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Alliculture

Ail : la rouille, toujours problématique en bio

Avec des dégâts pouvant aller jusqu’à 50 % sur le feuillage, sans parler des conséquences sur le rendement et la taille des bulbes, la rouille de l’ail reste une problématique pour les producteurs. En bio, les solutions se réduisent à peau de chagrin. Des essais semblent toutefois montrer une certaine efficacité, qui reste bien entendu à confirmer.
Ail : la rouille, toujours problématique en bio

Existe-t-il des solutions pour lutter contre la rouille de l'ail en agriculture biologique ? Cette maladie foliaire particulièrement dommageable entraîne des dégâts allant de 15 à 50 % sur le feuillage, impactant par la suite rendement et taille des bulbes. Puccinia allii est le principal agent responsable de la rouille des Allium et sa nuisibilité est très liée aux conditions climatiques : des températures de 15°C associés à 100 % d'humidité pendant quatre heures constituent un cocktail explosif pour la maladie, l'agent pathogène étant actif entre 10 et 24°C, avec un optimum proche de 18°C. Sa durée d'incubation est de 20 jours.
Depuis plusieurs années, les centres d'expérimentation travaillent sur des stratégies de lutte contre la rouille de l'ail, à commencer par le Cefel* de Montauban et Moissac, l'ail étant une des six espèces travaillées par la station régionale. « En 2017, nous avons réalisé plusieurs essais de produits pour voir leur efficacité contre la rouille », expliquait dernièrement Françoise Leix-Henry, du Cefel, en charge du programme d'expérimentation « ail » (voir tableau des produits testés), lors de la journée régionale bio, organisée à l'initiative de la chambre régionale d'agriculture Occitanie, à Marsillargues (34).

La production bio en culture d’ail est soumise notamment à la pression de maladies comme la rouille, mais aussi de la mouche. ©C.Zambujo

Un premier bilan

Le bilan de la première année d'essai, qui reste bien entendu à confirmer, montre que les premiers pustules sont arrivés début avril avant une installation progressive de la maladie au cours de la deuxième quinzaine de mai. Par ailleurs, les conditions climatiques de l'année ont limité le développement de la maladie qui a touché la végétation en fin de cycle, sans grand impact sur le grossissement des bulbes. Enfin, les modalités à base de cuivre, soufre, cuivre + soufre « et dans une moindre mesure d'huile essentielle d'oranges douces » se démarquent par une intensité d'attaque plus faible. « Il va nous falloir revoir ces informations ultérieurement car 2017 n'a pas été une année à forte pression et les résultats pourraient donc être plus discriminants dans des conditions plus tendues », a expliqué Françoise Leix-Henry.
Le Cefel a donc remis en place cet essai sur la campagne 2017-2018 pour « valider ces premières observations et associer notamment le limocide et le thiovit, une association qui a par ailleurs montré d'intéressants résultats sur melon ». D'autres indications ont également été enregistrées : ainsi, plus la végétation est « boostée », plus l'ail est sensible à la rouille. « Attention donc à la gestion de la fertilisation azotée. »

Diverses modalités

Chaque solution a été appliquée six fois du 15 mars au 17 mai, avec une première application en préventif précoce avant l'apparition des premiers pustules (apparus le 7 avril). « Nous avons opéré ces applications de préférence le matin sur feuillage sec et nous n'avons jamais eu de problèmes de sélectivité », rapportait la spécialiste. À noter, l'année 2017 s'est caractérisée par des plantations en périodes froides (janvier) suivies d'un épisode sec et aux températures élevées, « donc peu favorable au développement des maladies ».
Au 12 avril, les taux d'attaques étaient faibles sur toutes les modalités (de l'ordre de 0 à 10 % de plantes attaquées) avant une montée en puissance de la fréquence d'attaque à partir du 25 avril : « À ce stade, nous avions entre 20 et 60 % de plantes attaquées et la culture a subi par la suite des attaques exponentielles, avec 100 % de fréquence d'attaque au 30 mai ».
En termes d'intensité (classées en quatre catégories), aucune différence n'est apparue sur les trois premières notations (12 et 25 avril, 12 mai). « Au 30 mai, trois profils de réponse de ces solutions ressortaient » avec un témoin non traité présentant une intensité d'attaque de 2,8 : un premier groupe équivalent au témoin, composé des solutions Serenade et Form+, avec des intensités comprises entre 2,6 et 2,9 ; le limocide, au profil intermédiaire avec une intensité de 2,5 ; et un troisième groupe avec des intensités d'attaque significativement différentes, comprises entre 1,8 et 2, et composé du thiovit, du kocide et de leur association.
Du côté du poids commercialisé, les observations ne permettent pas de mettre des différences entre les modalités, tout comme au niveau du calibre.
Céline Zambujo
* Cefel : centre d'expérimentation en fruits et légumes de Midi-Pyrénées.