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Machinisme

Quels équipements choisir pour supprimer  les angles morts sur les engins de manutention ?

Le point noir d’un engin de manutention tel qu’un chariot télescopique est celui du manque de visibilité en cabine. Pour surveiller les angles morts et accroître la sécurité, il existe des systèmes de vision par caméra, qui peuvent même être associés à l’intelligence artificielle.

Quels équipements choisir pour supprimer  les angles morts sur les engins de manutention ?
©L. Vimond
Les angles morts sont nombreux sur les engins de manutention et ils constituent des points noirs sur le plan de la sécurité.

Les engins de manutention évoluent souvent dans les exploitations à proximité de personnes ou d’animaux et les risques d’accidents sont réels. Leur bras, leur outil frontal ou encore le positionnement de leur cabine, notamment sur les chargeurs télescopiques, réduisent la visibilité, voire créent des angles morts pour le chauffeur. Les équipementiers spécialisés dans la sécurité comme Continental, FJDynamics, Luda Farm, Universel… commercialisent divers kits adaptables pour répondre à ce manque de visibilité. Ils proposent différentes sortes de caméras, dont certaines implémentées d’intelligence artificielle. D’autres solutions visant à améliorer la sécurité lors des manœuvres peuvent également être mises en place, comme la détection d’obstacles. Certains tractoristes et manufacturiers comme Claas, Valtra, John Deere, Fendt, New Holland, Case IH, Massey Ferguson, Manitou, JCB, Holmer, BvL… les installent même de série sur leurs engins. Le montage d’origine représente parfois un coût important. Par exemple, chez Claas, l’unique caméra arrière proposée de série sur le chariot télescopique Scorpion est facturée 1 715 euros et il faut débourser 3 505 euros pour trois caméras (avant, arrière et au niveau du télescope).

Des yeux supplémentaires pour l’opérateur avec les caméras

Pour les automoteurs dépourvus de système de surveillance de l’environnement de travail, les utilisateurs peuvent installer en rétrofit des caméras à différents points stratégiques, comme à l’arrière du chariot télescopique et à son avant droit, là où le bras télescopique cache la visibilité depuis la cabine. Il est également possible de mettre une caméra sur le nez de la flèche (système High View chez Manitou), afin de visionner l’outil lors des manipulations en hauteur. Le retour des images s’effectue soit sur le terminal de l’engin, soit sur un écran additionnel. Pour une installation en seconde monte, il existe un très large panel d’offres en caméras de vision avec une fourchette de prix allant de 30 à 500 €. Afin de s’y retrouver dans l’achat, il faut retenir quatre critères importants :
- le premier étant la qualité de la vidéo. Celle-ci varie entre 480, 720 ou 1 080 pixels. Une valeur élevée est signe d’une meilleure netteté sur le retour en image à l’écran. L’option vision nocturne limite la perte de qualité vidéo dans les zones sombres, comme lors des travaux de nuit ou dans les bâtiments ;
- le deuxième critère où il est important de s’attarder pour les engins de manutention est celui de la résistance de la caméra ou l’indice de protection IP. Ce dernier est suivi d’un premier chiffre pour la résistance à la poussière de la caméra et un second pour celle de l’eau. Un chiffre élevé indiquera une résistance accrue. Dans le cadre d’une utilisation agricole, l’indice de protection optimal pour la caméra est IP69. Sur certains modèles, ce chiffre est suivi de la lettre K. Cette dernière indique que la caméra est capable de résister à la vapeur à haute pression ;
- en troisième point, il est recommandé d’opter pour une caméra avec un angle de vision en phase avec l’utilisation. Un champ trop large pourrait déformer l’image à l’écran et fausser la perspective. A contrario, un angle de vision trop restreint limiterait la visibilité ;
- enfin, il est important de prendre en compte la technologie de transmission de la caméra. Une connexion sans fil facilite son installation, au risque de subir des interférences. Le réseau filaire est le plus sûr mais demandera une charge de travail plus importante pour l’installation de la caméra.

Les caméras couplées à de l’intelligence artificielle 

De surcroît, l’intelligence artificielle s’empare des caméras de manœuvre dans le secteur agricole. En effet, en plus des caméras traditionnelles, les manufacturiers ajoutent un module informatique, implémenté d’algorithme, leur permettant de déceler dans le champ de vision des obstacles, des personnes ou de la circulation. L’équipementier Continental développe ce type de technologie et le propose en monte d’origine aux constructeurs de véhicules automoteurs agricoles. Tel est le cas, par exemple, pour le tractoriste Valtra avec le package Vision-based Intelligent Electronic Warnings dans son offre Unlimited View. Ce module repose sur au minimum trois caméras placées à gauche, à droite et derrière l’engin, et une optionnelle à l’avant. En supplément de leur soutien visuel dans les zones mortes, elles renvoient à l’écran une zone de contact, à l’image des traits d’une caméra de recul de voiture. Lorsqu’un opérateur ou un animal entre dans cette zone, le conducteur est alerté par un son. De plus, ce module bénéficie de la détection d’obstacles dans la zone d’évolution du véhicule. Le chauffeur reçoit ainsi une alerte avant même d’avoir vérifié le retour en image sur le terminal de l’automoteur. Cette option est affichée au tarif d’environ 4 000 euros chez Valtra.

Une vision à 360 degrés

En combinant le visuel des quatre caméras au minimum placées de part et d’autre de l’automoteur, l’utilisateur peut profiter d’une vue à 360° de son véhicule. Sur le terminal, il aura accès à une vision vue du ciel, comme si l’engin était survolé par un drone. Ce système est proposé en seconde monte par Brigade avec le Backeye 360, Vignal, Motec ou de série chez Claas, Fendt, Holmer, Ropa, BvL, Grégoire… pour un tarif supérieur à 1 000 euros et bien plus si le nombre de caméras augmente (4, 6 et 8). L’équipementier Continental fournit également son module « vue du ciel », Proviu 360, aux constructeurs d’automoteurs. Il se distingue en outre par son option « transparent châssis », permettant d’avoir une vue dégagée vers l’avant de l’engin. 

Ulysse Dubroeucq

« Les trois caméras équipant mon télescopique sont devenues indispensables »

« Les trois caméras équipant mon télescopique sont devenues indispensables »
Bruno Bertin, éleveur à Saffré en Loire-Atlantique, a fait installer deux caméras à transfert des images par connexion Wifi sur son chariot télescopique.

« Mon chariot télescopique Dieci est équipé de série d’une caméra arrière, mais pour davantage de confort et de sécurité j’ai demandé à mon concessionnaire d’en installer deux supplémentaires, une sur le support des feux côté droit et une sur le bras en nez de flèche », précise Bruno Bertin, éleveur installé à Saffré en Loire-Atlantique. La caméra placée côté droit est alimentée par la batterie 12 volts de l’automoteur. Le retour des images s’effectue via une connexion Wifi sur l’écran additionnel situé à gauche du volant. « Lorsque je conduis, je n’ai plus la nécessité de tourner la tête vers l’arrière droit. Il suffit de garder un œil sur l’écran et les rétroviseurs de gauche. L’angle de vision de la caméra, plus large que celui des rétroviseurs, permet de visualiser tout le côté droit de l’engin et même jusqu’à l’arrière. » L’éleveur ne rencontre pas non plus de difficulté dans les zones sombres comme dans les bâtiments ou la nuit, grâce aux diodes installées sur la caméra. L’image de la seconde caméra, fixée en bout de bras télescopique et alimentée aussi par la batterie de l’engin, s’effectue aussi sur terminal principal de l’engin à droite du volant. Elle permet de visualiser l’intérieur d’une benne lors du chargement de produits en vrac, par exemple. « La seule difficulté est la destruction des caméras par les vibrations du véhicule, notamment à grande vitesse. Pour les remplacer, il faut compter 200 euros l’unité. »