A L'épi vert : céréaliers mais pas que !

L'envie de se mettre à son propre compte, c'est de là qu'est née l'EARL L'épi vert, spécialisée dans la culture de céréales, légumes et plantes aromatiques. L'aventure commence en janvier 1991. Pascal Alboussière rachète alors une exploitation agricole, implantée à Montmeyran. L'agriculteur était auparavant - pendant cinq ans - ouvrier agricole à Bourg-lès-Valence. Il ne s'agit pas d'une transmission familiale mais la réelle envie, et l'opportunité, de voler de ses propres ailes. Bref, un choix de vie mais qu'il n'allait pas partager seul. A ses côtés, Stéphane Blard, un ami de longue date. Leur exploitation comptabilise alors 78 hectares au total.
L'agriculture biologique, un respect de la terre
Dès le départ, Pascal Alboussière décide de pratiquer l'agriculture biologique. L'exploitation étant en mode conventionnel, il fallait ainsi convertir petit à petit les différentes parcelles. Il le fait tout d'abord sur environ 10 % des terres puis profitera du lancement d'une filière bio par la Drômoise de céréales à la fin des années 1990. « Avant, nous avions la possibilité d'avancer un peu. Mais ce n'est pas facile d'être en bio lorsque nous n'avons pas les infrastructures. Car il fallait s'équiper soi-même », précise Pascal Alboussière. Aujourd'hui, la totalité de l'exploitation - d'une surface de 200 hectares - est convertie.
Il faut dire que le bio ne lui était pas inconnu, son père maraîcher l'ayant déjà pratiqué. « C'est une qualité de vie. En plus, nous sommes beaucoup plus en phase avec la nature. Nous apportons du compost, faisons des engrais verts. Il n'y a pas de désherbage chimique ou encore d'insecticides dans le sol. Il s'agit de respecter la terre et cela nous amène à produire de façon correcte et pérenne », souligne Pascal Alboussière. Même écho du côté de Stéphane Blard. « Pascal n'a pas trop bataillé pour me convaincre au bio. En plus, cela m'a rapproché de la terre », confie-t-il.
Diversifier ses cultures
Choisir l'agriculture biologique a été un défi. Surtout lorsque les rendements sont moins élevés et que davantage de surveillance est demandée. Mais le challenge a toutefois réussi. Le travail de L'épi vert a d'ailleurs été distingué lors du salon Tech&Bio organisé en 2013. L'exploitation faisait en effet partie des « talents » de cette édition. Une reconnaissance du travail effectué. Le jury a notamment noté la présence de cultures diversifiées et la mixité intra-parcellaire, les rotations rallongées grâce aux légumes plein champ et le système d'irrigation localisé sur un tiers des parcelles grâce à un forage individuel. Il a également apprécié les atouts économiques, soulignant notamment la culture d'aïl de semence, ainsi que les atouts socio-territoriaux. Car Pascal Alboussière accueille fréquemment des visiteurs sur son exploitation. Il est aussi impliqué dans une coopérative.
Pour autant, les exploitants ne se reposent point sur ces lauriers. Ils restent en effet attentifs au marché et vigilants sur les gestes du quotidien, afin d'être toujours dans une phase d'optimisation. Aujourd'hui, 70 % du chiffre d'affaires est généré par les grandes cultures (blé, orge, maïs, soja, luzerne et tournesol), 25 % par les légumes plein champ. Si les céréales sont vendues à la coopérative, les melons sont quant à eux vendus auprès de grossistes ou encore dans des magasins de producteurs. La vente directe est aussi envisagée. « Je suis sûr que les gens se déplaceraient à la ferme pour des melons », note Pascal Alboussière.
La diversification des cultures est également un axe de développement. Durant les cinq premières années, les cultures spécialisées ont d'ailleurs été nécessaires pour générer des revenus, la conjoncture étant défavorable. Une piste qui reste d'actualité. L'exploitation n'hésite d'ailleurs point à innover. Pendant trois ans, elle a ainsi cultivé du lin, afin de répondre à la demande de certains professionnels. Et d'autres réflexions sont en cours...
A.T.
Repères
Création de l'EARL L'épi vert en 1991.
Associés : Pascal Alboussière et Stéphane Blard.
En bio depuis 2000, conversion dès 1995.
Surface totale de l'exploitation : 200 ha.
Grandes cultures : 160 ha.
Cultures légumières : 8 ha.
Plantes à parfum : 4 ha
17 ha mis à disposition de l'EARL Mont Bio (cultures légumières).
Sur le parcours du salon Tech&Bio
Les terres de l'EARL L'épi vert faisaient partie des visites du salon Tech&Bio programmées ce mercredi 23 septembre. Il s'agissait de découvrir une exploitation de grandes cultures issues de l'agriculture biologique, qui fait aussi de la culture légumière. Les visiteurs n'ont point parcouru les parcelles de L'épi vert mais celles de l'Earl Mont Bio, gérées notamment par Bruno Jurrus. Ce dernier a travaillé sur les terres de Pascal Alboussière. A 48 ans, après 18 ans de bons et loyaux services, lui aussi a décidé de monter sa propre affaire, d'évoluer dans ses pratiques, en s'investissant notamment davantage dans les cultures légumières. Mais les convictions quant à l'agriculture biologique sont identiques. « Mon père travaillait d'ailleurs lui-aussi dans le bio. C'est une continuité. Et puis, c'est bon pour la santé. On évite de manger des pesticides et on respecte ainsi la nature humaine ainsi que l'environnement », précise-t-il.Pour mener son projet à bien, en mars 2012, il s'est ainsi associé à son ancien patron. Ce dernier, Pascal Alboussière donc, précise à ce sujet : « Je préfère parler de partenariat. C'est lui qui gère. Pour ma part, je lui prête des parcelles ainsi que du matériel agricole ». Une aide pour le démarrage de l'activité de Bruno Jurrus, en quelque sorte. Depuis trois ans, il produit ainsi du soja, des tomates, fraises, asperges et courgettes sur une surface de 17 hectares. Ce sont ces dernières qui ont requis l'attention des visiteurs. Les plantations des fraises présentes sous les serres ont fait aussi l'objet de commentaires. « Je leur ai expliqué comment on travaille en agriculture biologique. C'est particulier, tant sur la partie manuelle que mécanique. Sous les serres par exemple, nous travaillons avec des coccinelles pour éviter les pucerons. » L'exploitant a également abordé les débouchés ainsi que le commerce de ses produits. Ceux-ci sont distribués dans les magasins demi-gros ou au détail. Bruno Jurrus a également testé le circuit court il y a plusieurs mois en mettant en place un distributeur à légumes. Installé sur une route des environs, ce dispositif permettait aux consommateurs de se servir directement.