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Exposition

Les 80 ans du droit de vote des femmes

Jusqu’au 28 mars 2026, les Archives du Département du Rhône et de la Métropole de Lyon, situées dans le 3e arrondissement de Lyon, présentent l’exposition intitulée Les femmes vont voter, octobre 1944-octobre 1945. Une année clé pour la démocratie française.

Les 80 ans du droit de vote des femmes
©IHTP, CNRS et Université Paris 8

Rendre visibles les femmes de la Libération dans leur diversité, telle est l’ambition de l’exposition Les femmes vont voter, octobre 1944-octobre 1945, visible aux Archives du Département du Rhône et de la Métropole de Lyon.Jusqu’au 28 mars 2026, les femmes « méritantes », « résistantes », « déchues par des accusations de collaboration », celles entrées en religion ou en politique, toutes sont mises en avant à travers des témoignages audiovisuels, des photographies, des tracts, des bulletins de vote et autres documents.
« Cette exposition a été empruntée par les Archives du Département du Rhône et de la Métropole de Lyon à l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP) et a été enrichie par des objets, des témoignages audio, des documentaires, des reportages et des documents d’archives », explique Noémie Bréchot, des Archives départementales et métropolitaines.

Les enjeux de la citoyenneté d’hier à aujourd’hui

Pour inviter les visiteurs à réfléchir aux enjeux de la citoyenneté d’hier comme d’aujourd’hui, il faut remonter quatre-vingts ans en arrière, lors des élections municipales puis législatives de 1945. Grâce à l’application de l’article 17 de l’ordonnance du 21 avril 1944, les femmes ont pu voter pour la première fois. 
« Le droit de vote des femmes est né de revendications qui ne datent pas de la Libération. Des documents attestent que des femmes le réclamaient déjà à l’époque de la Révolution française. D’autres pays dans le monde ont accordé le droit de vote aux femmes : la Nouvelle Zélande en 1893, l’Italie en 1946, la Grèce en 1952… », poursuit Noémie Bréchot.
Au fil du parcours, on découvre ces femmes qui se sont engagées comme résistantes dès 1940 et qui occupaient des fonctions genrées comme dactylo, agent de liaison, plutôt dans l’ombre des hommes, sauf quelques exceptions comme Marie-Madeleine Fourcade, qui a été chef de réseau. Peu reconnue et pourtant au rôle essentiel pendant cette période sombre de l’Histoire, l’exposition montre aussi, plus largement, la place de la femme dans la société. Sous le régime de Vichy, la femme est cantonnée à son rôle d’épouse, de mère et de ménagère. Des petits signes d’émancipation apparaissent cependant avec la possibilité de monter à bicyclette ou de fumer. La femme est celle qui s’occupe des affaires familiales et doit donc gérer le rationnement. D’anciens tracts donnent la preuve que plusieurs vagues de manifestations de ménagères ont eu lieu dès 1940 pour s’insurger contre les difficultés à nourrir leur famille. « On peut noter d’ailleurs que les gens ont faim à cette époque et que le droit de vote des femmes n’est pas leur première préoccupation », ajoute Noémie Brechot.

Des années pour se sentir légitime

Un peu plus loin dans l’exposition, une partie est consacrée aux modalités du droit de vote des femmes. La question centrale est comment inscrire près 
de dix millions de nouvelles électrices sur les listes électorales ?  
Les autorités s’appuieront sur le fichier de ravitaillement. Les femmes seront inscrites sur les listes avec leur nom de naissance. Autre question : que faire avec celles qui ont été jugées pour des faits de collaboration ? Celles condamnées pour délit d’indignité nationale ont perdu leurs droits civiques.
On voit aussi le rôle de la presse qui s’est exprimée en faveur des droits des femmes. Des couvertures et extraits de Marie France ou du Petit écho de la mode en attestent. Des articles sont même publiés pour « éduquer » les femmes à aller voter. À l’inverse, d’autres presses s’emparent du sujet pour diffuser des propos caricaturaux, sexistes et misogynes. Pendant plusieurs années, un certain nombre d’entre elles n’a pas été voter, ne se sentant pas légitime. En 1951, les trois-quarts des abstentionnistes aux élections sont des femmes.
L’exposition démontre par ailleurs le rôle qu’ont pu jouer le Parti communiste et la religion catholique dans cet accès au vote pour les femmes. Quatre isoloirs donnent diverses informations : les candidates aux premières élections, par exemple, en octobre 1945, pour la première fois, 33 femmes ont été élues à l’Assemblée nationale ; les premières femmes élues dans le Rhône ; l’abstention, etc. La visite peut se conclure devant le timeline pour visualiser les principales étapes de l’accès à ce droit fondamental qui a mis des années à être accordé à toutes.  

Emmanuelle Perrussel

Visites libres et gratuites du mardi au vendredi de 8 h 30 à 17 h et le jeudi jusqu’à 18 h (hors vacances scolaires) ou lors des ouvertures exceptionnelles : samedi 15 novembre, samedi 24 janvier et samedi 28 mars.
Visites guidées et gratuites organisées à la demande pour les groupes, en écrivant à [email protected]
Lieu : les Archives départementales et métropolitaines, 34 rue du général Mouton-Duvernet - 69003 Lyon. 
Site web : https ://archives.rhone.fr/

Rendez-vous

Des temps forts  à ne pas manquer

- Mercredi 3 décembre à 18 h : rendez-vous avec l'INA Il suffit d’écouter les femmes, 2025.
- Jeudi 11 décembre de 18 à 19 h 30 : conférence Une presse pour les femmes ? 
- Jeudi 22 janvier de 18 à 19 h 30 : conférence Six Lyonnaises en Révolution : des citoyennes en minorité ? 1793-1794.
- Samedi 24 janvier de 14 à 20 h : ouverture exceptionnelle lors des Nuits de la lecture
- Samedi 28 mars de 10 à 17 h : ouverture exceptionnelle pour la clôture de l'exposition.