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Aviculture

Accouvage : la concentration s'est accélérée en 2018

L'année 2018 a été marquée par plusieurs rachats de couvoirs indépendants. Les trois principaux opérateurs, LDC, Belgabroed-Danhatch et Orvia, représentent probablement plus de 50 % du marché français de l'accouvage. Le point avec Louis Perrault, président du syndicat national des accouveurs.
Accouvage : la concentration s'est accélérée en 2018

Pouvez-vous nous rappeler le fonctionnement des relations entre les sélectionneurs et les accouveurs ?
Louis Perrault : « Les sélectionneurs vendent aux accouveurs ce que l'on appelle des parentaux : ce sont des petits poussins d'un jour, mâles ou femelles, commercialisés à raison d'un mâle pour 10 femelles. L'accouveur confie ensuite ses animaux à un multiplicateur qui lui fournit en retour des œufs à couver. Il n'existe pas d'exclusivité entre sélectionneurs et accouveurs. Il peut arriver que des sélectionneurs soient également accouveurs, dans quelques filières. Mais cela peut être quelque fois gênant car le couvoir devient alors concurrent de sa propre filière de sélection. »

Ces derniers mois, plusieurs accouveurs indépendants ont été rachetés. Comment expliquer cette concentration ?
L.P : « En France, les entreprises d'accouvage sont historiquement des histoires de famille. Aujourd'hui elles ont du mal à passer la troisième génération, pour plusieurs raisons. D'abord parce que les métiers sont de plus en plus techniques, les investissements sont lourds, et les risques sont élevés. Il s'agit essentiellement de risques sanitaires pour lesquels il n'existe pas d'assurance. Les deux crises successives d'influenza aviaire ont bien sûr pesé lourd dans les opérations que l'on a observées ces derniers mois. »

Quelle est la stratégie des entreprises qui rachètent ces couvoirs ?
L.P : « Le volailler LDC investit dans l'accouvage avec la volonté de conforter sa production, en limitant les coûts mais aussi en se garantissant contre le risque de rupture d'approvisionnement liée un risque sanitaire type influenza aviaire. Auparavant, le maillon de l'accouvage n'était peut-être pas considéré comme aussi stratégique qu'actuellement, mais avec l'influenza, les entreprises se rendent compte qu'il est important d'avoir une activité d'accouvage solide en France. »

Quid des rachats opérés par les couvoirs belges et danois ? Leur arrivée est-elle liée à celle du belge Plukon, qui a racheté Duc en 2016 ?
L.P : « Belgabroed et Danhatch avaient la volonté d'investir ensemble sur le sol français. En peu de temps, ils ont repris 20 à 30 % de l'activité d'accouvage française. Quand on les interroge, ils nous répondent qu'ils voient la France comme un territoire d'opportunités, où il existe des terres disponibles, avec davantage de facilités d'autorisation d'installation que leurs pays respectifs. De plus, la France est vue comme un précurseur de la diversification et des espèces à croissance lente. Ils viennent chercher ce savoir-faire. C'est une valeur forte de notre pays qui était vue il y a encore quelques années comme une faiblesse de productivité de notre système. Aujourd'hui, cela correspond aux évolutions de la demande des consommateurs. Bien sûr, le rachat de Duc par Plukon conforte leur choix, facilite les discussions, mais Duc avait déjà ses propres couvoirs lorsqu'il a été racheté par Plukon. »

Où en est la concentration dans le secteur ? Comment le voyez-vous évoluer ?
L.P : « Il faut ajouter une dernière opération qui concerne le groupe d'accouvage français Orvia, qui est un sélectionneur et distributeur de palmipèdes, et qui a souhaité se diversifier dans le gallus. Tout ça en 2018. Cela veut dire que les entreprises croient dans l'accouvage en France. Les trois principaux opérateurs - LDC, Belgabroed-Danhatch et Orvia - représentent probablement plus de 50 % du marché français de l'accouvage. Mais il reste encore de la place pour des petits couvoirs, répartis sur le territoire. Je pense que cette série d'opérations va laisser place à une période de répit ». 
Propos recueillis par Mathieu Robert