Voyage au cœur de la flore des serres et des jardins d’Europe
La plus belle encyclopédie botanique du monde, publiée entre 1845 et 1880, est désormais accessible gratuitement en ligne sur Agate, la bibliothèque numérique patrimoniale de l’Inrae.
Passionné de plantes, Louis Van Houtte a créé, au milieu du XIXe siècle, une grande entreprise horticole à Gentbrugge-lez-Gand en Belgique, à laquelle il a accolé une école de renommée européenne. Son jardin, ses créations variétales, son commerce de plantes et de graines étaient incontournables pour les passionnés. En 1845, pour accompagner le développement de son entreprise horticole, il édite des catalogues très classiques. Rapidement, il crée, en parallèle, une revue extraordinaire : la Flore des serres et des jardins d’Europe. Cette revue, dont le premier tome est édité, en français et en anglais, en 1845, est une aventure esthétique, botanique et humaine. L’horticulteur, assez visionnaire pour l’époque, mobilise plus de 150 artisans, dessinateurs, graveurs, coloristes, pour donner vie à des planches exceptionnelles. Au démarrage, trois hommes se chargent de rédiger les articles de la revue : Charles Lemaire, Louis Van Houtte et Michael Scheidwieler. En 1876, année du décès de Louis Van Houtte, ce sont trente-trois hommes, belges, français, anglais et allemands, qui collaborent à la rédaction de la flore. Des milliers de lithographies, dont plus de deux mille mises en couleurs à la main et en pleine page, sont réalisées sur le site de l’exploitation horticole de Monsieur Van Houtte. Les lithographes bénéficient d’un atelier sur place. La revue y est également imprimée et envoyée à des milliers d’abonnés.
Un florilège de plantes d’exception
Une grande partie de la revue est consacrée aux fleurs cultivées sur le domaine horticole de Louis Van Houtte, à partir de graines envoyées du monde entier. Ces plantes (et leurs graines) étaient pour la plupart proposées à la vente. Quelques plantes exceptionnelles ont été décrites dans leur milieu naturel, avec des illustrations cherchant à rendre justice à la nature. C’est le cas de Victoria Regia, un nénuphar géant, pour lequel Van Houtte fit même construire une serre spéciale sur son domaine horticole. Mais l’ouvrage prodigue aussi de nombreux conseils de culture et ouvre ses colonnes aux horticulteurs professionnels ou amateurs. Elle reprend des articles parus dans les autres revues horticoles importantes du moment. Elle édite des comptes rendus de voyages botaniques, de concours horticoles et donne aussi des conseils en cuisine et conservation des aliments ainsi que de décoration florale. Les plantes aquatiques ne sont pas oubliées avec un long article illustré sur les plantes d’aquarium marin en 1858. Au total, entre 1845 et 1880, ce sont vingt-trois volumes qui seront publiés. Longtemps objet de collection, cette œuvre monumentale est désormais accessible à tous sur Agate, la bibliothèque numérique patrimoniale de l’Inrae, grâce à un partenariat entre la Villa Thuret – Inrae (Inrae Provence-Alpes-Côte d’Azur) et la Bibliothèque nationale de France (Gallica BnF).
Sophie Chatenethttps://agate.inrae.fr/ark:/12148/bpt6k64347049/f7.item#
Louis Van Houtte : le prince des fleurs
Louis Van Houtte, né à Ypres en Belgique en 1810 dans une famille très aisée, fait ses études à Paris à l’École supérieure de commerce. Il développe cependant une passion pour les plantes dès l’enfance. Très jeune, il a un espace à lui dans le jardin familial et, à Paris, il passe son temps libre au Jardin des Plantes. De retour d’une expédition au Brésil, il occupe brièvement le poste de directeur du jardin botanique de Bruxelles. Mais c’est à partir de sa démission de ce poste en 1839 qu’il va développer son grand chef-d’œuvre, un domaine horticole exceptionnel comprenant cinquante serres, plus de deux mille châssis, trente hectares de terrains cultivés, des centaines d’employés et une entreprise horticole très prospère.
L’ouvrage Flore des serres et des jardins d’Europe est désormais accessible gratuitement en ligne, sur Agate, la bibliothèque numérique patrimoniale de l’Inrae.