Toussaint
Les cimetières, lieux de mémoire  et de découvertes culturelles

Si les Français s’y rendent pour se recueillir auprès de leurs défunts, les cimetières peuvent aussi représenter des lieux de visites culturelles ou historiques. À l’occasion de la Toussaint, voici un tour d’horizon de quelques cimetières emblématiques de notre région.

Les cimetières, lieux de mémoire  et de découvertes culturelles
©AD26-CL

HAUTERIVES (Drôme) : le tombeau du repos sans fin du facteur Cheval

Au cimetière de Hauterives dans la Drôme, se trouve une sépulture bien particulière, celle de Ferdinand Cheval, dit le facteur Cheval. Celui qui consacra 33 années de sa vie à bâtir seul son palais idéal qu’il acheva en 1912, trouva encore l’énergie de bâtir son « tombeau du silence et du repos sans fin ».  
« Après avoir terminé mon palais de rêve à l’âge de soixante-dix-sept ans et trente-trois ans de travail opiniâtre, je me suis trouvé encore assez courageux pour aller faire mon tombeau au cimetière de la paroisse. Là encore, j’ai travaillé huit années d’un dur labeur », écrit-il dans ses mémoires. Ferdinand Cheval décède en 1924. 
Il est inhumé dans la tombe qu’il avait achevée deux ans auparavant. Celle-ci a bénéficié du classement au titre des monuments historiques, par arrêté du 23 mai 2011.

 

Ardèche et Drôme : le patrimoine incontournable des cimetières protestants

Les cimetières familiaux protestants sont des éléments incontournables de l’histoire et des paysages ardéchois et drômois. On en aperçoit très souvent aux abords des villages, le long d’un chemin de balade, dans les prés… Ces sépultures sont le plus souvent entourées d’un mur en pierre ou d’une clôture quand elles se situent en plein champ, et marquées d’un ou de plusieurs conifères quand elles se trouvent à proximité d’une habitation. Elles témoignent de l’histoire mouvementée des communautés protestantes à l’époque où il leur était interdit d’enterrer leurs morts dans les cimetières paroissiaux catholiques. En Ardèche et en Drôme où les membres de la communauté protestante sont nombreux, ces cimetières clandestins se sont multipliés. De nombreux cimetières familiaux protestants restent encore visibles dans la nature aujourd’hui, souvent situés sur des propriétés privées, d’autres ont complètement disparu.  A. L.

Saint-Théoffrey (Isère) : l’empreinte d’Olivier Messiaen

La stèle d’Olivier Messiaen (1908-1992), entreposée dans le cimetière de Saint-Théoffrey, petit village isérois de 530 habitants, est une des plus atypiques de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle représente un grand oiseau aux allures de colombe, stylisé en marbre blanc de Carrare, sur lequel est gravé en caractères d’or un extrait de l’une de ses œuvres, Harawi, un chant d’amour et de mort. Car Olivier Messiaen, reconnu comme l’un des artistes les plus célébrés dans le monde au XXe siècle, était compositeur de musique, pianiste et organiste, mais aussi passionné d’oiseaux. Inspiré par les chants des oiseaux et des bruits de la nature, l’artiste était tombé amoureux de ce village qui offre une vue imprenable sur le grand lac Leffrey. Depuis son décès en 1992, il repose dans ce petit cimetière niché entre les Écrins et le Vercors, qui domine la région. Un patrimoine qui fait la renommée de cette commune paisible. Depuis 2010, le cimetière a fait l’objet de travaux pour rendre possible l’accès aux personnes à mobilité réduite (PMR).  A. Pr

Le tata sénégalais commémore les tirailleurs africains massacrés par les troupes allemandes le 20 juin 1940.

CHASSELAY (RHÔNE) : le tata sénégalais honore ses tirailleurs 

En sénégalais, « tata » signifie « la terre sacrée ». Le tata de Chasselay est une nécropole unique en France, la seule dédiée aux tirailleurs sénégalais. Dans ce lieu situé en plein cœur des Pierres dorées reposent 188 soldats nommés ou inconnus, tous venus de la grande Afrique et tombés au combat de Chasselay-Montluzin en juin 1940. Des Sénégalais mais aussi des Guinéens, des Burkinabés, des Nigériens ou encore des Béninois... L’histoire raconte qu’entre le 19 et le 20 juin 1940 à Chasselay, l’armée française et ses troupes coloniales sénégalaises du 25e régiment composé de soldats jeunes et peu formés, ont retardé l’entrée des troupes allemandes dans Lyon. 
Le 20 juin, environ 70 prisonniers sont divisés en deux groupes. D’un côté, les soldats sénégalais noirs et de l’autre les soldats français blancs qui assistent au massacre des soldats africains tués par des mitrailleuses et pour certains écrasés par des chars d’assaut allemands d’une manière atroce, le long de la route départementale 100 qui relie Chasselay au petit village de Les Chères. 
Horrifiés par ce massacre, les habitants de Chasselay ont enterré les corps des Sénégalais, au lieu-dit « Vide-sac », dans un cimetière inauguré le 8 novembre 1942. De la terre de Dakar a été acheminée par avion pour la mélanger à la terre française. L’édifice en ocre rouge rappelle les couleurs de la terre natale des tirailleurs sénégalais.  A. P.

Villeurbanne (Rhône) : le cimetière national militaire de la Doua

Inaugurée en 1954, la nécropole de la Doua, située sur un ancien terrain militaire, rassemble plus de 6 000 tombes. Des soldats ou civils de toutes nationalités, morts pour la France dans le cadre des deux guerres mondiales, de la guerre d’Indochine, de la guerre d’Algérie et du conflit du Liban reposent dans ce lieu. Les dépouilles de plus de 450 soldats tués lors de la catastrophe ferroviaire de Saint-Michel-de-Maurienne  y ont été également transférées en 1961. Le déraillement dans la descente de la vallée de la Maurienne d’un train rempli de permissionnaires revenant du front italien a fait entre 425 et 700 morts en décembre 1917. Le cimetière s’organise autour d’un lieu nommé la « Butte des fusillés » et se répartit selon sept carrés : A, B, C, D, E, F et G. La Doua a été un haut lieu de la Résistance française. Une plaque adossée au « Mur des fusillés » commémore le souvenir du sacrifice de 78 résistants fusillés parles Allemands sous l’occupation. C. D.