Accès au contenu
BOVINS LAITIERS

Les conseils pour adapter les bâtiments  aux fortes températures

Le projet Bâti-Lait, mené par l’Institut de l’élevage (Idele) et l’interprofession laitière (Cniel), vise à diminuer le stress thermique des vaches laitières en bâtiment lors des journées estivales très chaudes. Selon les responsables du projet, une série de mesures peuvent d’ores et déjà permettre de limiter l’impact sur les animaux. 

Les conseils pour adapter les bâtiments  aux fortes températures
©Léa Rochon/Apasec
Lorsque les températures estivales ne permettent pas de pâturer à l’extérieur, l’Idele et le Cniel recommandent d’adopter une alimentation appétante et qui ne soit pas échauffée.

Bertrand Fagoo, chef de projet au sein du service Capteurs-Equipements-Bâtiments de l’Institut de l’élevage (Idele), est catégorique : lorsqu’il fait très chaud, les installations de ventilation mécanique sont à 90 % des cas peu performantes au sein des élevages laitiers français. « Hors saison chaude, ces ventilateurs font le travail en asséchant la litière et en boostant le renouvellement d’air… Mais lors de fortes températures, les vaches se retrouvent très serrées et en cercle sous le ventilateur, ce qui provoque un stress démultiplié et des risques d’accident », assure-t-il. De ce constat, l’Idele et le Cniel ont souhaité dresser une liste d’étapes à prioriser, dont l’objectif est de limiter le stress thermique des vaches laitières.

Porter une attention particulière 
à l’entretien des abreuvoirs
Parmi les actions prioritaires, le technicien recommande d’assurer un confort optimal en suivant plusieurs recommandations : vérifier les conditions d’abreuvement, mettre à disposition des aliments appétents, réduire le rayonnement direct et indirect du soleil à l’intérieur des bâtiments et améliorer la ventilation naturelle. D’autres facteurs secondaires, tels que l’utilisation d’une ventilation mécanique, de techniques de brumisation ou encore de douchage, peuvent être ajoutés avec précaution. Pour l’abreuvement, le responsable recommande d’installer des points d’eau tous les 20 mètres et de garder un quota d’un point d’eau collectif pour 20 à 30 vaches. « Il faut également redonner de l’espace autour des points d’abreuvement », déclare l’expert. Effectuer régulièrement un nettoyage, une vidange et le brossage des abreuvoirs constitue aussi des habitudes essentielles à adopter. Bertrand Fagoo recommande de conserver des silos de report pour l’été, avec des ouvertures du front d’attaque au nord ou à l’est, plutôt qu’au sud ou à l’ouest. « Cela paraît évident, mais il est vraiment important de s’assurer que le fourrage reste le plus frais possible ! Il faut aussi suffisamment de place à l’auge, puisque souvent, durant les après-midis très chaudes, les vaches s’y rendent beaucoup moins et se rattrapent en fin de journée », déclare-t-il.

La douchette, une technique à utiliser sous certaines conditions
Les éleveurs des zones chaudes de la France le savent mieux que personne. Lorsque la température augmente fortement l’après-midi, laisser les vaches à l’extérieur est loin d’être idéale. « On ramène alors les vaches en bâtiment, ce qui nécessite de prendre en compte le rayonnement direct, rappelle le spécialiste. Il est dès lors possible d’ajouter des avancées de toiture qui vont casser le rayonnement, ou encore de travailler avec des écrans et des rideaux qui vont s’adapter à la course du soleil. » Selon Bertrand Fagoo, le rayonnement indirect, qui passe à travers les matériaux, doit également être évité. « Il faut alors limiter l’éclairage des bâtiments naturels vers le haut et l’orienter plutôt sur les côtés. » Dans le Rhône, par exemple, un éleveur a fait preuve d’ingéniosité en badigeonnant les plaques translucides à l’intérieur du bâtiment avec de la peinture blanche. Autre point à ne pas négliger : la végétalisation des abords. Selon le professionnel, les éleveurs peuvent gagner en isolation en évitant d’avoir trop de goudron et de béton en pourtour de bâtiment, qui ont tendance à faire rayonner le chaud. « Quant à ventilation naturelle, qui reste essentielle, il faut vraiment balayer les bâtiments le plus bas possible pour apporter une sensation de fraîcheur au niveau de l’animal, tout en se protégeant du soleil. » Bertrand Fagoo l’assure : la ventilation mécanique doit rester une solution de recours, de seconde intention, lorsque l’ensemble des mesures préalables ont déjà été mises en place. Enfin, majoritairement utilisée dans les zones continentales et pour des troupeaux très productifs impactés par les nuits chaudes, la technique de la douchette peut s’avérer utile. Cette dernière envoie des grosses gouttes capables de traverser le poil et d’arriver jusqu’à la peau, afin de refroidir directement l’animal. Mais son utilisation doit répondre à quelques conditions. Selon Bertrand Fagoo, cette méthode utilise des ressources en eau, en plus d’être un procédé qui demande de mettre le paquet au niveau de la ventilation mécanique, « puisque l’on douche et l’on sèche ». Malgré le faible recours à cette méthode en France, l’Idele note que le douchage consomme plus de 3 m3 d’eau par vache et par an et requiert des techniques à bien appréhender, afin de ne pas inonder les couloirs.  

L. R.

A lire notre dossier complet