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Alliculture

Ail : le binage retrouve tout son intérêt

Dans le cadre d'Innov'action, la chambre d'agriculture de la Drôme, en partenariat avec le Groupe ail - Ecophyto 30 000, a organisé une journée sur le thème « Désherbage mécanique de l'ail : des outils performants et innovants ».

Ail : le binage retrouve tout son intérêt

« Pour répondre aux attentes sociétales, la profession agricole est amenée à réduire l'emploi de produits phytosanitaires et de s'engager dans des pratiques alternatives et durables », explique Mikaël Boilloz, conseiller légumes et spécialisé sur l'ail à la chambre d'agriculture de la Drôme. Le 17 avril, dans le cadre du Groupe ail (plan Ecophyto 30 000), il a reçu près de cent vingt personnes sur l'exploitation de Ludwig Blanc à Chabrillan pour une après-midi de démonstration de matériels destinés au désherbage mécanique de l'ail. En présence de constructeurs et concessionnaires, plusieurs démonstrations ont été effectuées sur une parcelle d'ail, cultivée en conventionnel, avec 45 centimètres d'écartement entre les rangs. « Les outils alternatifs présentent un fort intérêt agronomique. Ils deviennent incontournables pour les producteurs », poursuit le conseiller.

La robotique, un sujet d'avenir

Mikaël Boilloz, conseiller grandes cultures et légumes à la chambre d'agriculture de la Drôme, a été le chef d'orchestre de cet après-midi de démonstrations d'outils à destination du désherbage mécanique de l'ail.
© Journal L'Agriculture Drômoise La herse étrille Carré est conçue pour un travail horizontal, avec un système de double dent permettant de s'adapter aux cultures spécialisées.
© Journal L'Agriculture Drômoise Quelque peu délaissé, le binage retrouve aujourd'hui tout son intérêt en termes de destruction des adventices, d'amélioration du sol, de destruction de la croûte de battance, d'activation de la minéralisation, etc.

 Côté innovation, le robot Dino de chez Naïo Technologies, destiné au maraîchage, a été au cœur des discussions. Commercialisé depuis 2016 à un prix avoisinant les 100 000 euros, Dino est un robot de désherbage autonome grâce à son système guidage GPS RTK. Les outils du robot sont guidés par caméra, lui permettant de détecter les lignes de cultures légumières. L'arrivée de la robotique dans le monde agricole permettrait ainsi de répondre à la pénurie de main-d'œuvre mais aussi d'apporter une meilleure précision et un gain de temps aux producteurs. Le constructeur travaille actuellement sur un prototype d'outil destiné à la lavande et au lavandin. Distribué par Valsoleil, le robot est présent en grandeur nature sur l'exploitation BBL à Eurre.
Le rendement, la hantise des producteurs
Le Groupe ail (plan Ecophyto 30 000) animé par la chambre d'agriculture de la Drôme a réalisé depuis 2015 des essais afin de comparer l'impact du désherbage mécanique sur le rendement, avec ou sans utilisation de produits phytosanitaires. Aucune différence significative n'est apparue sur les trois essais effectués. Fin 2019, une nouvelle expérimentation sera réalisée sur le site d'Etoile-sur-Rhône, dans le cadre du dispositif Pepites*, pendant trois ans : « L'objectif sera de comparer trois conduites : chimique, biologique et mixte, et de mesurer l'impact du salissement de la parcelle et le rendement », explique Mikaël Boilloz.

Amandine Priolet

* Processus écologiques et processus d'innovation technique et sociale en agriculture de conservation.

Ludwig Blanc, membre du réseau Dephy

L'après-midi de démonstrations s'est déroulée sur l'exploitation de Ludwig Blanc, agriculteur depuis 2004 sur la ferme familiale à Chabrillan. L'exploitant cultive trente huit hectares, principalement en plantes aromatiques : du basilic, du thym et de la coriandre pour la surgélation, ainsi que de la mélisse pour l'huile essentielle et l'herboristerie. Parmi ses autres activités, il cultive du tournesol et du maïs semence, du blé dur, et de l'ail. « Il fallait se développer et produire des cultures à valeur ajoutée », explique-t-il. Ludwig Blanc fait également partie du groupe Dephy Ecophyto 30 000 : « Je produis en conventionnel et en culture irriguée, sous certification Global Gap. Je suis dans une logique de baisse des intrants, à la recherche de solutions pour le désherbage en fin de cultures notamment ». Quant aux innovations présentées ce jour-là, et notamment le robot Dino de Naïo Technologies, Ludwig Blanc avoue : « C'est une belle idée d'innovation. Dans cinq à dix ans, cet outil finira par se démocratiser. C'est d'ailleurs une bonne chose que Valsoleil ait mis le pied dedans. Il n'est pas impossible que la coopérative nous fasse des prestations d'ici quelques années. Les professionnels y montrent de plus en plus d'intérêt... Il n'y a qu'à voir le monde aujourd'hui... ».