960 ha à Mirabel-aux-Baronnies, 220 ha à Nyons, 300 ha à Piégon, 580 ha à Venterol et 940 ha à Vinsobres). »

Pourtant, la suite ne s’est pas déroulée comme vous l’auriez souhaité. Expliquez-nous ?
« Suite à ces résultats, nous avons demandé un financement du fonds européen de développement régional (FEDER), à hauteur de 80 % pour une étude de faisabilité estimée à 40 000 €. Nous avons donc déposé un dossier, avec l’aide de la chambre d’agriculture de la Drôme, début mars 2020. Malheureusement, l’aide financière ne nous a pas été accordée par la DDT, pour le simple motif que « l’ODG Vinsobres, porteur du projet, n’était pas un organisme agricole ». Une façon détournée, je pense, de vouloir simplement des cultures s’adaptant aux conditions climatiques, et non des cultures irriguées. »

Vous avez toutefois pu compter sur le soutien de La Région et du Département. A quelle hauteur ?
« Par la suite, nous avons échangé avec Didier-Claude Blanc, conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, et Marie-Pierre Mouton, présidente du Département, qui ont accepté de nous financer, à 50 % pour le premier, à 30 % pour le second. Je les remercie donc pour ce soutien. Sans eux, nous n’aurions pas pu réaliser d’étude et le dossier aurait alors échoué ».

Comment les communes concernées ont-elles accueilli le projet ?
« Les cinq communes ont bien compris l’importance et nous ont d’ores et déjà affiché leur soutien. De plus, nous avons toujours affirmé que nous serions très attentifs à l’eau potable des communes et qu’il n’était pas question de puiser dans les forages. Nous ne voulons surtout pas irriguer au détriment de l’eau potable, au contraire. Nous aimerions partager cette eau d’irrigation avec les communes, pour leurs espaces verts, les jardins partagés, etc. C’est un projet qui va au-delà du monde agricole. »

Où en êtes-vous aujourd’hui ?
« Nous rencontrons cette semaine, avec la chambre d’agriculture, un bureau d’études pour voir ce qu’il est possible de réaliser : nappe d’accompagnement de la rivière L’Eygues, réserves d’eau, retenues collinaires, etc. Cette étude, d’une durée de 12 à 15 mois, va nous permettre de dimensionner le réseau d’eau. Nous avons également l’intention de réaliser une interconnexion avec le réseau Hauts de Provence Rhodanienne. En parallèle, il est prévu de constituer une structure juridique d’irrigation : ce n’est en effet pas à l’ODG Vinsobres de gérer le dossier. »

Propos recueillis par Amandine Priolet

Appellation Vinsobres : un bon cru 2020

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Si l’année 2020 restera gravée dans les annales, crise sanitaire oblige, elle le restera aussi pour la filière viticole, particulièrement touchée par l’épisode de confinement. Pour autant, l’appellation d’origine protégée Vinsobres a vu ses cours stagner. « Malgré le confinement, nous avons eu plus de sorties de chai que l’année précédente », souligne Michaël Jaume, le président du Comité des Vignerons de Vinsobres. Si la commercialisation à l’export a forcément été moindre, les viticulteurs regroupés sous l’AOP ne se plaignent pas. « A l’heure d’aujourd’hui, nous ne nous en sortons pas trop mal », explique le vigneron vinsobrais. D’autant plus que « la récolte, un peu plus faible que les autres années, est d’excellente qualité », continue Michaël Jaume. Une petite baisse de rendement qui s’explique notamment par la sécheresse des années précédentes. « La vigne souffre de plus en plus de ce changement climatique », prévient-il. D’où l’intérêt d’apporter des solutions de ressources en eau aux viticulteurs de la région.

A.P.