Accès au contenu
Volontariat

Agriculteur et sapeur-pompier volontaire, une affaire de cœur

Dans la Drôme, des agriculteurs sont aussi sapeurs-pompiers volontaires. C'est le cas de Daniel Imbert, aviculteur et céréalier mais également capitaine et chef de centre des pompiers d'Etoile-sur-Rhône.
Agriculteur  et sapeur-pompier volontaire, une affaire de cœur

Daniel Imbert est éleveur de poulets certifiés, à Étoile-sur-Rhône. Il travaille pour la société Duc. Il cultive également près de 50 hectares de céréales. Du blé, du maïs, de l'orge, du sorgho, ou encore du tournesol collectés par une coopérative. Il produit aussi des semences. Une affaire qui tourne depuis 1980. Et une vocation qu'il doit certainement à son père, qui était avant à lui arboriculteur. Bref, voilà un agriculteur comme un autre. À une différence près toutefois. A tout moment, et il le sait, il peut être amené à quitter prématurement son exploitation pour vaquer à d'autres occupations. Lorsque le bipeur sonne, il n'y a pas de secondes à perdre : il faut alors se rendre le plus rapidement à la caserne située à quelques minutes. Fini le bleu de travail et place à l'uniforme. Daniel Imbert est en effet sapeur-pompier volontaire, capitaine et chef de centre depuis 1995.
Concrètement, l'éleveur doit rejoindre la caserne en deux à trois minutes ; il doit ensuite se changer dans un temps similaire. Il faut en effet être parti dans les dix minutes pour être sur zone dans les quinze minutes. La caserne d'Etoile-sur-Rhône peut être appelée dans la commune mais aussi à Beauvallon, soit un périmètre qui compte quelque 7 000 habitants. Le centre de traitement des appels peut également demander à la caserne d'intervenir en renfort dans d'autres lieux.

Des opérations diverses

Daniel Imbert se doit de lâcher toute activité pour partir sur des interventions diverses, telles du secours à personne, des incendies ou encore du balisage. Le travail de l'exploitation est alors remis à plus tard. « Quand j'ai débuté, mes parents étaient encore en activité, ils pouvaient donc me remplacer sur l'exploitation. Ma femme m'a aussi aidé un temps ; elle travaille désormais à l'extérieur. Être disponible entre 8 et 12 heures et de 14 à 17 heures, cela est un vrai problème. C'est à ce moment-là que les casernes sont les plus vides. En tant qu'agriculteur, cela est plus facile puisque l'on est son propre employeur. Mais dans le même temps, explique-t-il, on ne fait pas son travail quand même. »

Comme une deuxième famille

« Je suis entré chez les pompiers en 1979, se souvient-il. Il y avait alors une bonne équipe et un esprit de camaraderie. A l'époque, nous étions encore des pompiers communaux. J'avais envie de m'impliquer, qui plus est dans une commune qui est rurale, avec plus de 5 000 hectares. » En territoire rural comme en milieu urbain, une caserne est importante. Mais le capitaine apprécie ici particulièrement les relations avec les habitants, les élus ou encore les services municipaux. « On connaît les puits, les points d'eau. C'est un plus incontournable pour les interventions, ajoute-t-il, ça ne se commande pas. »
Trente-six ans plus tard, cette passion et cette envie ne l'ont pas quitté. Sa fille a d'ailleurs, elle aussi, rejoint les rangs des volontaires de la caserne depuis deux ans. Selon lui, l'intergénérationnel est l'une des forces d'une équipe. « Il y a des jeunes de 17 ans qui entrent, fait remarquer Daniel Imbert. En 1990, il y a eu la création d'une école de jeunes sapeurs ; il n'y en a que cinq dans le département. Aujourd'hui, il y a ainsi 18 jeunes de 12 à 16 ans. Ils se préparent au métier. La formation est nationale, ils valident des unités de valeur qu'ils pourront par la suite faire valoir. »

La caserne d'Etoile-sur-Rhône compte vingt-sept sapeurs-pompiers volontaires.

"Nous recrutons toujours"

Aujourd'hui, la caserne d'Etoile-sur-Rhône compte vingt-sept sapeurs-pompiers volontaires, dont six femmes. Les bonnes volontés sont toujours les bienvenues. La tournée des calendriers, qui se déroule jusqu'à la fin du mois de janvier, ne cesse de le rappeler. « Nous recrutons toujours, nous le faisons toujours savoir, indique Daniel Imbert. Cette tournée, c'est une nouvelle occasion de le dire. Il y a un dialogue qui s'installe avec les familles. » Le chef de centre peut aussi compter sur les portes ouvertes pour voir arriver de nouvelles recrues. « Nous recevons à la caserne les enfants de l'école, des plus petits au CM2. Les camions rouges, cela fait toujours rêver, poursuit-il. Nous arrivons à fédérer. Ces opérations peuvent avoir des retombées. Pas forcément chez nous, à Etoile, mais aussi dans d'autres communes environnantes. »
Daniel Imbert prendra sa retraite en 2017. Son successeur a d'ailleurs été nommé lors de la Sainte-Barbe. Il faut dire que son départ se préparait déjà depuis quatre ans. Mais il restera toujours disponible pour les sapeurs. « À Etoile, on implique les anciens. Voilà pourquoi nous sommes âgés de 12 à 72 ans, sourit Daniel Imbert. On change juste de catégorie. C'est ça la richesse de notre caserne. »
Aurélien Tournier

 

Sdis 26 : plusieurs centaines de formateurs
La Drôme compte 2 800 pompiers dont 2 500 sont des volontaires. Les effectifs sont actuellement répartis dans 80 centres d’incendie et de secours (Cis). Plusieurs milliers d’heures de formation sont mises en œuvre chaque année par le groupement formation sport (GFS) du service départemental d’incendie et de secours (Sdis). Cela va des formations initiales pour les nouveaux volontaires (quatre semaines en continu ou sur trois ans au maximum) aux stages annuels obligatoires (30 heures) et autres apprentissages techniques spécialisés. Le GFS de Saint-Marcel-lès-Valence dispose d’un plateau technique (comprenant notamment une tour d’exercices), d’un parc de matériels et véhicules ainsi que de sites extérieurs mis à sa disposition. A Bourg-lès-Valence, pendant plusieurs années, l'ancienne antenne de la chambre d'agriculture (aujourd'hui démolie) a servi de lieu d'entraînement pour les pompiers en formation. 
Projet de réorganisation : le feu chez les pompiers
Depuis plusieurs semaines, les sapeurs-pompiers volontaires de la Drôme s'inquiètent d'un projet de réorganisation du Sdis (service départemental d'incendie et de secours). Des casernes pourraient ainsi être regroupées, certaines pourraient être fermées. Une vingtaine d'entre elles est concernée d'ici à 2020. Des manifestations ont ainsi été menées et des pétitions lancées dans tout le département. L'Union départementale des sapeurs-pompiers craint notamment la perte d'effectifs, la perte de proximité des secours, la diminution du potentiel opérationnel de réponses aux crises ou encore la difficulté de recrutement de volontaires.