Abricot : le comportement des principales variétés

Les dernières estimations de production de début août faites par Agreste faisaient état d'une production nationale de 157 000 tonnes, soit 5 % de plus que la moyenne des cinq dernières années. Rhône-Alpes pointe toujours à la première place avec un peu plus de 88 000 tonnes. Une production nationale élevée après une année 2016 fortement déficitaire mais tout de même loin du plein potentiel (180 000 tonnes) que l'on avait connu en 2014.
Au niveau européen, même constat, avec une production annoncée en début de saison de 572 000 tonnes, en hausse de 10 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
Mais la saison 2017 restera marquée par des niveaux de prix particulièrement bas. Seules les variétés tardives auront bénéficié de cours que l'on peut qualifier de simplement « moyens » et proches de 2014. Une avance de maturité importante, avec beaucoup de marchandise en juin, une production espagnole de plus en plus présente sur les mois de mai et juin, associées à une météo et une demande pas au rendez-vous dans le nord de l'Europe peuvent être des éléments d'explication. Des raisons conjoncturelles, donc, mais également structurelles dont il faudra tenir compte désormais.
Conditions climatiques et conséquences
L'hiver 2016-2017 s'est caractérisé par un cumul d'heures de froid suffisamment élevé pour permettre une bonne qualité de bourgeons (1 300 h < 7,2 °C au 14 janvier à Etoile) sur toutes les variétés. Les températures plus froides fin janvier ont permis un démarrage de végétation beaucoup moins précoce qu'en 2016 mais les températures supérieures à la normale en février et mars ont entraîné une floraison assez précoce. Le temps sur la floraison a été plutôt propice à une bonne pollinisation. Les pluies faibles de début mars, accompagnées de températures plus fraîches, n'ont pas entraîné de gros problèmes de monilia sur fleurs.
La poursuite d'un temps doux a permis par la suite un grossissement rapide des fruits. Les taux de nouaison ont donc été bons, exceptés pour quelques variétés à floraison précoce. Dans tous les cas, en vergers bien pollinisés, les niveaux de charge ont été suffisants. Pour les variétés ayant eu une floraison importante, les besoins en éclaircissage ont donc été assez élevés en 2017. Le temps chaud en fin de printemps et durant tout l'été a donné une avance de maturité jamais vue, avec une récolte de Bergeron au 28 juin à Etoile. Peu de problèmes sanitaire et d'épiderme cette année, excepté fin mai (suite aux pluies du début du mois). L'année 2017 sera également marquée par une pression bactériose plus importante que les trois ou quatre dernières années.
Créneau très précoce
Peu d'évolution sur le créneau très précoce malgré la sortie de nombreuses variétés. Aucune ne présente des garanties de rusticité suffisante pour notre région. Colorado cov (24 mai) reste la variété avec le meilleur potentiel et un fruit correspondant au marché. L'autostérilité et une floraison précoce sont ses principaux inconvénients. Luca cov (22 mai) et Rambo cov (22 mai) peuvent être de bons pollinisateurs.
La variété Maya Cot cov (22 mai) a présenté un calibre moyen (A-B) en troisième année. Pricia cov* (22 mai) a été pénalisée par une nouaison importante et un calibre moyen également. Un pré-éclaircissage à la fleur apparaît impératif. Le fruit présente un épiderme rustique avec une acidité élevée si la cueillette est anticipée. L'arbre a confirmé sa sensibilité élevée à la bactériose.
Tsunami (26 mai) reste une variété au fruit de qualité mais qui a beaucoup souffert des pluies en 2017. La variété d'abricots rouges Totem cov (27 mai) a confirmé ses bonnes présentation et qualité de fruit pour l'époque, avec un calibre et une tenue moyens. Ces deux variétés peuvent convenir pour du circuit court.
Malgré une très bonne qualité de fruit, Feria Cot cov (29 mai) a connu beaucoup de problèmes de cracking, avec les pluies de 2017.
La variété Monabri cov** (31 mai) présente un très bon potentiel à cette époque. Le fruit est très coloré et de bonne qualité. La tenue est moyenne et le calibre ne devra pas dépasser le 2A-3A afin d'éviter les problèmes de cracking. La sensibilité à la bactériose est élevée, comme certainement beaucoup de variétés à épiderme rouge.
Créneau précoce
Sur le créneau précoce, grâce à leur autofertilité, Aramis® Sefora cov (2 juin) et Flopria cov (6 juin) ressortent en termes de régularité de production. Pour cette dernière, la maîtrise de l'éclaircissage (dès la fleur) est la clé de son comportement (coût de production, calibre, qualité). Sefora cov a une conduite plus facile mais un fruit plus fragile en cas de pluie.
A la même époque, Samouraï cov (2 juin), avec sa floraison précoce et son autostérilité paraît moins régulière. Son intérêt réside dans son arbre vigoureux et peu sensible à la bactériose.
Holly Cot cov (2 juin) peut se définir comme une variété à fort potentiel (autostérile) et un fruit plus rustique que Magic Cot cov. La qualité du fruit et la présentation sont moyennes (coloré mais peu lumineux). Deux variétés à épiderme rouge paraissent intéressantes sur ce créneau. Fuego (2 juin) présente un fruit attractif et de qualité, avec une bonne tenue. SF 09078 cov (5 juin) a un fruit un peu moins lumineux mais une floraison plus tardive.
Quelques jours plus tard, Mediabel cov* (7 juin) présente une rusticité de production intéressante. Le fruit est attractif et de bonne qualité si la cueillette n'est pas anticipée. L'épiderme est de type Orangered®. La variété Aprirêve*** (10 juin) est également très rustique, avec un fruit de bonne qualité mais sa tenue et son déverdissement sont insuffisants. A réserver pour un circuit court. Parmi les variétés autostériles, Perle Cot cov (8 juin) reste la plus régulière, avec un fort potentiel, un fruit attractif et de qualité. Seul l'épiderme peut poser problème en cas de pluie.
Avec une bonne pollinisation Orangered® (12 juin) a connu un bon niveau de production. Sa côte commerciale (présentation, qualité de fruit), son arbre résistant à la sharka et peu sensible à la bactériose restent des atouts non négligeables. La variété SF 9930 cov (11 juin) est l'une des plus rustiques sur ce créneau mais sa forte fertilité oblige à un éclaircissage précoce et sévère. Décevante dans les conditions de 2017.
La variété Lido cov (12 juin) avait confirmé sa rusticité de production en 2016, en conditions très difficiles grâce à son autofertilité et sa floraison tardive. Le fruit est coloré, de bonnes tenue et qualité, avec un épiderme rustique. Un pré-éclaircissage modéré à la fleur a donné de bons résultats en 2017 (calibre 3A). Sur le même créneau, la variété Koolgat cov (12 juin) confirme également son intérêt. Le potentiel de charge et de calibre est élevé, avec peu d'éclaircissage. Le fruit est lumineux et de bonne qualité. L'épiderme peut poser problèmes en cas de mauvais temps sur la récolte. Présentant des dégarnissements les premières années, l'arbre nécessitera des tailles en vert pour pallier ce problème.
Plusieurs variétés à épiderme rouge sont en début d'observation sur ce créneau. Rubilis cov**** (12 juin) présente l'intérêt d'être autofertile avec une floraison peu précoce, ce qui devrait lui garantir une régularité de production intéressante. Le fruit est très coloré : le stade de cueillette déterminera la qualité du fruit et devra être travaillé. Rubissia cov**** (13 juin) est assez proche, avec une qualité de fruit sans doute supérieure mais une sensibilité plus importante du fruit à la fente. Cirano cov (14 juin) a confirmé les premiers résultats de 2016 : bonne production, bon calibre (2A-3A), belle présentation et bonne qualité, avec un arbre facile à conduire. La floraison est précoce ; à polliniser (Fuego, Cheyenne...). Confirmation également pour Cheyenne cov (14 juin), en particulier concernant sa très bonne qualité de fruit. Le calibre est de 2A-A, avec une bonne tenue de fruit. A polliniser (Fuego, Cirano...). Trois variétés de type rouge et autofertiles sont également sur ce créneau. Iziagat cov (16 juin) a une très bonne qualité de fruit pouvant convenir au circuit court. Le calibre et la tenue étant moyens. Bolero cov (16 juin) est également de bonne qualité, avec une bonne tenue et un calibre 2A sur arbres jeunes, alors que Rouge Cot cov (16 juin) présente aussi toutes ces qualités avec une floraison tardive. Quelques jours plus tard, la variété Jengat cov (20 juin), qui n'est pas autofertile, a un fruit d'excellente qualité mais une tenue et un calibre moyens, la réservant à un circuit court. Toutes ces variétés seront à revoir.
Créneau des variétés de saison
Sur le créneau des variétés de saison, Bergeval® (16 juin) a confirmé sa régularité de comportement. La sensibilité de l'épiderme reste problématique en cas de pluie ou de sur-calibrage. On évitera tout excès de fertilisation ou d'irrigation à l'approche de la récolte, en restant sur un calibre 2A-3A-A. Tout comme des stockages à des températures trop basses.
La variété Delice Cot cov (19 juin) se confirme comme étant une bonne variété sur ce créneau, avec une très bonne qualité de fruit et un potentiel intéressant. Le fruit rond-oblong est de bonne tenue, avec une sur-impression rouge sur un fond jaune.
A l'époque de Kioto cov (22 juin), la variété Titi cot cov présente beaucoup d'atouts : potentiel de charge/calibre élevé, fruit coloré et lumineux, de bonne tenue et qualité. Sa floraison très précoce et son autostérilité peuvent toutefois être problématiques dans notre région (comme en 2016).
A l'époque de Bergarouge® (24 juin), la variété Digat cov (25 juin) rassemble de nombreux atouts avec un bon potentiel, un fruit attractif et de qualité. Sa sensibilité à la bactériose est proche de celle de Bergeron. Un greffage haut ou intermédiaire est donc conseillé. Lady Cot cov (25 juin) a sans doute le plus fort potentiel de production et de calibre sur ce créneau. Le fruit est attractif, ferme et d'assez bonne qualité (ne pas anticiper la cueillette), avec une maturité groupée. La sensibilité de l'épiderme au cracking reste modérée en verger chargé. La charge devra être maîtrisée pour ne pas pénaliser le retour à fleur et la charge l'année suivante.
Toujours sur ce même créneau, la variété Mediva cov* (23 juin) a un potentiel légèrement moindre mais se démarque pour sa qualité de fruit. Apridélice cov*** (24 juin) a un gros potentiel agronomique, un fruit coloré sur les premières cueilles et de bonne qualité. La sensibilité aux maladies de conservation des fruits est le point faible de la variété. Kalao cov (23 juin) est sans doute la variété la plus rustique (production et épiderme), avec un fruit de qualité et une coloration orangé sans blush. Quant à Aprinew cov*** (26 juin), elle présente un fruit orangé lumineux et de bonne qualité mais le potentiel de calibre est limité pour cette époque.
Quelques jours après Bergeron (28 juin), Aramis® Anegat cov (3 juillet) présente un fruit attractif, de très bonne tenue et de bonne qualité. L'épiderme peut être fragile en cas de pluie ou de sur-calibrage. Le potentiel de charge et de calibre est élevé en l'absence de bactériose. On veillera à prendre toutes les dispositions. Un greffage haut (minimum 60 cm) est à conseiller en situations pré-disposantes. La variété est résistante à la sharka.
A l'époque de Faralia cov (6 juillet), Swired cov (5 juillet) a confirmé sa bonne productivité avec un fruit de bon calibre (3A-2A), coloré, de très bonne tenue et de bonne qualité. L'arbre est facile à conduire ; il présente une floraison précoce, localisée sur bouquets de mai.
Playa Cot cov (6 juillet) se distingue par un fruit plus lumineux, d'assez bonne qualité également (plus acidulé) et une floraison tardive. Le potentiel de calibre est inférieur à Swired cov avec un arbre produisant davantage sur bois d'un an. Sur le même créneau, la variété Mistral cov (6 juillet) a déçu en présentant une sensibilité à la fente pistillaire. Quelques jours plus tard, Oscar cov (9 juillet) se caractérise par un fruit de très bonne qualité. La floraison est tardive et importante, garantissant une production régulière, mais avec un éclaircissage important, à réaliser tôt. L'arbre a une vigueur moyenne et la plantation doit être densifiée.
Deux semaines après Bergeron, Farely cov* (14 juillet) présente toujours les meilleurs atouts, tant au niveau de l'arbre (vigoureux, facile à conduire, tolérant à la bactériose) que du fruit (tenue, qualité, rusticité de l'épiderme) mais nécessite une bonne pollinisation. Swigold cov (13 juillet) a eu un bon comportement en 2017. Le potentiel agronomique est bon (floraison précoce) et le fruit, de type orangé, est d'assez bonne qualité. Une sensibilité à la chute est notée certaines années. La variété Milord cov (14 juillet) apporte sa facilité de production avec un fruit coloré, de bons calibre, tenue et qualité. La sensibilité du fruit à la fente est supérieure à Farely cov.
Créneau des variétés tardives
Farbaly cov* (20 juillet) est une référence en termes de régularité de comportement, sur le créneau des variétés tardives. Son potentiel de production et de calibre est élevé (avec de la vigueur et une taille adaptée). Le fruit est attractif et peu sensible à la pluie. Sa qualité dépendra essentiellement de sa jutosité (état végétatif de l'arbre et maîtrise de la charge), qui est souvent moyenne, et du bon stade de cueillette. Farbela cov* (19 juillet) a confirmé son potentiel de production. Le fruit, de type orangé lumineux, a une très bonne tenue et la cueillette ne doit pas être anticipée pour une bonne qualité de fruit. Moyen jusqu'à présent, le calibre a été bon en 2017 (2A-3A). L'arbre est de bonne vigueur, avec une floraison tardive.
Les variétés Bergecot (17 juillet) et Boucheran® (28 juillet) ont connu un comportement de type Bergeron, avec une bonne production et un fruit de coloration moyenne. La variété SF 06108 cov (20 juillet) se caractérise par une grande rusticité de production et un très bon comportement du fruit à la pluie. La qualité de celui-ci est bonne (douce) ainsi que la tenue. Le potentiel de calibre sera toutefois limité (2A-A). Sur le même créneau, Aramis® Congat cov (23 juillet) présente un fruit de bonne qualité, coloré mais avec une couleur de fond peu lumineuse et une tenue moyenne sur gros calibres. L'arbre est vigoureux et résistant à la sharka.
Peu de renouvellement entre Farbaly cov et Farlis cov. Les variétés Farhial cov* et Farfia cov* (28 juillet) peuvent convenir pour des circuits courts avec leur bonne qualité de fruit. Leur présentation est insuffisante (fond jaune-vert, boisage) dans nos conditions de plaine. La première présente, en outre, une sensibilité à la fente au point pistillaire et à la pourriture.
Fin de saison
En fin de saison, la variété Farlis cov* (11 août) se démarque depuis plusieurs années, avec un fruit bicolore (rouge-rosé sur un fond orangé clair), une bonne tenue et une qualité de fruit intéressante pour l'époque. La mise à fruit est rapide et régulière, et l'arbre devra être bien éclairci les premières années. Un pré-éclaircissage à la fleur est intéressant et facile à faire. Mais on veillera à avoir une charge suffisante pour rester sur un calibre 2A et éviter une trop grande sensibilité du fruit à l'éclatement. A la même époque, Fardao cov* (9 août) présente un fruit moins blushé mais d'un bel orangé. Le potentiel de calibre est moyen mais la qualité du fruit est bonne et la sensibilité à l'éclatement faible. Farclo cov* (15 août) reste la variété la plus tardive actuellement. Les conditions climatiques de 2017 ont permis une cueillette dans de très bonnes conditions de maturité, ce qui n'est pas toujours le cas.
Ce créneau tardif est très important pour Rhône-Alpes, même si d'autres régions ou pays comme l'Italie seront désormais de plus en plus présents. Des variétés arrivant à maturité juste après Bergeron ont donc confirmé leur intérêt. Néanmoins, le renouvellement reste lent sur le créneau Bergeron plus trois à six semaines.
Christophe Chamet, responsable du programme abricot Sefra
(*variétés de la gamme Carmingo®, ** variété de la gamme Rougemont®, ***variétés de la gamme Regalcot®, ****variétés de la gamme Rubyngo®)