Agribiodrôme s'interroge sur son avenir

Il revenait à Josette Fournié, porte-parole d'Agribiodrôme, d'accueillir les participants à l'assemblée générale qui s'est tenue le 10 mars à la salle des fêtes de Puy-Saint-Martin. En présentant les administrateurs et les salariés de l'association, elle a insisté sur la co-construction. « Agribiodrôme, c'est une gouvernance qui permet à chacun de s'investir à la hauteur de ses attentes et de ses envies », a-t-elle déclaré. Avant la présentation du rapport d'activité de l'année 2015, elle a d'emblée fait part des inquiétudes concernant le futur. « Ce que nous allons faire dans l'avenir est plus ardu à prévoir, tant le contexte politique général et celui de notre principal financeur, le conseil régional, a changé et pourrait changer radicalement notre organisation. »
Quatre thématiques
Les adhérents ont ensuite échangé sur quatre thématiques : la technique par et pour les producteurs, l'alimentation des territoires, la transmission des fermes bio et l'installation, la préservation de la ressource en eau. Nicolas Molinier, délégué général, a introduit cette heure d'échanges, insistant sur « trente ans d'expertises et d'actions de développement, caractérisées par une approche globale, territoriale, partenariale et en réseau, menées dans toutes les productions, animales et végétales, et dans toutes les directions : défense, production, commercialisation, préservation des ressources en eau ». De nombreux domaines ont été abordés comme la mise en lien entre ceux qui ont la terre et ceux qui en cherchent.
Le nombre d'adhérents d'Agribiodrôme est en augmentation régulière. Une importante dynamique de reconversion est engagée, en particulier en grandes cultures (sur la plaine de Valence notamment), en plantes aromatiques et en élevage (dans le Vercors en particulier). Depuis janvier, une vingtaine de demandes d'accompagnement ont été enregistrées. Elles sont concrétisées sous la forme de diagnostics aboutissant à des changements de pratiques techniques et commerciales. « Le savoir vendre, c'est aussi ce qui caractérise la bio », a fait remarquer Nicolas Molinier.
Des inquiétudes
Les craintes se sont exprimées au moment d'aborder les orientations. « Quels sont les différents projets et défis qui nous attendent, en considérant le contexte général et les incertitudes financières qui nous guettent ? », s'est interrogé Josette Fournié. L'annonce par l'exécutif régional de concentrer les fonds d'animation vers les chambres consulaires a été confirmée par le vice-président du conseil départemental, André Gilles. Les responsables se sont réjouis de sa présence, d'autant qu'il a participé aux quatre ateliers, portant une grande attention aux débats. Ce transfert est source d'inquiétude. « Les collectivités et territoires drômois ont continué à nous faire confiance en 2015. Nous réaffirmerons le choix de nos orientations et défendrons les actions qui constituent l'ADN de notre réseau », a conclu Josette Fournié. Elle a évoqué la restructuration qui sera nécessaire dans ces conditions pour continuer à fonctionner.
Elisabeth Voreppe
En comptabilisant 250 adhérents, parmi lesquels des entreprises de transformation, des associations de producteurs, quelques habitants et des agriculteurs conventionnels, Agribiodrôme estime représenter un quart des producteurs bio et en conversion. L'association pousse du reste l'ensemble des agriculteurs à faire partie d'un réseau, dans la mesure où la moitié d'entre eux n'y sont pas. Le conseil d'administration compte une quinzaine de membres. Josette Fournié a salué l'investissement de François Sausse, qui a quitté le conseil à l'issue de cette assemblée. « Tu as eu un rôle de défenseur de la bio et tu as créé un référentiel et une pratique en grandes cultures très appréciés. Nous savons que nous pouvons encore compter sur toi », lui a-t-elle dit. Ajoutons que l'association Rhône-Alpes Auvergne des producteurs bio (la Frab Aura) est en cours de création.