Aux quatre coins de la France,  des balades en triporteur à tout âge

«Bonne balade », sourient les passants. À Sainte-Foy-lès-Lyon, une commune située à quelques encablures de Lyon, les riverains connaissent très bien Patrick Jouannin et son convoi exceptionnel. Ce jeune retraité, ardent cycliste, s’investit pleinement dans l’association À vélo sans âge, créée initialement au Danemark en 2012 sous le nom de Cycling without age. Apparue en France il y a quelques années, la structure s’attelle à transporter en triporteurs à assistance électrique les personnes âgées qui ne peuvent plus marcher aussi loin qu’elles le souhaiteraient. En ce mercredi de septembre ensoleillé, c’est au tour de quatre pensionnaires d’un Ehpad de participer à la balade menée par trois pilotes bénévoles. 

« Sortir les résidents et créer du lien intergénérationnel »

Sagement assise sur la banquette, plaid sur les genoux et une ombrière la protégeant du soleil, Monique est prête pour partir. En neuf mois, il s’agit de sa quatrième balade avec l’association. Elle a même annulé la visite de ses nièces pour pouvoir y participer. Une fois la ceinture bouclée, Patrick enclenche la machine. Habitant de la commune, il en connaît les moindres recoins et anecdotes. « J’ai rédigé un livret que je distribue à tous les bénévoles, afin de leur donner quelques anecdotes quant à l’histoire et au passé de Sainte-Foy-lès-Lyon », explique-t-il, tout en invitant Monique à porter son regard sur le portail d’une propriété bourgeoise, laissant apparaître un jardin arboré et fleuri. « À l’époque, des industriels de l’automobile et de la soie résidaient ici et souhaitaient faire concurrence au parc de la Tête d’or en aménageant de nombreux parcs », raconte-t-il à Monique, fascinée par la taille des arbres et prête à reconnaître les tilleuls qui bordent les allées. Pour rendre cette balade d’une heure et demie la plus agréable possible, le conducteur choisit de passer par les nombreux parcs de la ville. Le premier arrêt se fait ainsi sur une place, célèbre pour sa vue surplombant Lyon et sa métropole. L’occasion, pour les Lyonnais et Lyonnaises d’origine, d’échanger quelques bribes de souvenirs. « Ce n’est pas pour rien que Sainte-Foy-lès-Lyon s’appelle le balcon vert de Lyon », sourit Patrick, avant de reprendre la route pour un second parc, où joueurs de pétanque et enfants se retrouvent sous un soleil de fin d’été. « Il arrive que les personnes transportées échangent des paroles ou un geste avec les enfants, raconte Patrick. Finalement, le vélo est un prétexte et un moyen de se déplacer plus facilement, puisque le plus important, c’est de sortir les résidents et de créer du lien intergénérationnel… On s’arrête pour provoquer une discussion lorsque l’on croise des personnes prêtes à échanger ou des enfants curieux. » 

Des sorties organisées du lundi au vendredi

Depuis sa création, l’association rassemble plus de 1 600 bénévoles, répartis au sein de 67 antennes dans toute la France. Celles de Lyon et ses environs sont particulièrement actives, tandis que des zones plus rurales, comme le département de la Corrèze, comptabilisent peu de structures. Avec une trentaine de pilotes bénévoles, l’antenne de Sainte-Foy-lès-Lyon est particulièrement active. « Excepté pendant les trois mois d’hiver, nous réalisons une balade par jour du lundi au vendredi, explique Patrick, les yeux rivés sur la route, puis sur Monique, toujours souriante et observatrice. Dès leur entrée dans l’association, les pilotes suivent une formation de deux heures afin d’apprendre à maîtriser les triporteurs et à adopter les bons gestes avec les passagers. « Tous nos vélos sont normés et disposent d’une marche arrière intégrée, seules deux entreprises les construisent en Europe. » Une expertise qui a un coût, puisque chaque triporteur coûte 14 000 €. L’antenne, constamment en recherche de financeurs et de bénévoles, souhaiterait désormais se doter d’un quatrième vélo adapté aux personnes en situation de handicap. 

Léa Rochon