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Sylviculture

Accompagner les propriétaires forestiers vers une gestion durable de la forêt

En Drôme, l’équipe du centre régional de la propriété forestière (CRPF) poursuit ses missions, en adaptant ses interventions au contexte de crise sanitaire. Le point sur les sujets prioritaires pour la forêt drômoise avec Dominique Balay, ingénieure territoriale CRPF Drôme-Ardèche.

Accompagner les propriétaires forestiers vers une gestion durable de la forêt
Le CRPF organise de nombreuses formations et réunions sur le terrain pour les propriétaires forestiers. Une action ralentie depuis un an par les mesures liées à la crise sanitaire.

Avec près de 330 000 ha de forêts, soit 51 % de la superficie du département, la Drôme se classe au 7e rang des départements les plus boisés de l’Hexagone. Les trois quarts de cette forêt, soit plus de 240 000 ha, appartiennent à des propriétaires privés. Ils sont environ 40 000 à posséder une ou plusieurs parcelles boisées dans le département. Le CRPF est leur interlocuteur privilégié. « Le centre national de la propriété forestière est un établissement public à caractère administratif, rappelle Dominique Balay, qui supervise le fonctionnement de l’antenne régionale (CRPF) en Drôme et Ardèche. Nous fonctionnons avec un conseil d’administration principalement composé de propriétaires forestiers de plus de 4 ha, et élus tous les six ans », précise-t-elle. 

Au quotidien, le CRPF exerce à la fois des missions régaliennes, qui lui sont confiées par l’État, mais aussi des missions spécifiques dans le cadre de conventions avec des collectivités ou des associations et syndicats de propriétaires de forêt. Pour toutes ces missions, un seul et même objectif assigné par l’État : développer la surface des forêts gérées durablement. 

Encadrer la gestion durable des forêts

Les techniciens du CRPF vont donc s’appuyer, dans chaque département, sur un document de référence : le schéma régional de gestion sylvicole. « Les propriétaires forestiers de plus de 25 ha, ou le gestionnaire à qui ils délèguent l’exploitation de leur forêt, ont l’obligation de présenter un plan simple de gestion (PSG). Ce plan planifie la gestion de la forêt pour les 10 ou 20 années à venir, notamment les coupes et travaux à prévoir », détaille Dominique Balay. En Drôme, plus de 110 PSG sont recensés, recouvrant plus de 11 300 ha. Frédérique Chazal, technicienne départementale, est chargée de vérifier que l’exploitation des surfaces concernées respecte le PSG et répond aux objectifs du schéma régional de gestion sylvicole. 

Si de prime abord l’élaboration d’un PSG peut paraître complexe, ce document simplifie pourtant grandement la gestion de la forêt. D’abord parce qu’il permet de réaliser les coupes programmées sans avoir d’autorisation à demander à l’administration, ceci durant toute la durée définie par le PSG. « C’est également un outil intéressant pour la transmission de la forêt. Il permet aux héritiers, pas toujours au fait de la gestion forestière, d’avoir des objectifs définis, un écrit valable dans le temps et une trace de ce qui s’est fait auparavant », souligne l’ingénieure territoriale. Parmi ces objectifs, propres à chaque propriétaire : dégager une production et un revenu, faire de forêt un espace de loisirs, préserver la biodiversité, améliorer la production de champignons...

Pour ceux qui possèdent moins de 25 ha mais souhaitent élaborer volontairement un document de gestion durable, plusieurs options sont possibles : soit le PSG pour les forêts d’au moins 10 ha, soit le code des bonnes pratiques sylvicoles (CBPS+). Ce « CBPS + » permet d’établir un programme de coupes sur 10 ans et, là aussi, d’être dispensé de demande d’autorisation auprès de l’administration. Enfin, les propriétaires qui ont confié la gestion de leur forêt à une coopérative ou à un expert forestier peuvent souscrire à un règlement type de gestion (RTG), qui définira les modalités d’exploitation de la forêt par grand type de peuplement.

Former et regrouper les propriétaires

Le CRPF est également chargé de développer une offre de formation à destination des propriétaires forestiers. « Nous élaborons actuellement avec Fransylva 26, syndicat des propriétaires forestiers de la Drôme présidé par André Aubanel, de Chamaloc, un cycle d’initiation à la gestion forestière de trois jours. Nous souhaitons le lancer dès la fin du mois d’avril si la situation sanitaire le permet », annonce Dominique Balay. 

Autre mission prioritaire pour la structure : l’accompagnement* des propriétaires pour la création d’associations syndicales libres de gestion forestière (ASLGF). Celles-ci permettent de regrouper les surfaces et de mutualiser les interventions. Il en existe pour l’instant quatre en Drôme, qui regroupent 2 820 ha et 165 propriétaires. « Nous sommes aussi un point d’entrée pour tout propriétaire forestier qui aurait besoin d’être orienté sur des questions concernant sa forêt. Nous pouvons l’aider à trouver les bons interlocuteurs » rappelle la responsable du CRPF Drôme-Ardèche. 

S.Sabot

* Le CRPF bénéficie du soutien du Département de la Drôme sur cette mission et de certains EPCI. 

Des marges de progrès pour valoriser la forêt drômoise

Des marges de progrès pour valoriser la forêt drômoise

En Drôme, 30 % de l’accroissement biologique annuel de la forêt sont récoltés. Destination de ces bois : pour 33 % du bois d’œuvre (sapin et épicéa majoritairement), pour 26 % du bois d’industrie et pour 41 % du bois énergie. « Nous savons aujourd’hui, notamment sur le bois énergie, que le potentiel disponible est bien supérieur à la demande, souligne Dominique Balay. A l’échelle du CRPF, nous pouvons aider à mettre cette ressource sur le marché. En effet, grâce aux documents de gestion, nous connaissons les volumes mobilisables sur le court et le moyen terme », précise l’ingénieure territoriale. Elle cite par exemple des opportunités pour valoriser en piquets de clôture des peuplements de châtaigniers ou robiniers sur le Nord-Drôme. Avant d’avertir : « Pour les entreprises qui fabriquent ces piquets, se posera la question de l’approvisionnement dans un contexte de changement climatique qui pourrait avoir un impact sur l’espèce châtaignier ».

Préparer la forêt au changement climatique

Pour Dominique Balay, intégrer la variation du climat dans la gestion forestière est désormais une préoccupation majeure. « Sur le Vercors par exemple, on commence à voir des zones où les sapins rendent l’âme. Le phénomène est encore très dilué et ne change pas fondamentalement le paysage, mais des problématiques liées au changement climatique sont en train d’apparaître. Les étés secs fragilisent les arbres, les rendent plus sensibles aux parasites. Les neiges lourdes, les tempêtes ou encore les incendies font également des dégâts sur de grandes surfaces », commente l’ingénieure. Il est donc urgent de disposer d’un outil pour conseiller les propriétaires forestiers dans la gestion des peuplements sur pieds et le choix des essences lors d’un renouvellement. C’est ce qu’est en train de développer l’institut pour le développement forestier (IDF), au sein du CNPF, avec l’outil numérique BioClimSol. Il permettra d’établir un diagnostic du peuplement intégrant le climat et ses extrêmes, ainsi que les conditions de terrain qui aggravent ou compensent l’évolution climatique : sol, topographie, exposition. 

Dominique Balay rappelle que le stockage du carbone et le maintien de la biodiversité sont aussi des enjeux forts autour de la forêt. « Le CNPF a mise en place depuis plusieurs années l’indice de biodiversité potentielle (IBP). C’est un outil conçu pour être simple d’utilisation par les propriétaires, indique-t-elle. Il est basé sur l’observation des habitats pour identifier la biodiversité potentielle et la prendre en compte dans la gestion de la forêt. C’est un outil dont les techniciens du CRPF font la promotion en Drôme ». Enfin, le CNPF propose également un label « bas carbone » qui permet à des entreprises privées d’investir dans des projets de boisements ou reboisements forestiers.  

S.Sabot

L’équipe du CRPF en Drôme

L’équipe du CRPF en Drôme
Alexandre Pettrof, Marie Genthon, Gilles Bernard, Frédérique Chazal et Dominique Balay composent l’équipe du CRPF en Drôme.

- Dominique Balay, ingénieure territoriale pour la Drôme et l’Ardèche.

- Frédérique Chazal, technicienne forestière Drôme et correspondante du département santé des forêts (DSF).

- Alexandre Pettrof, technicien forestier Nord-Drôme.

- Gilles Bernard, technicien forestier vallée de la Drôme et bassin de Montélimar.

- Marie Genthon, secrétaire.

Contact : 04 27 24 01 80.