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"Hors-d’œuvres"

L'AOC Crozes-Hermitage solidaire des restaurateurs et artistes

Le syndicat de l’AOC Crozes-Hermitage est à l’initiative d’un « rhabillage » de devantures de restaurants lyonnais par des artistes du street-art. Objectif : faire entendre « de façon décalée » la voix de ces trois professions victimes de la crise Covid.

L'AOC Crozes-Hermitage solidaire des restaurateurs et artistes
Devant la brasserie Bocuse Le Nord : de gauche à droite, Eric Pansu (chef cuisinier), Tang (artiste), Yann Chave (syndicat de l’AOC Crozes-Hermitage) et Franck Ferigutti (chef cuisinier). ©Pauline Pineau.

« Hors-d’œuvres » est une action de solidarité associant l’AOC Crozes-Hermitage, cinq restaurateurs lyonnais et cinq artistes pratiquant le street-art (du collectif Supervision, association dédiée à la promotion des cultures urbaines). Le syndicat des vignerons de l'AOC Crozes-Hermitage est à l’origine de cette initiative. Et sa section au sein de l’interprofession Inter Rhône, qui dispose d’un budget spécifique pour la communication, l’a financé (autour de 8 000 euros). Co-président de cette section (représentant la production) avec Jacques Grange (Maison Delas, représentant le négoce), Yann Chave explique : « On s’est dit : “La situation est catastrophique pour l’ensemble des vignobles. Il faut montrer notre mécontentement de façon décalée, mais aussi et que nous ne sommes pas les seuls dans la difficulté ; la restauration et l’art sont également fortement impactés” ».

De gauche à droite, Bambi Bakbi (artiste) et Sébastien Hullard (restaurateur), devant le Bel ami. ©Pauline Pineau.

Un habillage haut en couleur

L’opération a consisté à « rhabiller », les 7 et 8 janvier dans la capitale des Gaules, la devanture d’un bistrot, d’un bar à vin, d’une brasserie, d’un restaurant gastronomique et d’un bouchon lyonnais(1), cinq types d’établissements vides depuis plusieurs mois. Lyon a été choisi car cette ville est un marché « important » pour l’AOC Crozes-Hermitage. A travers cette action, « nous exprimons notre solidarité vis-à-vis de ces commerces, fait remarquer Yann Chave. Et, en même temps, nous donnons un peu de visibilité à nos vins pour que les consommateurs ne les oublient pas pendant cette crise sanitaire ».

Au P’tit Peintre : de gauche à droite, Yann Chave (syndicat de l’AOC Crozes-Hermitage), Bouda (artiste) et Maxime Périer (restaurateur). ©Pauline Pineau.

« La convivialité, le monde du vin et la gastronomie », tel était le thème des fresques et le nom « Crozes-Hermitage » devait y figurer. Pour le reste, les artistes(2) ont pu laisser libre cours à leur imagination. Les devantures ainsi habillées seront visibles jusqu’à la réouverture des lieux de restauration. Toutes très colorées, à l’exception d’une, elles apportent un peu de gaité et « de baume au cœur » en ces temps sombres. « Les passants les trouvent sympas, signale Yann Chave. Et certains restaurateurs ont l’intention de les garder plus longtemps. »

Devant le Monsieur P : de gauche à droite, Florent Poulard (restaurateur) et Gaspard Mariotte (artiste). ©Pauline Pineau.

Les caves sont pleines...

La devanture du Bistrot Orcia peinte par Yandy (deuxième en partant de la gauche). ©Pauline Pineau.

N’ayant pas de visibilité, « on réfléchira peut-être à d’autres actions pour montrer notre mécontentement, confie le vigneron. Des caves ont perdu 60 à 70 % de leur chiffre en novembre, notre plus gros mois normalement, notamment ceux qui travaillent beaucoup avec les CHR(3). Certains vendent aussi sur les salons, qui ont tous été annulés. En CHR, restent les ventes aux cavistes et sur internet mais elles ne suffisent par pour s’en sortir. Les caves sont pleines. Le gouvernement ne saisit pas bien notre situation. En agriculture, contrairement à d’autres secteurs d’activité, on travaille avec du vivant. On ne peut donc pas tout arrêter, mettre notre personnel au chômage et attendre que la crise passe. On est obligé de produire, tailler nos vignes, mettre nos vins en bouteilles… Depuis octobre-novembre derniers, on engage des frais pour la prochaine récolte. Si on ne parvient pas à vendre, on se retrouvera avec des stocks énormes. En viticulture, on n’a aucune aide sérieuse. En novembre, j’ai subi une perte de 65 %. J’étais donc au-dessus des 50 % qui permettent d’être aidé. Mais, au premier confinement, il fallait - 80 % pour toucher 1 500 euros et j’étais à - 20 %. A l’époque, on avait la chance de pouvoir exporter. Ce n’est plus le cas maintenant ».

Annie Laurie

(1) Bel ami (Lyon 1er arrondissement), Brasserie Bocuse Le Nord (2e), Monsieur P (2e), Au P’tit Peintre (6e) et Bistrot Orcia (4e).

(2) Tang, Gaspard Mariotte, Bambi Bakbi, Yandy et Bouda.

(3) Cafés, hôtels, restaurants.

L’AOC Crozes-Hermitage

L’AOC Crozes-Hermitage est la première appellation des Côtes-du-Rhône septentrionales. Ses vignes couvrent 1 800 hectares et son potentiel annuel de production avoisine les 80 000 hectolitres de vin.