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Arboriculture

Abricot des Baronnies : vite, l’IGP

En assemblée générale, les producteurs d’abricots des Baronnies ont échangé sur la récolte 2019. Le faible tonnage a souffert de mévente et de la concurrence espagnole mais surtout italienne désormais. Plus que jamais d’actualité, le dossier IGP rassemble les espoirs.
Abricot des Baronnies : vite, l’IGP

«Pour contrer la concurrence étrangère, il nous faut vite une identité forte, l'IGP ». C'est avec ces mots que Franck Bec, président, a ouvert le 12 février l'assemblée générale du syndicat de l'abricot des Baronnies. Une quarantaine de producteurs, dont de nombreux jeunes, se sont retrouvés à Saint-Sauveur-Gouvernet. La récolte de l'an dernier se caractérise par un faible volume (60 % de celui de 2018 déjà fortement impactée par le gel), soit 8 000 à 10 000 tonnes sur les 15 000 cueillies habituellement (10 % de la production française). Malgré une remarquable floraison, les gels de printemps, très localisés, ont décimé la moitié des fruits. La récolte européenne, estimée à 632 000 tonnes, a engorgé prématurément le marché et provoqué une chute des prix ne pouvant compenser des coûts de revient plus élevés dus, entre autres, au relief accidenté sur le territoire des Baronnies. « Malgré ce contexte, l'abricot des Baronnies a été d'excellente qualité, bien chargé en sucre et de belle coloration, offrant un visuel attractif et un gustatif flatteur et incitatif », a indiqué Franck Bec. Depuis trois ans, au lieu des 75 % habituels, seuls 30 % de la production sont écoulés à l'export (vers l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique ou les Pays-Bas). Un constat inquiétant. Avec plus de 250 000 tonnes, l'Italie est devenue le premier producteur européen. Le reste de la production d'abricots des Baronnies a été vendu localement ou à travers le réseau des circuits courts.

Le dossier IGP avance

Avec le soutien de la chambre d'agriculture de la Drôme et du parc naturel régional des Baronnies provençales, le syndicat de valorisation de l'abricot des Baronnies suit le dossier de reconnaissance en indication géographique protégée (IGP). « Le dossier a déjà fait l'objet de plusieurs allers-retours avec l'Inao, augurant une réelle finalisation avec un prochain passage devant la commission nationale avant l'ultime et décisive étape devant l'assemblée européenne », a indiqué Benoît Chauvin-Buthaud, conseiller à la chambre d'agriculture. « Plus que jamais, le temps va nous sembler long et, en attendant, nous risquons d'y laisser des plumes », a ajouté, inquiet, Franck Bec.
Le dossier comprend un zonage regroupant 81 communes des cantons de Buis-les-Baronnies, Séderon, Rémuzat, Nyons ainsi que quelques-unes limitrophes du Vaucluse et des Hautes-Alpes. Le descriptif des douze variétés sélectionnées met en avant leur adaptation au terroir et au climat favorisant une qualité visuelle (une coloration variant de l'orange au rouge) et gustative (une concentration en sucre et en arômes) qui lui est propre. Des vergers comptant mille arbres à l'hectare, soit un rendement de 25 tonnes de fruits, est un objectif favorable à une production de qualité.

Privilégier le goût

Le sélection des variétés les plus gustatives est prioritaire sur celles plus précoces ou tardives car les arômes sont déterminants dans le choix du consommateur. « Il faut que l'abricot ait du goût, c'est le principal enjeu pour pousser à un nouvel achat », a ajouté Benoît Chauvin-Buthaud. Chaque ménage français en consomme 2,2 kg par an. L'abricot est le deuxième fruit consommé l'été et le troisième produits en France, juste derrière la pomme et la pêche-nectarine. Une performance pour un fruit qui n'est disponible que quatre mois par an.

Des inquiétudes

Le départ inattendu du directeur du parc naturel régional (PNR) des Baronnies, et celui annoncé de Clémentine Dufour, chargée de projet valorisation des productions, ont soulevé en fin de réunion des questions reflétant l'inquiétude des producteurs, ceux-ci redoutant de perdre un soutien appréciable et déterminant. Chrystelle Ruysschaert, présidente de la commission valorisation des produits au PNR, s'est voulue rassurante, précisant s'être « engagée à assurer pleinement cette mission » qui lui tient à cœur.
Par ailleurs, lors d'interventions techniques, Benoît Chauvin-Buthaud a évoqué l'utilisation du drone qui, avec une précision de quelques centimètres, analyse l'état foliaire des arbres, leurs carences, leurs pathologies et détermine les doses justes de traitement à apporter, ce qui permet à l'arboriculteur de réaliser des économies de plus de 30 %. Et Alexandre Boidron, ingénieur chargé de mission et conseiller formateur au Centre de développement de l'agroécologie, a présenté les grandes lignes de l'agriculture de demain. 

J-M. Pereira