Vandalisme
Les serres d'un couple de jeunes agriculteurs vandalisées

Les serres d'Émilie Froget et Benjamin Fanget, exploitants agricoles à Saint-Avit, ont été lacérées et taguées. Un acte de vandalisme douloureux et jugé incompréhensible.

Les serres d'un couple de jeunes agriculteurs vandalisées
Les trois tunnels d'Émilie Froget et Benjamin Fanget (EARL Les légumes de la Galaure) ont été lacérés et tagués d'injures : « assassins », « paysan pollueur crève », « tueurs d'enfants ». ©CL-AD26

Installés à Saint-Avit depuis 2017, Benjamin Fanget et Émilie Froget (EARL Les légumes de la Galaure) exploitent 45 hectares. L'exploitation comprend des céréales vendues à la coopérative Drômoise de céréales, des prairies pour la vente de foin ainsi que des surfaces de maraîchage de plein champ et sous trois tunnels froids (1 300 m²). Mercredi 29 novembre, ils ont découvert leurs trois tunnels lacérés et tagués d'injures : « assassins », « paysan pollueur crève », « tueurs d'enfants ».

« On se sent en insécurité »

En plus des tags injurieux, le système d'irrigation a également été vandalisé.

Les deux jeunes exploitants n'habitent pas sur place. « Mercredi matin, quand on est arrivé aux serres pour travailler, on a découvert les bâches de nos tunnels lacérés, les tuyaux d''irrigation coupés et des tags injurieux, raconte Benjamin Fanget. On pense que c'est arrivé en début de nuit car on a vu quelques traces de pieds. Or cette nuit-là, il y a eu une grosse gelée, le matin on marchait sur du dur. ». Appelée à 8 heures, la gendarmerie est arrivée très vite pour prendre des photos. Les dégâts matériels sont d'ores et déjà estimés aux alentours de 5 000 à 10 000 euros mais ils pourraient être plus lourds. « Le plus gros problème, c'est qu'on n'est pas sûr de pouvoir semer d'ici trois semaines les pommes de terre nouvelles prévues d'être commercialisées au printemps », s'inquiète Benjamin Fanget. Une production essentielle à l'équilibre économique de l’exploitation. « Aujourd'hui, on se sent en insécurité car si l'on change nos bâches, comment peut-on être certain qu'ils ne vont pas revenir ? », ajoute-t-il.

Une totale incompréhension

« Mon premier ressenti, c'est de la tristesse et de la haine, confie Émilie Froget. Ce qui m'affecte le plus, ce sont les tags, d'autant que nous sommes parents depuis sept mois. Est-ce l'ensemble du monde agricole qui est visé, est-ce que c'est personnel ?, s'interroge-t-elle. Je ne me vois ni avoir fait du mal à quelqu'un, ni avoir posé de problème. Ce qui nous tient, c’est la passion du métier. » Dans ce secteur de la Drôme, aucun autre acte de vandalisme n'a été déclaré ces dernières années.

L’incompréhension est totale. D'autant que cette exploitation coche toutes les cases d'une agriculture vertueuse avec une production maraîchère commercialisée en direct à proximité. « Ce saccage a ciblé une petite ferme qui essaie de s'en sortir et qui mise tout sur le local, a réagi Benjamin Aubert, secrétaire général de JA 26. Aujourd'hui, l'ensemble des jeunes agriculteurs font de la qualité. Qu'est-ce que nous reprochent ces gens, que cherchent-ils ? » Dans un communiqué commun publié le 30 novembre, les syndicats JA et FDSEA 26 condamnent fermement ces agissements. « Nous souhaitons que les responsables soient interpellés et traduits en justice. La violence n'a pas, et n'aura jamais sa place, dans notre société », écrivent-ils.

Un soutien unanime

Le 30 novembre, des agriculteurs et des élus se sont rendus sur place pour apporter leur soutien à Benjamin Fanget et Émilie Froget. ©CL-AD26

Le 30 novembre, des agriculteurs et des élus se sont rendus sur place pour apporter leur soutien à Benjamin Fanget et Émilie Froget. « Nous condamnons fortement cet acte de vandalisme. C'est choquant et irréaliste de voir que certains détruisent du matériel agricole et insultent des agriculteurs, a indiqué Claude Aurias, conseiller régional, maire de Loriol-sur-Drôme et ancien agriculteur. On va regarder au niveau de la Région s'il est possible d'aider les exploitations à se protéger par de la vidéo-protection, en lien avec les communes par exemple. Il faut garder la tête froide. La société est malade et nous devons apporter les outils nécessaires à la sécurité des biens et des personnes. »

Pour Pierre Combat, vice-président de la chambre d'agriculture de la Drôme, « c'est un acte catastrophique pour l'agriculture, cela démotive des jeunes exploitants qui se décarcassent pour faire de bons produits. Rien ne peut justifier une telle agression. Ceux qui commettent de tels actes de vandalisme, veulent-ils se nourrir que de produits importés où les règles de production sont moins draconiennes qu'en France ? J'espère que ce ne sera qu'un cas isolé », a-t-il ajouté. Bien que la colère soit vive, dans de telles circonstances, il invite les exploitants à « ne pas se faire justice eux-mêmes » et à déclarer chaque dégât à la gendarmerie.

« Je viens vous apporter le soutien des élus, a déclaré la députée Emmanuelle Anthoine. Je vais appeler le colonel de gendarmerie pour lui demander une surveillance renforcée et voir quels autres moyens peuvent être déployés. » La députée a fermement condamné toutes les actions destructrices menées contre les agriculteurs.

Christophe Ledoux