Une tendance 2021 revue à la baisse
La crise sanitaire de la Covid-19 avait largement impacté la filière volailles de chair en 2020 et les perspectives pour 2021 ne sont pas des plus réjouissantes.

L’année 2020 figure comme un tournant dans l’évolution des filières agricoles, et particulièrement dans celle des volailles de chair. « 2020 aura été marquée par une conjonction de phénomènes affectant les marchés internationaux de la viande de volailles », explique François Cadudal, directeur du pôle économie à l’Itavi.
Parmi ces phénomènes : les conséquences de la fièvre porcine africaine en Chine et dans le reste de l’Asie depuis mi-2018 ; les restrictions (fermetures des frontières et des débouchés de la restauration hors domicile) pour lutter contre la pandémie de la Covid-19 ; le Brexit et ses conséquences sur le commerce ; l’influenza aviaire et l’effet ciseaux entre la hausse des cours des matières premières et le prix de la viande de volailles sous pression. De ce constat, que peut-on attendre de 2021 ? « On peut penser que ces défis vont s’accentuer cette année », juge François Cadudal. La hausse des coûts des matières premières (grains, pétrole, etc.) et autres intrants reste relativement forte et pourrait s’étendre dans le temps. Cependant, les revalorisations ne compensent pas cette hausse des intrants. « Nous avons une offre de viande de volailles bien fournie sur le marché européen qui fait plutôt pression sur les prix avec des pays de l’Europe de l’Est qui sont extrêmement compétitifs. »
Quid de la situation économique des ménages ?
Dans ce contexte, les productions du Sud-Ouest, confrontées à l’influenza aviaire (480 foyers en élevage en France depuis fin 2020, sur les 760 que compte l’Europe, NDLR), auront un défi particulier à relever, notamment en termes d’exportation. « Il conviendra de surveiller l’évolution de la dynamique européenne, en particulier le niveau de production de la Pologne (premier fournisseur de volailles de la France, NDLR), mais aussi la situation économique des ménages qui risque de peser sur la consommation de viande de volailles », propose François Cadudal. Ce dernier garde également un œil attentif sur les accords internationaux, en particulier le Mercosur et la position du Brésil dans la filière. Les différents marchés de la filière sont tous autant impactés.
La fermeture des restaurants pèse sur le marché
Entre 2019 et 2020, la production de viande de poulet de l’Union européenne a progressé de manière relativement modeste (+ 1,3 %), marché principalement dynamisé par la Pologne (+ 4 %). Une baisse de production de 5 à 10 %, hors France, est attendue sur le début de l’année 2021.
« La production française de poulet devrait, elle aussi, être en recul de l’ordre de 7 % au premier trimestre 2021 », annonce le directeur du pôle économie.
Ces baisses s’expliquent notamment par la fermeture des débouchés de la restauration commerciale. En revanche, les consommateurs semblent privilégier les produits de découpe de poulets standards à prix plus abordables, mais aussi les produits à haute valeur ajoutée (agriculture biologique). Le marché de la dinde devrait également être en difficulté en 2021, avec une prévision d’une réduction de la production de 12 % au niveau européen, hors France, lors des quatre premiers mois de l’année. En France, le recul attendu serait du même ordre (environ 10 %) sur le premier semestre. La filière canard, quant à elle, a été fortement touchée en 2020 par des épisodes d’influenza aviaire en Hongrie et Bulgarie mais aussi par la crise de la Covid-19, puisque la viande de canard est significativement exposée au marché de la restauration hors domicile. La production de viande de canard dans l’Union européenne avait ainsi connu une baisse de 16 % des volumes par rapport en 2019 (- 12 % en France). En ce début d’année 2021, « on prévoit une baisse de production de viande de canard (maigre ou gras confondus) de l’ordre de 20 % », estime l’intervenant. Enfin, le marché de la pintade, essentiellement français, est aussi particulièrement rattaché au marché de la restauration hors domicile. « On se projette vers un niveau de production inférieur de 20 % pour le premier semestre 2021, par rapport à 2020 », signale François Cadudal. L’ensemble de la filière volailles de chair est donc touché par les différentes problématiques rencontrées actuellement en Europe, voire dans le monde : l’impact considérable de l’influenza aviaire, mais aussi, et surtout, la crise sanitaire liée à la Covid-19 qui contraint la fermeture des débouchés de la restauration collective.
Amandine Priolet