Abricot des Baronnies, fruit d’une passion

Votre exploitation agricole porte un joli nom, c'est comme une déclaration.
Yohan Truphémus : « En effet, depuis 2011, je travaille aux côtés de mes parents dans cette EARL que nous avons appelée "Les fruits d'une passion". Sur une surface totale de seize hectares, nous en cultivons deux d'oliviers, deux de pêchers, un de pommiers, un de poiriers, ainsi que dix d'abricotiers dont un tiers est protégé de la grêle par des filets. »
Et contre le gel, de quel équipement disposez-vous ?
Y. T. : « Plus que les autres fruits, les abricots craignent le gel que nous tentons de limiter à 0° ou - 1 °C en utilisant des chaufferettes, à raison de 400 à l'hectare et d'une durée de fonctionnement de 6 à 8 heures. Les coûts en termes d'achat et de main-d'œuvre sont conséquents et non éligibles à des subventions. Pourtant, c'est le système le plus efficace sur nos terrains accidentés des Baronnies. Cela m'a permis de limiter à 25 % les pertes dues au gel, qui a frappé la moitié de la zone plantée en abricotiers cette année. La protection des autres arbres fruitiers est assurée par aspersion d'eau. »
Quel tonnage récoltez-vous lors d'une bonne année ?
Y. T. : « Nos 10 ha d'abricotiers ont donné jusqu'à près de 250 tonnes de fruits. Cette année, nous en avons cueilli à peine plus de 180 tonnes. »
Quels sont les atouts de l'abricot des Baronnies ?
Y. T. : « Le terroir, les amplitudes thermiques jour-nuit et l'emplacement des vergers à une altitude moyenne de 400 mètres favorisent une coloration flatteuse du fruit, avec ce rouge-orangé typique, la concentration en sucre et une saveur agréable. Grâce à ce potentiel, notre syndicat de producteurs a pu mener à terme le dossier de demande d'indication géographique protégée (IGP), espérée d'ici trois ans. »
Comment écoulez-vous votre récolte ?
Y. T. : « Nous commercialisons essentiellement nos fruits en vente directe au domaine et sur les marchés d'intérêt national de Cavaillon ainsi que de Châteaurenard. Nous avons également un bureau de vente en Bretagne, qui ventile vers des grandes surfaces. Et 40 % de notre récolte est distribuée dans les magasins Grand Frais, spécialisés dans les produits frais et de saison. Nous avons été privés du marché à l'export cette année, essentiellement l'Allemagne, du fait des gros arrivages de fruits en provenance d'Italie et d'Espagne. »
Qu'en est-il des traitements dans les vergers ?
Y. T. : « Depuis quelques années, plusieurs producteurs expérimentent le "zéro résidu de pesticides", une démarche qui n'a pas été suffisamment valorisée sur le marché de l'abricot. C'est pourtant une avancée intéressante pour le consommateur mais coûteuse pour l'arboriculteur qui peut seulement utiliser des produits naturels, ceux de synthèse étant proscrits. On utilise de la glu pour piéger certains parasites et l'on place des nichoirs pour accueillir insectes, oiseaux et autres auxiliaires ou aidants des cultures. »
Comment voyez-vous l'avenir ?
Y. T. : « Le fruit est ma passion ! La démarche d'IGP abricot des Baronnies et l'introduction de nouvelles variétés plus résistantes et goûteuses me permettent de garder espoir en ce métier. »
J-M. P.
Les saveurs des Baronnies provençales au Sénat
Le Sénat avait le goût et les saveurs des Baronnies provençales, mardi 22 octobre. Marie-Pierre Monier, sénatrice de la Drôme, et Claude Aurias, président du parc naturel régional des Baronnies, ont organisé une dégustation de produits.Plusieurs producteurs ont présenté toute la richesse de leur terroir des Baronnies : l’olive de Nyons, le petit épeautre de Haute Provence, l’abricot des Baronnies, le Picodon, les plantes aromatiques et, bien sûr, les vins (IGP Coteaux des Baronnies, Côtes-du-Rhône villages Nyons et cru Vinsobres). Ce moment convivial a aussi été l’occasion, pour la confrérie des chevaliers de l’olivier, d’introniser les sénateurs Daniel Laurent (président du groupe d’études vigne et vin) et Claude Bérit-Débat (président de la section cultures traditionnelles et spécialisées du groupe d’études agriculture et alimentation).