Avec l’Adaf, une formation avec un expert sur les agrumes résistants au froid
Deux premières formations sur les agrumes organisées par l’Association pour le développement de l’agroécologie et de l’agroforesterie (Adaf) ont eu lieu les 11 et 12 avril dans la Drôme et d’autres devraient être proposées d’ici l’automne.
Sollicitée par un groupe d’agriculteurs, l’Association pour le développement de l’agroécologie et de l’agroforesterie (Adaf) a organisé une formation sur les agrumes le 11 avril à Bonlieu-sur-Roubion et le 12 avril, à Romans-sur-Isère. L’intervention a été assurée par Olivier Biggio, consultant expert en agrumes et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet (dont « Agrumes résistant au froid à cultiver en pleine terre », aux éditions Ulmer). « Même si depuis 2012, nous n’avons plus de grands hivers, vous devez garder à l’esprit que du jour au lendemain, vous pouvez tout perdre », a lancé Olivier Biggio en guise d’introduction aux participants. Une vingtaine de personnes ont assisté aux formations avec, pour la plupart, un projet de plantation d’agrumes pour se diversifier.
Établir un cahier des charges
Création de pépinières, d’un verger agroforestier, diversification… Après le tour de table, place aux premiers conseils. « En plein champ, le vent, il faut le casser. Sinon, les plantations seront vouées à l’échec, desséchées et jaunies. C’est plus simple sous serre car tout ce qui peut être une source de stress n’est pas bon pour l’agrume. Dehors, il faudra des filets ou des haies, déclare l’intervenant. Pensez à un cahier des charges pour connaître le type de sol et la moyenne des températures d’hiver sur 30 ans avec la courbe de Gauss ». En cas de gros vent, le filet anti-grêle peut aussi être une solution selon l’expert. Il conseille aux participants qui ont des arbres fruitiers de placer les agrumes au centre. Un agriculteur l’interroge sur la plantation entre les serres. Une « bonne idée », lui répond Olivier Biggio. Dans le département, l’intervenant estime que la température hivernale peut descendre jusqu’à 12°C par endroits. Il cite quelques variétés d’agrumes par échelle de résistance au froid : le citronnier de Meyer qui supporte peu les températures en dessous de 7°C, les clémentiniers, orangers et pomelos qui tiennent jusqu’à 8°C ou encore le mandarinier satsuma et le kumquat qui survivent à 10°C.
« Nous parlons ici de l’arbre. Le fruit ne tient généralement pas en dessous de 7°C. Pour les oranges, à 4°C, elles gèlent à l’intérieur, précise le formateur. Attention, les agrumes ne sont pas climatériques. Un fruit récolté avant de mûrir ne mûrira pas. C’est le froid et la diminution du jour qui le colorent. Ça n’est pas parce que c’est vert à l’extérieur que ce n’est pas mûr à l’intérieur ». L’agrume a une préférence pour la terre acide. Si la terre se compose d’un pourcentage élevé de calcaire actif, « cela empêchera l’assimilation des nutriments. Si vous approchez les 15 %, ça n’ira pas. Si votre terrain est trop argileux, cela ralentira sa croissance », prévient Olivier Biggio rappelant que l’analyse des sols est nécessaire avant la plantation. « L’agrume possède un chevelu racinaire. Il peut avoir du mal à pénétrer l’argile. Si votre sol est argileux, vous devez creuser un gros trou et mouiller la terre lors de la plantation afin de le rendre rigoureux », préconise l’intervenant.
Fort avant l’hiver
Si l’agrume aime l’eau, « il ne doit pas avoir les pieds qui trempent ». En cas de pluie, le formateur préconise de laisser le fruit sur l’arbre une semaine (clémentine, orange) avant de le récolter pour éviter qu’il soit gorgé d’eau. La butte serait la « meilleure technique pour ce type de plantation sauf si le sol est drainant. Elle permet d’éviter que les racines soient dans l’eau ». Sous serre, il conseille d’irriguer toute l’année avec aspersion haute et des lignes au sol pointant du doigt le risque de ravageurs. En ligne, « vous passez la sous soleuse sur 40 centimètres ou vous bâchez pour éviter les mauvaises herbes ». D’un point de vue ravageurs, le formateur cite les campagnols et mulots et les avantages de l’introduction d’une couronne impériale (fritillaire) sous serre pour les éloigner. Olivier Biggio rappelle que « nous ne travaillons pas le sol aux pieds d’un agrume » et il conseille de ne pas pailler. « Une fois la plantation faite, on ne touche plus », déclare-t-il. À noter que l’agrume est « très sensible aux produits phytosanitaires ». S’il y a une volonté de pailler ou d’ajouter du compost, l’expert conseille d’écarter la matière du tronc. L’agrume aura besoin d’être nourri « constamment ». « En plein champ, l’engrais sera obligatoire. Pendant trois ans, il faudra booster l’agrume afin qu’il puisse résister au froid, assure le formateur. Il vaut mieux le planter en mai ou en juin. Sous serre, ça sera plutôt dès le mois de mars ou d’avril, après les gelées. Le but c’est que l’agrume ait déjà poussé avant l’hiver ». Le trou de plantation doit être alimenté d’un mélange drainant. Olivier Biggio cite l’Actimus pour stimuler les racines ou encore l’eau de saule ou la corne broyée. « Si le plan passe les deux premiers hivers, c’est bon. Les deux ou trois premières années, il faut enlever les fleurs et se focaliser sur l’azote », ajoute-t-il.
Le choix du porte-greffe
Le porte-greffe va être déterminant et doit résister au froid. Pour les sols argileux, le poncirus trifoliata sera préconisé. Pour les sols sableux, le formateur met en avant le forner alcaïde 5 (FA5) qui peut aussi être utilisé pour les sols argilo-calcaires. « Le FA5 est le porte-greffe qui supporte le mieux les différents types de sol », précise le formateur. Tous les porte-greffes conviennent aux sols humifères, idéals pour les agrumes. Enfin, sous serre, le C35 sera le plus adapté. L’après-midi, Olivier Biggio a montré aux participants comment réaliser une greffe. « Attention à ne pas trop enterrer la greffe », a-t-il prévenu.
Morgane Eymin