Abreuvement : attention à la qualité de l’eau
En période de pâturage, les éleveurs doivent assurer l’approvisionnement en eau des animaux. Comment préparer et assurer l’abreuvement des troupeaux dans ces cas-là ? Explications.

L’approvisionnement en eau lors du pâturage, bien qu’indispensable et vital pour le bien-être du troupeau, peut s’avérer une contrainte importante pour l’éleveur. Avant la mise à l’herbe, il faut anticiper tous les détails qui pourraient faire défaut. Les besoins en eau des animaux sont fortement dépendants de la température, de l’âge de l’animal, de la situation (gestation, lactation, etc.), et de la teneur en matière sèche du fourrage. « Nous pouvons donc avoir des écarts assez significatifs entre le début de la mise à l’herbe et la période estivale. Par exemple, au début de la sortie des animaux, l’herbe sera encore très riche en eau avec des températures relativement basses, et les animaux ne vont quasiment pas boire », indique Romain Salles, chargé de projet Eau en élevage à l’Idele. En début de pâturage, les bovins laitiers boivent entre 20 à 40 litres par jour pour passer en plein été (et nourri en fourrage sec) à 120 à 140 l/jour. Petite particularité pour la filière caprine, l’eau bue matin et soir au bâtiment est généralement suffisante pour combler les besoins des chèvres. « En grande majorité, il n’y a donc pas d’eau au pâturage, et cela n’impacte a priori pas la production laitière. »
Assurer un flux continu
Pour répondre aux besoins des bovins, par exemple, plusieurs modes d’abreuvement existent. « Bien souvent, l’éleveur dispose d’une alimentation en eau en continu, avec des abreuvoirs qui sont reliés soit sur le réseau d’eau potable public, voire privé (forage). Il peut aussi bénéficier d’une ressource en eau naturelle (sources, cours d’eau, mares, puits) », poursuit le chargé de projet. En termes d’abreuvement, aucune réglementation n’existe, si ce n’est de fournir une quantité suffisante et une eau propre pour le bien-être animal. « Il s’agit avant tout de bon sens. Souvent, les éleveurs ont l’idée que les bovins ou autres races peuvent boire n’importe quelle eau, sans conséquence sur le troupeau. Mais si la qualité de l’eau n’est pas maîtrisée, cela représente quand même un certain risque sanitaire (avortement, diarrhée, tuberculose, etc.). Il faut donner aux animaux une eau qu’on pourrait boire nous-mêmes, et éviter les eaux stagnantes, sources de parasites. D’ailleurs, si les bêtes lapent comme des chats, cela signifie souvent que l’eau est de mauvaise qualité… », indique Romain Salles. Il rappelle toutefois que certaines AOP – ou préleveurs de lait - mettent des exigences supplémentaires et demandent des analyses d’eau.
Au cas par cas
Dans sa pratique, l’éleveur, en fonction des connaissances de ses parcelles, doit s’assurer de l’accès en eau durant toute la durée du pâturage. « Si ses ressources en eau sont soumises à la sécheresse, il doit anticiper par l’installation de bacs, qu’il remplira avec une tonne à eau. »
Parmi les autres préconisations à donner en temps de pâturage, celles de l’emplacement de l’abreuvoir et de sa taille. « On recommande une distance entre l’abreuvoir et le point le plus éloigné de la parcelle inférieure à 200 mètres, afin que les bêtes aillent boire, au fur et à mesure de leurs besoins. En pâturage plus extensif, dès que l’on dépasse 400 m, les animaux vont aller s’abreuver tous en même temps. Les dominantes donnent le tempo et vont donc déterminer le moment où elles vont boire et lorsqu’elles arrêtent. Les dominées peuvent alors ne pas avoir eu le temps de s’abreuver, ce qui entraînera des pertes de performances », alerte Romain Salles. C’est pourquoi il est conseillé aux éleveurs de mettre en place des abreuvoirs de grande capacité (3 m de long), avec une réserve d’eau qui permette à au moins 20 % des animaux du lot de s’abreuver en même temps. Le débit doit alors fournir la moitié de la consommation quotidienne du lot en 10 minutes, précise le guide abreuvement, publié dans le cadre du programme Herbe et Fourrages Centre Val de Loire. Les hauteurs d’abreuvoirs diffèrent également mais il est recommandé une hauteur de 70 cm pour les vaches, 50 cm pour les veaux (à adapter en fonction de la constitution du troupeau, ndlr), afin « de limiter les salissures et d’éviter aux petits gibiers de venir boire et de transmettre des maladies par l’eau de boisson », conseille Romain Salles.