Patrimoine
Visite immersive dans les ateliers de la Cuivrerie de Cerdon

La Cuivrerie de Cerdon (Ain) ouvre ses portes en avant-première pour les vacances de la Toussaint. Au programme, une immersion dans les secrets des ateliers et des démonstrations de savoir-faire uniques. Visite guidée.

Visite immersive dans les ateliers de la Cuivrerie de Cerdon
© DR

Témoin d’une aventure industrielle de plus de 150 ans, la Cuivrerie de Cerdon renaît en 2022. Le site a été racheté en mars 2018 par le Département de l’Ain, avec la volonté de le réhabiliter « autour d’un projet architectural et scénographique innovant, permettant de transmettre cet héritage emblématique au public. » Construite autour d’un ancien moulin à blé, la Cuivrerie de Cerdon est une usine de fabrication d’objets en cuivre racontant 150 ans de destinée industrielle de la famille Main et Fils. Des générations d’ouvriers y ont transformé le cuivre et ses alliages grâce à diverses techniques et machines, témoins de l’évolution des procédés industriels comme des grandes mutations des 19e et 20e siècles. Grâce à la force motrice de l’eau, on y produisait des objets d’une grande diversité, tels des plateaux de balances, matériel de soierie, matériel agricole…, mais aussi des pièces d’orfèvrerie, pour la table et la décoration. Les procédés employés : la dinanderie (objets produits par martelage de feuilles de métal), l’emboutissage (mise en forme d’une feuille de métal entre une matrice et un poinçon) et le repoussage (transformation d’une feuille de métal circulaire à l’aide d’un tour).

Genèse d’une renaissance programmée

Fondée en 1867, la cuivrerie renaît de ses cendres à la fin des années 1970 à l’initiative de deux Cerdonnais passionnés, Maurice Goy et André Lathuilière, pionniers du tourisme industriel. Elle sera ouverte au public, tout en continuant à produire, jusqu’en 2010. En 2018, le Département de l’Ain décide alors de réhabiliter l’ensemble du bâti, désormais protégé au titre des Monuments historiques. L’objectif : en faire un site culturel immersif, dans lequel les visiteurs seront plongés dans les secrets des ateliers, révélés par d’incroyables technologies numériques, mais aussi des démonstrations de savoir-faire et des dispositifs spectaculaires ou ludiques. Les ateliers ont été restaurés, mis en sécurité et adaptés à l’accueil du public. Certains bâtiments, comme le moulin, ont retrouvé leur aspect d’origine : toiture, volume et façade ont été restitués. Un chantier, mené par « Croisée D’archi », qui aura mobilisé pas moins de 26 entreprises et artisans pendant près de deux ans.

Un savoir-faire qui s’exporte jusqu’au Japon

Au milieu du XIXe siècle, alors que la soierie est la première industrie exportatrice de l’économie française, à Cerdon, dans leur première cuivrerie, les associés Charles-Eugène Main et Louis Carrier puis la maison Main et Fils, se lancent dans la production de machines pour extraire le fil de soie. Ils conçoivent notamment une table métallique, équipée d’une banque en laiton et de bassines en cuivre, connaissant un très grand succès dans toutes les régions productrices de soie. Un savoir-faire de « Main & Fils » qui sera récompensé à l’Exposition internationale de Lyon en 1872 par la médaille de bronze, catégorie « Production de la Soie ». Un an plus tôt, l’ingénieur français Paul Brunat, mandaté par le gouvernement japonais pour superviser à Tomioka la construction de la première filature moderne d’État, commandera 300 tables à filer pour la fabrique de Tomioka. Les dévidoirs de fil tournant à plein régime deviennent alors le symbole du développement industriel du Japon. Des tables conçues pour le Japon, dont la hauteur a été adaptée pour convenir à la position assise des ouvrières. Constituées de bassines en cuivre sur platelage en laiton, elles permettent de « tirer » le fil sans effort et d’en optimiser la qualité. Les cocons sont déposés dans les bassines en cuivre remplies d’eau bouillante pour ramollir le grès qui agglomère le fil. Ce fil est si fin qu’il faut dévider plusieurs cocons ensemble pour former un fil adapté au tissage. La dextérité de l’ouvrière et les pièces de cette machine guident deux nappes de fils vers les dévidoirs sur lesquelles ils s’enroulent en écheveaux. Le modèle d’origine est aujourd’hui conservé au musée de la soie d’Okaya au Japon.
Patricia Flochon
(Source : GIP Cerdon Vallée de l’Ain).

 

Les machines de la cuivrerie : une expérience sensorielle et interactive

Le site de la cuivrerie s’étend sur une surface de 4 179 m2 et comporte un ensemble de bâtiments d’une surface de 1 984 m2. Il dispose toujours de trois roues à augets, avec les dispositifs d’entraînement (courroie et poulies), des martinets significatifs la première phase de développement à partir de 1867 et d’équipements liés à l’industrialisation croissante : une presse à balancier (1875), 12 tours à repousser (installés dès 1900), une forge (augmentée de 6 postes de travail dans les années 1920) et une impressionnante presse à emboutir installée en 1924, des tours à polir, des cisailles... Les machines et outils liés à la production occupent une place centrale. La mise en valeur permettra une visite immersive et sensorielle rythmée par le bruit des machines en fonctionnement. Le parcours propose des expériences interactives permettant à tous les publics d’approcher les techniques et savoir-faire par l’expérimentation. Des démonstrations sont effectuées dans les ateliers historiques pour rendre compte des gestes et savoir-faire. Des dispositifs de réalité augmentée, de restitution de décors et divers procédés audiovisuels viennent à l’appui d’une scénographie innovante. n 
Ouverture du 22 octobre 
au 6 novembre. 
Tarif : 8 euros/adulte – 6 euros/enfant. 
Réservation obligatoire : www.cerdonvalleedelain.fr/billetterie-cuivrerie-de-cerdon-1