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Arboriculture

Abricot : recherche de solution contre monilia

Lors de la réunion organisée par Sudexpé Saint-Gilles, ont été présentés les premiers résultats phytosanitaires des essais menés cette campagne sur abricot.

Abricot : recherche de solution contre monilia

Après une très belle production en 2017, la campagne 2017-2018 en abricot a été marquée par des épisodes de gel qui ont entraîné des chutes de fruits importantes après nouaison, puis par la grêle et la pluie. « Nous avons assisté à des décalages de floraison et de maturité inhabituels, sans compter des problèmes d'inter-pollinisation, qui ont fortement affecté la production et donc nos essais », notait en préambule Valérie Gallia, en charge des essais phytosanitaires à la station Sudexpé de Saint-Gilles (30). Conséquence immédiate en verger, des conditions très favorables à la rouille. « Nous avons dû procéder aux premiers traitements sur feuilles dès fin mai début juin », notait la spécialiste. Autre problème, des attaques de pucerons farineux, sans compter « l'ECA ou la bactériose, pour lesquelles nous n'avons toujours pas de solution ».
Par ailleurs, depuis deux à trois ans, des retours du terrain font état d'une augmentation de la présence de forficules dans les vergers « sur tous les secteurs géographiques ». Certes, la glue est une solution contre ces forficules. « Mais cela fonctionne à condition que les arbres soient haut et qu'il n'y ait aucun pont entre le sol et les branches. Or, c'est devenu de plus en plus compliqué avec les charges qui augmentent, les piquets installés pour soutenir lesdites branches, sans parler de la disparition des herbicides. Plusieurs tentatives de piégeage sont faites et donnent l'impression que les populations sont en expansion. » Or, précisait Valérie Gallia, les traitements automatiques sont moyennement efficaces et (ou) irréguliers. « Ce sujet forficule risque de poser d'importants soucis dans les années à venir et doit sans doute être retravaillé au sein du réseau, en particulier lors des printemps pluvieux. »

Rouille précoce, décalages de floraison et de maturité inhabituels, problèmes d’inter-pollinisation… « L’année a été marqué par plusieurs soucis sur abricot du point de vu phytosanitaire », expliquait Valérie Gallia, en charge des essais « phyto » à Sudexpé Saint-Gilles. ©DR

Intérêt du Curatio en « stop »


Malgré tout, le monilia sur fleur et rameaux reste le sujet numéro un sur abricot. « En conventionnel cette année, avec deux à trois traitements, voire quatre sur les floraisons très longues, les producteurs s'en sont sortis. Mais en bio, il n'existe toujours pas de solution. »
Dans le cadre du projet « Fan de bio » (voir encadré ci-dessous), Sudexpé Saint-Gilles a mis en place un essai comparant six modalités : un témoin non traité ; deux application de Curatio en « stop » (dose 16 l/ha) après pluie ou orage ; une référence (Switch + Luna Exp.) ; un produit sous numéro « à base de levure boulangère » ; un programme Serenade Max + Amylo X WG ; et un programme Serenade Max + Curation en « stop ». Avec les épisodes de pluie, le mistral et à nouveau la pluie, « l'essai a été compliqué à mener sur Perle Cot », notait la spécialiste.
Sur la station et dans les conditions de l'année, les résultats sont encourageants. « Nous avons cette année une première collecte de données. Le Curatio confirme son intérêt en traitement stop, l'année confirmant les observations faites en 2017. C'est un produit qui peut intéresser les producteurs conventionnels quand on a justement une période de pluie car il est difficile, en conditions pluvieuses, d'intervenir en préventif. » À noter que le produit est également travaillé en pêche-nectarine vis-à-vis de la cloque, « avec des résultats pas ridicules du tout ». Le Curatio est en dérogation sur abricot depuis 2016. « On attend son homologation », concluait Valérie Gallia. 

Céline Zambujo

Depuis deux à trois ans, des retours du terrain font état d’une augmentation de la présence de forficules dans les vergers « sur tous les secteurs géographiques », notait Valérie Gallia, lors de la présentation variétale abricot organisée à Sudexpé Saint-Gilles. ©DR

En savoir plus / Le projet « Fan de bio »

Le projet « Fan de bio » vise à développer et pérenniser la production de fruits à noyau en agriculture biologique dans la région Occitanie, en apportant des références techniques et scientifiques et des pratiques culturales utilisables par les producteurs. Les solutions apportées, variétés adaptées et meilleure gestion du monilia, s’inscrivent dans la durabilité du point de vue environnemental et économique. Ces solutions pourront servir à la production de fruits à noyau en bio, mais aussi en conventionnel, en contribuant à la réduction de l’utilisation de fongicides de synthèse et en réduisant les résidus de produits phytosanitaires dans les fruits. Mené dans le Gard, la Drôme et les Pyrénées-Atlantiques, ce projet dure trois ans (2017-2020) et s’articule autour de trois actions :
- identifier les variétés les mieux adaptée à la production en agriculture biologique ;
- une meilleure connaissance et maîtrise des monilioses par des travaux de terrain et en laboratoire, des enquêtes et des essais de techniques de lutte innovants ;
- animation et diffusion de l’information auprès des acteurs de la filière.
Il est coordonné par le Muriel Milan, du CTIFL de Balandran.