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Témoignage

Accident du travail : " J'ai dû apprendre à travailler différemment "

Nicolas Faisandier, 32 ans, est éleveur bovin lait à Saint-Jean-Lachalm, en Haute-Loire. Il y a trois ans, il a perdu sa main droite dans un accident de travail. Récit.
Accident du travail : " J'ai dû apprendre à travailler différemment "

Sa vie va radicalement changer en une fraction de seconde. Le 23 août 2016, Nicolas Faisandier est loin de l'imaginer. Il vient de fêter ses trente ans et profite des joies de la paternité depuis peu : Mélina, sa fille, est venue au monde il y a 8 mois. Seul dans sa ferme, ce jeune père de famille gère au quotidien 50 vaches laitières. Ce fameux 23 août, Nicolas aide un salarié d'une entreprise de travaux agricoles à enlever le grain de la trémie d'une moissonneuse-batteuse après la récolte. Le rituel est simple, il le connaît sur le bout des doigts, mais le sort en décide autrement. La main droite du jeune éleveur est accidentellement arrachée par la machine encore en route. Il est aussitôt transporté aux urgences du Puy-en-Velay.

L'importance d'anticiper

Après deux opérations chirurgicales, de nombreux allers-retours à l'hôpital et de longs mois de repos, l'éleveur laitier replonge ses mains dans le foin pour la première fois, dix mois après l'accident. Cette fois-ci avec une prothèse à la place de la main droite. Si cet épisode n'est plus qu'un lointain souvenir pour Nicolas, les semaines de récupération qui ont suivies loin de la ferme, lui ont fait prendre conscience de l'importance d'être bien accompagné. « C'est mon beau-frère qui a appelé le service de remplacement (SR) et qui s'est occupé de la paperasse. Pendant deux jours, un ami m'a dépanné pour la traite puis un employé du SR a pris le relais pendant six mois », raconte-t-il. Installé depuis le 1er janvier 2013 sur 75 hectares de terrain, il avait l'habitude de tout gérer seul. Assuré au contrat groupe, il a pu bénéficier de 90 jours d'indemnités journalières. « Il faut anticiper et payer ses cotisations au service de remplacement. Le jour où on a un souci, on est bien content de pouvoir être aidé », souligne l'éleveur. Appareillé en février 2017, ce n'est que fin juin, à la fin de son arrêt maladie, qu'il se remet au travail, progressivement. Une étape importante dans sa reconstruction personnelle. « Quand je suis revenu chez moi, j'ai dû réapprendre à manger, à m'habiller, à écrire. Il m'a fallu du temps avant de pouvoir travailler mais le simple fait de revoir ma ferme, mes vaches, m'a redonné du baume au cœur », se souvient-il.

L'envie de se battre

Aujourd'hui, ses facultés physiques sont réduites mais le jeune éleveur a repris la gestion complète de son activité, aidé ponctuellement par son père, ancien éleveur dont il a repris la ferme il y a cinq ans et par un employé du service de remplacement, un dimanche toutes les trois semaines.
« C'est indéniable, je mets plus de temps qu'avant à exécuter certaines tâches. J'ai dû apprendre à travailler différemment », explique Nicolas Faisandier. Il a trouvé des astuces pour rendre son quotidien plus simple et compenser « à un léger manque de force ». « Balayer, prendre une fourche, donner du foin aux bêtes, clôturer un pré ou ramasser des pierres... Tout cela demande plus d'efforts mais globalement j'arrive à travailler comme avant. » Si parfois ce droitier compense ses efforts sur la main gauche, il a désormais appris à vivre avec sa prothèse qui ne lui pose pas de problème pendant la traite des vaches. « Je suis toujours allé de l'avant. Ma femme, Delphine, ma fille et ma famille m'aident beaucoup. Tout cela me donne l'envie de me battre pour continuer à avancer. La niaque je l'avais avant, je l'ai aujourd'hui et je l'aurai demain. » 

Alison Pelotier