Adapter la réglementation contre la grippe aviaire à tous les élevages

L'objet de cet arrêté biosécurité du 8 février dernier est d'empêcher l'introduction dans les exploitations de volailles du virus de l'influenza aviaire et de limiter le risque de diffusion à l'intérieur des exploitations et vers d'autres exploitations. Le texte précise les mesures de biosécurité applicables en matière de protection physique, ainsi que les conditions de fonctionnement des exploitations. Il prévoit notamment qu'une zone d'élevage soit matérialisée sur tout site d'exploitation. Un plan de circulation incluant la délimitation du site d'exploitation, des unités de production et de la zone d'équarrissage doit être mis en place.
Le texte spécifie que l'accès à chaque unité de production est protégé par un sas sanitaire clos conçu pour limiter les contaminations entrantes et sortantes des unités ; qu'une tenue spécifique ou des tenues à usage unique sont disponibles et revêtues avant l'accès à chaque unité de production (chaussures et vêtements)... Ou encore que les abris sur les parcours sont nettoyables et désinfectables. Ou bien que chaque parcours est clôturé afin d'empêcher toute sortie et d'éviter tout contact entre elles de volailles ou d'autres oiseaux captifs d'unités de production différentes.
Conduite en bande unique
Et puis, point important qui chagrine certains « petits » éleveurs, la conduite en bande unique est obligatoire dans toute unité de production. Toutefois, il faut noter qu'après autorisation du directeur départemental en charge de la protection des populations, un délai de deux ans après publication du présent arrêté peut être accordé pour la mise en œuvre des aménagements et investissements en bâtiment nécessaires au fonctionnement en bande unique. Pour préciser toutes les modalités de cet arrêté, des notes de services doivent être diffusées d'ici la mise en application en juillet prochain. « Ce texte ne va pas signer la mort des petits fermiers. Des négociations auront lieu sur les modalités d'application de l'arrêté. La faisabilité des aménagements sera étudiée et nous verrons au cas par cas », souligne Anne France Julia, de la DDPP de la Drôme.
Les mesures visant à la biosécurité des élevages de volailles et leurs effets sur les filières courtes fut le thème d'une rencontre entre Jean-Louis Cazaubon (*), vice-président de l'APCA, et la députée EELV de l'Isère, Michèle Bonneton, au Salon de l'agriculture à Paris.
Préserver les produits fermiers
« La recherche de salmonelles dans les fientes avant abattage pose problème aux éleveurs qui ne commercialisent que quelques dizaines de volailles par semaine sur des marchés. Il est indispensable de pouvoir adapter la réglementation à la situation de ces producteurs fermiers. L'Itavi travail sur un guide de bonnes pratiques spécifiques, c'est très important. Chez moi dans le Sud-Ouest, 60 % des élevages de palmipèdes vendent en circuit court, et même si cela ne représente que 18 % des volumes produits, la valeur ajoutée de cette filière sur le territoire est importante. Ce mode d'élevage constitue un patrimoine régional et l'agro-industrie s'est développée à partir de ce modèle... La standardisation n'est pas compatible avec les produits fermiers. Cet arrêté du 8 février doit donc être adapté aux petits élevages », explique Jean-Louis Cazaubon. Le professionnel a tenté de faire passer le message auprès de l'élue.
Pour Jacques Rimbaud, vice-président de l'association de producteurs fermiers de l'Isère (éleveur de volailles bio à Saint-Just-de-Claix), « nous sommes déjà pénalisés par le plan salmonelle. Les prélèvements dans les fientes, c'est la roulette russe. Lorsque ces prélèvements sont positifs, nous constatons ensuite que les prélèvements sur les volailles abattues sont presque toujours négatifs. J'ai un budget analyse salmonelle de 250 € par trimestre, tous mes produits sont analysés avant la vente. Ce sont ces résultats-là qui comptent pour la sécurité des consommateurs ». L'éleveur de l'Isère demande une autre méthode d'analyse. « Nous souhaiterions également que le seuil de 250 volailles à partir duquel les mesures de biosécurité s'appliquent soit élevé ». Il estime que ce seuil est particulièrement contre productif, alors que la demande de produits fermiers ou bio ne fait que croître. « On a voulu étendre trop rapidement des mesures adaptées aux élevages industriels. Un sas pour chaque bâtiment, c'est ridicule pour nous. Pourquoi prévoir une aire de lavage alors que chez moi je n'utilise aucun produit désinfectant. La question est de savoir quel modèle d'agriculture on veut privilégier. Prenons le temps de réfléchir pour adapter ces mesures, faute de quoi on exclura l'élevage fermier qui permet encore d'installer des jeunes ».
Louisette Gouverne
(*) Jean-Louis Cazaubon, éleveur laitier dans les Hautes-Pyrénées, est 1er vice-président de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture et président de la chambre d'agriculture de Midi-Pyrénées.
Les services de l’Etat ont précisé les points sur lesquels vont peser leurs efforts.
Les contrôles salmonelles en 2016
Tout se joue avant sept jours pour les poussins
Il y a une forte corrélation entre le poids d’un poussin à 7 jours et le poids de la volaille à l’abattage. En conséquence, les éleveurs accordent de l’importance à la phase de démarrage. L’objectif est de faire consommer les poussins le plus tôt possible pour leur faire gagner du poids, mais aussi pour favoriser le développement de leur système immunitaire. Il a également été noté que les cellules satellites des fibres musculaires du blanc de poulet se développent dans les premières 48 heures, ceci ayant un impact sur le « rendement filet » ultérieur. Pour tenir compte de ce critère, des techniciens recommandent de veiller à ce que 6 à 8 heures après leur arrivée, 80 % des jabots des poussins soient pleins, et 95 % après 24 h.
Pour accueillir dans de bonnes conditions une bande de poussins, il est rappelé d’avoir tout d’abord réalisé un vide sanitaire avec une désinfection efficace du bâtiment. Ensuite, un préchauffage du bâtiment (3 à 36h au préalable) permettant de porter la température de la litière à 30° apportera un confort bienfaisant aux animaux, leur évitant d’avoir des pattes froides.
Il est également recommandé de ventiler a minima dès le premier jour afin d’éliminer l’humidité de la litière et réduire la concentration en CO2. Deux facteurs importants pour le bien être des poussins et leur vitalité. Pour contrôler ces deux paramètres, il est important d’avoir étalonné et vérifié le bon fonctionnement des sondes de température et d’hygrométrie. Des sondes qu’il convient de placer à hauteur des animaux (à mi-cuisse de l’éleveur) et dans les espaces où ils vivent.
Pour préserver l’indice GMQ (Gain Moyen Quotidien) de fin de bande, il est préconisé d’optimiser l’accès à de l’eau fraîche et aux aliments dès 6 h après l’entrée des poussins. Il est conseillé de présenter l’aliment sur deux bandes de papier de part et d’autre des pipettes ; des papiers qu’il convient d’enlever après 48 h. Il est préférable de remplir les lignes d’eau au dernier moment et d’ajuster la pression pour favoriser le goutte-à-goutte, les pipettes étant fixées à hauteur d’œil des poussins. Les lignes d’eau doivent être purgées régulièrement et il faut veiller à la qualité de l’eau et faire la chasse aux fuites.
Enfin, tous ces soins doivent être adaptés à la bande qui va être élevée, il est donc important d’être informé par le couvoir des spécificités du lot qui a été fourni. Et bien sûr, cette courte période nécessite davantage de temps d’observation et de présence des éleveurs.
L. G