A Tech&Bio, l'agriculture déborde d'innovations

A l'heure de la transition agroécologique, Tech&Bio est plus que jamais dans l'air du temps. Pour sa septième édition, le salon professionnel des techniques bio et alternatives a connu une hausse de sa fréquentation. Les 18 et 19 septembre, selon les organisateurs, plus de 20 000 visiteurs ont foulé les quinze hectares du lycée agricole Le Valentin, à Bourg-lès-Valence. Un public large mêlant agriculteurs bio et conventionnels, experts, techniciens et chercheurs de l'amont à l'aval mais aussi élèves et étudiants ainsi que les représentants de vingt délégations étrangères. Sans oublier des politiques de premier plan, Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, et Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
« La réalité de l'agriculture »
Organisé par le réseau des chambres d'agriculture, « Tech&Bio répond au besoin d'innovation, de solutions, de recherche pour les agriculteurs, quels qu'ils soient », a souligné lors de l'inauguration Philippe Noyau, membre du bureau de l'APCA. Un avis repris par Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme, ajoutant que « ce salon montre la réalité de l'agriculture, à l'opposé d'une fausse image trop souvent véhiculée. » Pour la présidente du Département de la Drôme, Marie-Pierre Mouton, Tech&Bio est « un rendez-vous incontournable pour préparer l'agriculture de demain et favoriser le dialogue entre agriculteurs bio et conventionnels ».
Sur les dix-huit pôles thématiques et dans les allées du village des exposants, le spectre des innovations était large autour du machinisme, des équipements, des services, de l'agronomie, des nouvelles technologies... (voir pages 6 à 8). A Tech&Bio le 18 septembre, le président de l'Institut national de recherche agronomique (Inra), Philippe Mauguin, a d'ailleurs annoncé un méta-programme de recherche « pour explorer les conditions du développement à grande échelle du bio ».
Travailler davantage avec la nature
L'enjeu de la biodiversité, fil vert de ce Tech&Bio, a été débattu lors d'une table ronde le 18 septembre. Jacques Dumez, directeur régional de l'Agence française pour la biodiversité, a mis l'accent sur l'agroécologie « pour retrouver un lien entre agriculture et biodiversité ». Pascal Ferey, vice-président de l'APCA, a mis en avant la recherche et estimé nécessaire de « remettre de la pluridisciplinarité agricole dans les territoires » et de « contenir l'artificialisation des sols ». Pour favoriser la biodiversité, il lui semble indispensable « d'avoir une vision européenne ». Expliquant que « l'agriculture n'est pas la seule responsable dans la dégradation de la biodiversité », Nicolas Chantepy, directeur adjoint de l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse, a plaidé pour « un changement général dans nos modes sociétaux ». Et d'ajouter : « Il faut réapprendre à travailler avec la nature, agir sur les habitats en restaurant, par exemple, des milieux aquatiques... »
Défendre la biodiversité, c'est défendre les agriculteurs
Pour Jean-Pierre Taite, vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, favoriser la biodiversité passe avant tout par « une volonté politique de soutien à l'agriculture », citant l'exemple du plan bio mis en œuvre par le conseil régional. Un point de vue confirmé par Patricia Brunel-Maillet, vice-présidente conseil départemental de la Drôme. « Le Département a choisi de placer la biodiversité au cœur de l'ensemble de ses politiques », a-t-elle expliqué. Elle a parlé des 31 espaces naturels sensibles que gère la collectivité, de l'opération « la bio dans les cantines », de la fin de l'utilisation des pesticides le long des 3 400 km de routes du département ainsi que du soutien apporté à la plateforme des techniques alternatives et bio (Tab). Enfin, évoquant le plan biodiversité national, « le débat ne doit pas être confisqué par une minorité, a considéré le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh. Les agriculteurs sont les premières victimes de l'artificialisation des sols. La défense de la biodiversité, c'est la défense des agriculteurs. »
Christophe Ledoux
ZNT /
Un préfet qui dit les choses

Par ailleurs, Hugues Moutouh a évoqué les défis à relever pour l'agriculture, « ceux de la transition, du dialogue et de l'innovation ». Et d'ajouter, sans nier le poids des crises et des tensions qui la traverse : « L'agriculture est une "start'up" qui évolue en permanence ».
C. L.