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Interview

Adrien Saint-Ellier : "Nous sommes dans une phase de changement d'échelle »

Adrien Saint-Ellier, responsable à BioAgri et impliqué pour le développement des filières bio régionales, analyse le besoin de structuration des filières en agriculture biologique.
Adrien Saint-Ellier : "Nous sommes dans une phase de changement d'échelle »

Pourquoi avez-vous décidé de participer à ce groupe de travail sur la structuration des filières longues bio ? Qu'en retirez-vous ?
Adrien Saint-Ellier : « BioAgri, filiale de collecte grain bio et agro-distribution bio du groupe Eurea, a acquis une expérience reconnue en travaillant avec des précurseurs du bio locaux comme les céréaliers historiques de la Limagne, le fabricant d'aliment Cizeron Bio ou la minoterie Dupuy Couturier. Or, nous sommes dans une phase de changement d'échelle, et il est important d'apporter son aide aux nouvelles structures régionales qui souhaitent se développer sur ces métiers du bio tout en cherchant de nouvelles solutions organisationnelles pour rester leader de nos secteurs. Ce groupe de travail régional permet à la diversité de nos structures d'échanger et de construire dans l'unité le futur de l'agriculture biologique. Nous avons travaillé des dossiers structurants comme la multiplication des semences bio ou encore l'intégration des protéagineux dans les filières animales bio. »

Qu'attendez de vous la Région Aura aujourd'hui ?
A.S-E : « La Région Aura ne doit pas sous-estimer son rôle dans le devenir de l'agriculteur en général à l'échelle de son territoire. De multiples initiatives naissent pour innover en copiant un modèle proche de celui défendu et développé par l'agriculture biologique depuis plusieurs décennies (itinéraires économes en intrants, protection de zones agricole HVE, distribution relocalisée, mise en avant de l'image du terroir, projets sociaux ...). Dans ce contexte, où nos structures agrobiologiques restent en tête de cordée, il est important que la Région soutienne nos efforts de structuration. Dans notre cas, la croissance de collecte de céréales bio est à 2 chiffres sur ces dernières années. Pour suivre, nous cherchons des solutions de stockage et de travail du grain bio après récolte. Des partenaires nous aident, mais cela constitue des investissements lourds pour nos structures. Nous avançons également avec un projet d'animation technique, nommé SymBIOz, qui met en lumière l'effort d'acquisition de références techniques, d'animation, de partage d'expériences et de témoignages et de communication pour tous les acteurs intéressés. Tous ces projets sont à ce jour financés par nos fonds propres. »

Selon vous, y a-t-il besoin de structurer davantage votre filière ? Si oui comment ?
A.S-E : « Le changement d'échelle vécu aujourd'hui par l'agriculture biologique est considérable et notre rôle y est essentiel. Nous devons répondre à la forte demande du consommateur en défendant toute la traçabilité et la qualité associées au bio. Et nous devons également rassurer le producteur en massifiant les circuits de la collecte à la distribution en garantissant ces mêmes valeurs. Donc oui, nous avons besoin plus que jamais de nous unifier pour continuer de structurer des filières fortes d'avenir. Les filières, c'est le credo des structures coopératives confirmées par la transparence de nos organisations. BioAgri travaille avec deux partenaires importants dans la Loire (Cizeron Bio et Minoterie Dupuy Couturier). Nous n'hésitons pas à nous impliquer via des contractualisations pluriannuelles de céréales en volumes et prix, ces choix garantissent aux producteurs des prix d'achat et au transformateur de la visibilité. Nous travaillons également avec des engagements tripartites pour impliquer une chaîne d'acteurs plus importante. Cela nous permet de donner de la transparence à chaque maillon de la filière pour gagner en confiance. Mais nos organisations sont à parfaire en incitant les GMS à s'impliquer dans nos démarches sans détruire la valeur des filières.
Enfin, nous continuons d'être attentif à l'unité de l'agriculture biologique et de tous ces acteurs. Nous vivons un changement d'échelle de l'AB et les tentations de fractionner le marché sont nombreuses. Nous devons continuer de répondre d'une seule voix aux consommateurs et aux distributeurs. Le risque d'une démarche inverse se trouve dans la dissonance et la perte de crédit auprès du consommateur final. 

Adrien Saint-Ellier, responsable BioAgri

 Contact : [email protected]