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Blé

Agromousquetaires se lance dans le pain HVE

Après les vins, Agromousquetaires et Intermarché s’engagent dans une nouvelle filière haute valeur environnementale (HVE). D’ici 2025, le groupe industriel souhaite commercialiser 100 % de ses pains de la marque La Campanière sous le label HVE.
Agromousquetaires  se lance  dans le pain HVE

Une baguette, un pain de 400 grammes et un pavé de 550 grammes estampillés d'un logo encore peu connu du consommateur : haute valeur environnementale (HVE). Ce sont les trois nouveaux produits exposés depuis le mois d'avril dans le rayon boulangerie d'Intermarché.
Le groupe est, à ce jour, le premier distributeur à proposer un pain issu d'un blé HVE. Créé par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation en 2012 suite au Grenelle de l'environnement, ce label vise à accompagner les agriculteurs dans la réduction des produits phytosanitaires, dans la gestion de l'eau, l'utilisation des intrants et la préservation de la biodiversité (lire notre article publié dans l'édition du 6 juin 2019 en cliquant sur ce lien).

Un label « troisième voie »

Au total, 33 exploitations céréalières françaises se sont engagées à produire du blé HVE pour le groupe, 15 accompagnées par la coopérative de la Tricherie en Charente (280 producteurs - 32 M€ de chiffre d'affaires), 18 par la coopérative locale La Dauphinoise (5 000 adhérents, 450 M€ CA). « Nous sommes à mi-chemin entre le conventionnel et l'agriculture biologique. Il s'agit d'une troisième voie agricole », présente Olivier Dumont, directeur de la filière boulangerie-pâtisserie pour Les Mousquetaires. Installé sur la ferme familiale à Sainte-Anne-sur-Gervonde (38), Guillaume Simon a été l'un des premiers agriculteurs à prendre part au projet. « La coopérative La Dauphinoise est venue nous voir en nous disant qu'il y avait un train à prendre pour apporter de la reconnaissance à notre travail. Nous avions déjà amorcé une transition vers une agriculture plus raisonnée. C'était aussi une bonne opportunité pour obtenir un revenu plus intéressant », explique l'agriculteur. Proposant des contrats de trois ans, le groupement s'engage à rémunérer entre 35 et 50 € de plus la tonne de blé par rapport aux cours mondiaux tout en garantissant des prix corrects pour le consommateur. À titre d'exemple, une baguette HVE vendue dans l'un des 1 500 points de vente du distributeur sous la marque La Campanière coûte 0,95 €. Le coût d'une baguette issue de l'agriculture conventionnelle de cette même marque est de 0,85 € et de 1,10 € pour une baguette bio. « La démarche HVE, on s'y intéresse depuis un certain temps. Nous réfléchissons à de nouvelles filières à valoriser. Nous pourrions nous positionner sur les fruits et légumes mais pour le moment aucun calendrier n'est fixé », ajoute Yves Audo, président d'Agromousquetaires.

AOD et biocontrôle au service de la HVE

Au bout d'un mois de commercialisation, les débuts sont plutôt prometteurs pour le groupement. « Nous avons vendu plus de 600 000 baguettes, soit la moitié des baguettes conventionnelles commercialisées sous la marque La Campanière », indique Anne Hennequin, chef de groupe du rayon traditionnel et liquides bio d'Intermarché. La gamme de pains issue des exploitations céréalières HVE continuera de s'agrandir avec une promesse de commercialisation de 50 % d'ici quatre ans et de 100 % en 2025 pour la marque du distributeur. À plus court terme, Intermarché prévoit de proposer en plus des trois références déjà existantes un pain complet. « Il nous faut continuer à trouver des variétés résistantes et à utiliser des outils d'aide à la décision pour être plus précis sur les doses d'intrants apportées aux parcelles. Les taux d'IFT (indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires) vont baisser au fur et à mesure », se dit confiant Yves Colomb, président de la coopérative La Dauphinoise. Les audits réalisés par les coopératives sur les parcelles vont aussi permettre aux agriculteurs d'avoir recours à des méthodes de biocontrôle. « Sur le blé, il existe des stimulateurs de défenses naturelles dans la lutte biologique contre les limaces », indique Kevin Bernard, ingénieur agronome pour la coopérative. « Aujourd'hui on est dans la démarche pédagogique. Il faut expliquer au maximum. On voit bien que les personnes lisent beaucoup plus les étiquettes qu'ils ne le faisaient il y a quelques années. Notre démarche est de répondre à cette demande sociétale du manger mieux », reprend Yves Audo.
Un défi de taille face à la multitude de labels existants qui cherchent autant les uns que les autres à se frayer un chemin au domicile du consommateur. 
Alison Pelotier