La pastille de Vichy, 200 ans de fraîcheur
Sa saveur mentholée, loin de laisser indifférent, aurait aussi des vertus digestives. Qu’on l’aime pour son goût ou ses propriétés, la pastille de Vichy régale petits et grands depuis 200 ans.
Cambrai à ses bêtises, Montélimar ses nougats, Aix-en-Provence ses calissons, Flavigny-sur-Ozerain ses anis… et Vichy, ses pastilles. Confiserie emblématique de la cité thermale, nichée au cœur de l’Auvergne, la pastille de Vichy a traversé les époques captant dans son sillage une clientèle de fidèles mais pas que… Le bonbon à la fragrance mentholée si particulière est né en 1825 des expériences du chimiste Jean-Pierre-Joseph d’Arcet. À l’époque, la pastille avait d’abord une indication thérapeutique. Connu aussi sous le diminutif de « Darcet », le chimiste a eu l’idée d’ajouter du sucre à des sels minéraux de l’eau thermale de vichy pour en faire un bonbon octogonal. Plus exactement, il utilisa le carbonate de soude puis, plus tard, du bicarbonate de soude (appelé aussi bicarbonate de sodium) présent naturellement dans les sources de Vichy. À cette époque, la pastille de Vichy est encore vendue comme médicament en pharmacie, et s’appelle pastille de Vichy ou encore pastille du bassin de Vichy.
Du goût de l’impératrice Eugénie
Les pastilles de Vichy étaient très appréciées par l’épouse de Napoléon III,
l’impératrice Eugénie, qui reconnut les pastilles de Vichy comme produit « original ». Très consommées alors par l’aristocratie française, probablement influencée par cet avis impérial, ce n’est pourtant que 58 ans plus tard, en 1914, qu’elles furent vendues librement comme une confiserie. Son essor doit beaucoup à la famille Moinet. La plus ancienne confiserie de Vichy, toujours en activité, est une affaire familiale qui fabrique la pastille de Vichy depuis 1852, soit sept générations !
En 1932, Moinet est devenu propriétaire de la source Roger située à Hauterive à 5 km de Vichy, d’où sont extraits à 70 mètres de profondeur les fameux sels minéraux. En 1955, cette production devient industrielle.
Une recette inchangée
La pastille, qui était alors découpée à l’emporte-pièce sur des tables dans une pâte molle puis séchée en étuve, avec pour conséquence une production réduite, est dorénavant comprimée à partir d’un granulé sec dans des comprimeuses rotatives automatiques. La production augmente alors de façon considérable. Aujourd’hui, les pastilles sont fabriquées par deux sociétés : la pastille de Vichy par le groupe Carambar & Co, appartenant majoritairement au fonds d’investissement Eurazeo ; et la pastille du bassin de Vichy® par Moinet. Depuis sa création, la formule de la célèbre pastille est restée relativement inchangée : on prélève de l’eau thermale des sources du bassin de Vichy, on la fait évaporer pour récupérer ses sels minéraux, et on les mélange à du sucre et un arôme naturel. Et c’est tout, aucun colorant n’est ajouté ! Chaque pastille de confiserie contiendrait à peu près 2,5 g de ces sels minéraux, aux propriétés digestives et toniques a priori bonnes pour la santé.
Sophie Chatenet
La plus ancienne confiserie de Vichy, appartenant à la famille Moinet, toujours en activité, fabrique la pastille depuis 1852, soit sept générations. ©Moinet
Pannacotta à la pastille de Vichy
Pour réaliser la recette, il vous faudra : 20 cl de crème liquide, 20 cl de lait, 40 g de pastilles de Vichy + 1 pour le décor, 1 g d’agar-agar (ou 2 feuilles de gélatine). Concasser les pastilles Vichy et les dissoudre dans le lait chaud sur feu doux. Incorporer la feuille de gélatine (ramollie dans de l’eau froide pendant 10 minutes et essorée entre les mains), mélanger et, enfin, ajouter la crème fraîche liquide. Verser cette préparation dans des petites verrines. Laisser refroidir et réserver au frais au moins 2 heures avant la dégustation. Vous pouvez accompagner cette douceur d’un coulis de framboises.
S.C.