Une production de lait de chèvre peu dynamique en Europe
La production européenne de lait de chèvre a diminué dans tous les Etats européens hormis la Roumanie. Cette baisse se poursuit depuis le début de l’année alors que la consommation reste dynamique en France. Or le cheptel européen caprin se contracte toujours.

En produisant un tiers de la production européenne de lait de chèvre, la France est toujours en 2024 en tête des Vingt-sept États membres producteurs (690 millions de litres - Ml ; -3,2 % sur un an), rapporte l’Institut de l’élevage dans son dossier annuel « Caprins » dédié à la filière caprine. Mais comparé à ses voisins européens, l’Hexagone est à la croisée des chemins. Il est à la fois le premier pays collecteur de lait (503 ml) et le premier pays transformateur à la ferme (l’équivalent de 187 ml). Hormis l’Hexagone, seuls l’Espagne (environ 430 ml livrés en 2023) et les Pays Bas (424 ml livrés en 2023)* sont réellement ouverts aux échanges commerciaux.
Diminution des stocks
Dans les autres pays européens, leur filière caprine se distingue par leur propension à transformer une grande partie de la production laitière à la ferme. En Roumanie, 95 % des 232 ml disponibles ont ainsi été commercialisés sous cette forme en 2023*. En Grèce (349 ml), le ratio est de 54 % mais en Espagne, le taux de transformation n’est que de 8 % (l’équivalent de 47 ml) et il est nul aux Pays-Bas et en Belgique*. Toujours en 2023, moins de lait de chèvre a été produit en Union européenne. La baisse a atteint 4 % aux Pays-Bas et 2 % en Espagne. Seule la Roumanie a produit (+ 5 %) plus de lait, essentiellement transformé en fromages à la ferme. L’Espagne a souffert de la sécheresse qui a sévi sur l’ensemble de la péninsule ibérique et les Pays-Bas, de la perte d’une partie du marché chinois.
En 2024, la baisse de 6 % du prix du lait payé aux producteurs néerlandais (733 €/1 000 l), dorénavant inférieur de 20 % au prix espagnol, a pesé sur le marché français alors que la collecte de lait couvrait à peine la demande. En effet, le prix du lait (912 €/ 1 000 l) n’a progressé que de 1 % l’an passé. Par ailleurs, les stocks français de produits laitiers ont diminué de près de 31 % à l’an passé. Et la part des importations a fortement reculé de 2 millions équivalents litres de lait pour ne représenter que 9 % de l’approvisionnement des industriels.
Perspectives 2025
Cette année, la production européenne de lait de chèvre pourrait de nouveau décliner. Or en 2023, le cheptel caprin en Espagne s’était déjà replié de 10 % et en Grèce, de 7 %. En Espagne, la filière caprine est de plus en plus inféodée aux conditions climatiques imprévisibles et déficitaires en pluie. Aux Pays-Bas, la réglementation environnementale contraint les producteurs à réduire leur cheptel. Par ailleurs, la FCO-3 et la FCO-8 n’épargnent plus un seul élevage français et néerlandais. Enfin, le taux de mortalité augmente.
En France, retarder les réformes des chèvres âgées ne suffira pas cette année pour stabiliser les effectifs d’animaux, estime l’étude de l’Institut de l’élevage. Par ailleurs, la nouvelle contraction de la production laitière pourrait ne pas profiter aux éleveurs-livreurs en bénéficiant d’une augmentation du prix du lait, condition sine qua none pour voir leurs revenus se redresser. Ils seront toujours concurrencés par du lait néerlandais meilleur marché. Et les polyculteurs-éleveurs de céréales ou de bovins seront aussi très dépendants des marges qu’ils dégageront en dehors de leur atelier caprin. Mais les éleveurs-fromagers bénéficieront de la consommation dynamique de fromages de chèvres en revalorisant à leur échelle le prix de leurs produits.
Actuagri
* Pour les volumes, 2024 est l’année de référence en France, 2023 pour le reste de l’Union européenne.
Consommation française de fromages de chèvre
Les ménages français consomment 62 % de la production française de fromages de chèvre. La restauration hors domicile pèse 9 %. Le reste est exporté. Alors que la vente de fromages (51 200 tonnes) a crû de 1 % en volume l’an passé, la grande distribution commercialise davantage de fromages sous ses marques (+ 4,3 % sur un an) que sous marque nationale en repli de 2,5 %. Les volumes de fromages bio ont décroché de 12 %.