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Main-d'oeuvre

Agri Emploi 26 fête ses dix ans

L’assemblée générale d’Agri Emploi 26, à Vesc, a été l’occasion de fêter les dix ans de l’association et d’envisager l’avenir avec sérénité.
Agri Emploi 26 fête ses dix ans

«Je suis très heureux de voir tout le chemin parcouru par Agri Emploi » a avoué Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture de la Drôme et ancien président fondateur d'Agri Emploi, lors de l'assemblée générale de ce groupement d'employeurs le 13 avril à Vesc, chez Edmond Tardieu dans les locaux de La ferme du Clos de l'Orme. « En 2009, un groupe d'agriculteurs de notre département a senti que trouver des salariés compétents et motivés devenait de plus en plus compliqué, que la paperasse et le droit du travail n'allaient pas en s'améliorant et que le recrutement et la gestion des salariés était devenu un métier à part », a poursuivi Alain Aubanel, le président d'Agri Emploi 26, en présence d'André Gilles, vice-président du Département en charge de l'agriculture. Avec 1 025 salariés embauchés en 2018, le groupement d'employeurs agricoles départemental a su répondre aux besoins de main-d'œuvre de plus de 270 agriculteurs, malgré une croissance extraordinaire.

L’équipe administrative est aujourd’hui composée de cinq salariés : Florence Eynard, Sophie Fournier, Laurène Verneret, Fabien Lambert et Morgane Le Péchoux. Au mois de mai, deux personnes supplémentaires arriveront en renfort.

Gros pic durant la saison estivale

L'activité a augmenté de 32 % par rapport à 2017, montrant la confiance accordée à l'association. Celle-ci est présente sur l'intégralité du département dont 34 % d'adhérents en Drôme des Collines. L'ensemble des métiers agricoles est représenté, avec les grandes cultures (29 %) et l'arboriculture (26 %) en première ligne, avec une saisonnalité forte au mois de juillet. En 2019, Agri Emploi 26 continuera de développer ses services. Pour cela, deux salariées supplémentaires viendront renforcer l'équipe administrative avant la saison estivale.

Ouverture d'antennes délocalisées

L'association travaille actuellement sur l'ouverture d'antennes délocalisées afin d'être au plus proche du terrain : la première vient d'ouvrir sur le secteur de Saint-Vallier. Enfin, grâce à une gestion rigoureuse, le conseil d'administration a voté le reversement de 47 centimes d'euro par heure facturée aux adhérents, ce qui représente un peu plus de 100 000 euros.
A l'issue de l'assemblée générale, une table ronde a été organisée sur le thème : « Des robots ou des salariés : quel avenir pour la main-d'œuvre sur nos exploitations ? », devant une quarantaine de personnes (lire ci-dessous). La journée s'est poursuivie par un déjeuner en commun avant les nombreuses animations proposées pour célébrer les dix années d'existence de l'association : dégustation de vins du sud de la Drôme, de chocolats avec Valrhona, visite de la ferme pédagogique du Clos de l'Orme, châteaux gonflables pour les enfants... 
Amandine Priolet

 

Animatrice de la table ronde, Anne-Claire Vial était entourée de Marc Fauriel (arboriculteur), Luc Pierron (viticulteur), Dominique Cros (directrice de la Direccte) et Benjamin Aubert (représentant des Jeunes Agriculteurs de  la Drôme).
Table ronde / Pour ses dix ans, Agri Emploi 26 a débattu de l’évolution du monde agricole, entre main-d’œuvre et robotisation.

Quel avenir pour la main-d’œuvre sur nos exploitations ?

La table ronde organisée le 13 avril au sein de La ferme du Clos de l’Orme à Vesc, à l’occasion des dix ans d’Agri Emploi 26, a permis de soulever une question : « Des robots ou des salariés : quel avenir pour la main-d’œuvre sur nos exploitations ? ». Devant une quarantaine de participants, Anne-Claire Vial, ancienne présidente de la chambre d’agriculture de la Drôme et présidente de Sol et Civilisation, a animé les débats. Etaient invités à échanger sur le sujet Marc Fauriel, arboriculteur à Loriol-sur-Drôme, Luc Pierron, président d’Agri Emploi 69 et viticulteur à Châtillon-d’Azergues, et Dominique Cros, directrice de la Dirreccte*.
Alors que l’ère industrielle a contribué à enlever la main-d’œuvre de nos campagnes depuis les années 1800, la question de la robotisation en agriculture prend tout son sens. Serons-nous obligé de passer par là pour maintenir nos exploitations françaises ? La robotisation serait-elle une opportunité à saisir pour les agriculteurs ? Arriverons-nous à sauver notre travail agricole ? Comment envisager le futur avec l’arrivée de la robotisation ? Comment protéger nos données ? Autant de questions auxquelles les intervenants du jour ont essayé de répondre.
La fin  de la main-d’œuvre ?
D’abord, le constat est unanime : la société connaît des évolutions techniques qui ne peuvent être que bénéfiques au développement de l’agriculture. Dans une période où l’on milite pour la diminution des produits phytosanitaires, des solutions alternatives - éventuellement la robotisation - pourraient être un élément de réponse. Pour Dominique Cros, la robotisation dans le monde du travail n’est pas nouvelle dans certains secteurs, contrairement à l’agricole. Mais celle-ci aide à donner des conditions de travail plus acceptables, à créer de nouveaux postes avec des compétences différentes.
Pour les agriculteurs, l’importance est avant tout d’obtenir un produit de qualité, quelle que soit la méthode utilisée. « Notre savoir-faire sera toujours là. Après, si l’assistance de récolte par robotisation se fait dans des conditions optimales, on aurait tort de s’en priver », a indiqué Marc Fauriel. La qualité du produit, c’est aussi un sujet de préoccupation pour Luc Pierron : « Il est important de répondre aux attentes du consommateur. Nous avons la chance d’avoir un terroir, propre à nous. On peut insérer la technologie dans notre métier, le sol restera le nôtre ». Pour exemple, le viticulteur vendange à la machine depuis quelques années. « Cela m’a ainsi demandé moins de main-d’œuvre, toujours difficile à trouver, mais m’a aussi permis d’obtenir un produit de meilleure qualité. »
La robotisation a ses limites
Si l’utilisation du robot peut contribuer à l’amélioration du produit fini, celui-ci a toutefois des limites, comme l’a expliqué Anne-Claire Vial à travers trois aspects négatifs : l’énergie nécessaire au tout numérique, le coût et la protection des données. Sur ce dernier point, les intervenants ont été unanimes : les autorités publiques se doivent de légiférer sur le sujet. Quant au coût, il revient à savoir quel prix les agriculteurs seraient-ils prêts à mettre ? Et pour quelle rentabilité ? Enfin, l’énergie que réclame une telle avancée technologique fait parler : l’impact semble totalement incohérent dans un monde où l’on prône les énergies renouvelables.
En « grand témoin » de ce débat, Benjamin Aubert, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de la Drôme et agriculteur à Montoison, a affirmé que la jeunesse était déjà bien utilisatrice du guidage tracteur. Il considère aussi que l’aide technique est un plus pour les jeunes agriculteurs qui essaient aujourd’hui d’avoir une meilleure qualité de vie.  
A. P.
* Direccte : direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.