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Lutte contre l’ambroisie

Agriculteur et apiculteur : un destin croisé

Les uns ont besoin des autres, et vice-versa. La coopérative Terre d’Alliance et le réseau biodiversité pour les abeilles (RBA) travaillent ensemble dans un intérêt mutuel bien compris. L’ambroisie qui compromet la pérennité de la culture du tournesol et menace les abeilles de disette, est un de leur ennemi commun.

Agriculteur et apiculteur :  un destin croisé

Très présente dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, l'ambroisie est un véritable fléau, car particulièrement envahissante et difficile à détruire. Elle se développe en milieu ouvert non enherbé, sur les chantiers ou en bordures de routes, et se propage dans l'espace agricole. Si elle n'est pas combattue, on la retrouve dans les intercultures estivales (sur chaumes après la récolte du blé ou du colza) et dans les cultures de printemps, notamment le tournesol. Très invasive et concurrentielle, faute d'une lutte efficace, elle envahit rapidement les parcelles, prend le dessus sur la culture en place et compromet fortement la récolte et les rendements. À proximité de Montluel dans l'Ain, sur le bord d'un champ de tournesol pour la production de semences où sont installées des ruches, Nicolas Pariset, conseiller agronomique à la coopérative Terre d'Alliances, et Philippe Lecompte, le président du réseau biodiversité pour les abeilles, ont convié la presse, pour illustrer le lien qui les unit, et plus largement celui qui unit les apiculteurs et les agriculteurs.

L'ambroisie, un casse-tête agronomique

« Le tournesol et l'ambroisie appartiennent à la même famille des astéracées, explique Philippe Lecompte. C'est ce qui rend difficile la mise au point de solutions herbicides à la fois efficaces contre l'ambroisie et sélectives du tournesol. » Néanmoins, des solutions existent. « Des solutions ont été développées comme les variétés de tournesol tolérantes aux herbicides de post-levée qui permettent de lutter efficacement contre l'ambroisie », avance Nicolas Pariset. Mais pour venir à bout de cette plante très invasive, il faut le plus souvent combiner plusieurs types d'interventions : mécanique, chimique et culturale. Mais elles peuvent se montrer insuffisantes en cas de fortes infestations et/ou de conditions d'application non optimales, et occasionnent un surcroît de travail. Face à ce casse-tête agronomique pour maîtriser l'ambroisie et avec une moindre rentabilité par rapport à d'autres cultures, les producteurs délaissent peu à peu la production de tournesol.

La baisse des surfaces de tournesol menace les abeilles de disette.

Un désert vert pour les abeilles« 

De 1,2 million d'hectares de tournesol en 1991 en France, on est tombé à 580 000 ha cette année, le plus bas niveau de production depuis 1985 », informe Nicolas Pariset. Philippe Lecompte s'alarme de l'appauvrissement général de la ressource alimentaire pour les abeilles. « On ne s'en rend pas forcément compte, dit-il, car lorsque que l'on circule, que l'on se promène dans nos campagnes, on voit toujours des paysages, de la végétation. Mais, d'un point vue d'une abeille, c'est un désert vert ! Le paysage botanique a profondément changé. Savez-vous par exemple que 90 % du trèfle violet a disparu ? » Cette baisse de la flore mellifère ou nectarifère menace directement les abeilles de disette. « La baisse des surfaces en tournesol depuis 1991 correspond exactement à la baisse de production de miel en France. De 40 000 tonnes de miel en 1991, on est aujourd'hui tombé à une production de 10 000 à 12 000 tonnes. Rien d'étonnant, assure Philipe Lecompte, puisque les deux tiers de la production de miel sont réalisés sur deux productions mellifères que sont le colza et le tournesol. C'est pourquoi tout ce qui entraîne une baisse des surfaces de ces cultures est préjudiciable à la filière apicole. » « Et, sans abeilles, pas de pollinisation », relève Nicolas Pariset. « Le tournesol est indispensable à la production de miel. Et réciproquement, la pollinisation par les abeilles domestiques et sauvages contribue à 30 % du rendement sur tournesol. Et cette contribution atteint 90 % en production de semences. C'est donc une relation de gagnant-gagnant qui est recherchée », explique l'agronome de Terre d'Alliances. Pour cela, la coopérative développe et expérimente des solutions pour à la fois pérenniser la culture de tournesol et nourrir les abeilles. « Nous menons des tests en ce moment pour implanter en intercultures des mélanges de plantes mellifères comme la moutarde blanche, la phacélie ... Une solution qui permettra aux abeilles de trouver de la nourriture à l'entrée de l'hiver », indique-t-il.

L'ambroisie, toxique pour les abeilles !

En plus d'être allergisante pour les personnes, nuisible pour les cultures, l'ambroisie pourrait être toxique pour les abeilles. Un conditionnel de prudence, car même si ce n'est pas encore réellement prouvé, une forte suspicion pèse sur la nocivité de l'ambroisie pour la santé des abeilles. « Les dernières publications scientifiques mettent en évidence la piètre qualité du pollen d'ambroisie préjudiciable à la santé des abeilles. Le pollen d'ambroisie contiendrait des métabolites secondaires présentant une toxicité pour les populations d'abeilles. Autre conséquence, en butinant le pollen d'ambroisie, les abeilles contribuent à sa prolifération. C'est le cercle infernal. Autant de raisons qui expliquent l'appel lancé par les apiculteurs pour que les agriculteurs maintiennent, voire développent, les surfaces de tournesol en Rhône-Alpes mais aussi plus largement en France. Les solutions agronomiques existent. Il faut encore poursuivre la recherche pour les améliorer par la relation étroite entre apiculteurs et agriculteurs. C'est un incontournable pour relever le défi de la lutte contre l'ambroisie », conclut Philippe Lecompte.
C. Dézert

 

Ambroisie / 

Le pic du risque allergie avancé

Pour l’ambroisie, selon Charlotte Sindt directrice du réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), la présence de températures très élevées dans la première quinzaine de juillet amène à réévaluer la prévision faite le mois dernier, en avançant la fourchette de plus forte probabilité à la période allant du 9 au 12 août pour le premier pic susceptible de provoquer un risque allergique non négligeable sur la région lyonnaise, avec le mercredi 10 ou le jeudi 11 comme dates les plus probables.
Ces dates peuvent toujours être avancées de 4 à 5 jours au sud de Lyon (moyenne vallée du Rhône), mais elles seront à retarder pour le nord de Lyon, qui n’a pas connu les mêmes chaleurs et à le fixer à 3, 4 ou 5 jours (au lieu de 1 à 2 précédemment).