Ail : les rendements au rendez-vous, les prix aussi

A l'issue de son allocution, lors de l'assemblée générale qui s'est tenue le 6 avril à Eurre, le président du GIE L'ail drômois Jean-Luc Judan a mis en avant pas moins de quatre leaderships : mondiaux pour les plants certifiés et pour les plants certifiés bio et conventionnels, français pour l'ail de consommation bio et pour « le plus bel ail blanc ». Un bilan très positif, tant du point de vue de l'ail de consommation que de celui des plants. « Nous n'avions jamais connu de tels rendements (de l'ordre de 30 % supplémentaires) grâce à une météo très favorable. Ils ont été conjugués avec des prix de vente en hausse », a souligné Philippe Besset, responsable du secteur plants et président d'Unisem Drom dont l'assemblée générale s'est déroulée juste avant.
Des ventes en hausse
Les ventes d'ail sur le marché français sont reparties à la hausse et la commercialisation export poursuit son développement. De cinq pays en 2008, elle est passée à vingt-quatre, avec de nouveaux marchés principalement en Europe centrale et de l'est. L'Allemagne vient de rejoindre ces marchés, de même que le Portugal. La saison a été très bonne également pour les plants d'échalote. Mais cela n'a pas été le cas pour les plants bio, avec des rendements très en dessous de la moyenne en raison de cette même météo, cause de fortes attaques de rouille impossibles à éradiquer pour l'instant. Il existe un fort potentiel à l'export mais il n'a pu être satisfait du fait de la baisse de production.
L'ail de consommation bio est en légère augmentation. Une partie de la production a été vendue pour l'industrie (ail en poudre), cette valorisation devrait se développer. Pour l'ail de consommation conventionnel, la satisfaction est la même que pour les plants puisque 30 % de tonnage supplémentaire a été vendu. Prix de vente entre 1.80 et 3.00 € selon la catégorie de produits pour une rémunération moyenne finale de 2,83 euros au producteur. André Piallat, chargé de ce secteur, l'a souligné, avant de relever deux causes à cette situation. Le facteur économique : des prix élevés de l'ail d'Argentine (4 euros le kilo), d'Espagne (2,50 à 3 euros) et de Chine (2 500 dollars la tonne), donc non concurrentiels. Et le facteur humain : le travail des producteurs et de certains metteurs en marché comme Philippe Quaranta, le directeur de Jardins du midi qu'il a cité. André Piallat a néanmoins noté : « II faudra défendre ce prix minimum, ce ne serait pas acceptable qu'il baisse, les charges sont constantes, voire à la hausse. Rappelez-vous : quatre saisons médiocres pour une bonne ! »
Le dialogue encouragé
Jean-Luc Judan a lui aussi rappelé les difficultés des années précédentes et la nomination de médiateurs voici deux ans. Avec au final une collaboration qui a porté ses fruits puisque les ventes du GIE ont augmenté globalement de 19 % en 2016 : « En 2017, nous souhaitons développer nos relations avec les clients historiques et consolider notre diversification ». Il a évoqué le durcissement des exigences pour l'octroi des aides de l'État et insisté sur l'importance du programme opérationnel qu'il a qualifié d'« enjeu économique important, avec 800 000 euros par an à la clef ». Stéphane Boutarin, président de l'Apad1 et vice-président de l'Aniail2, a constaté : « Les prix plus élevés de l'ail étranger ont déstabilisé l'ensemble du marché l'an dernier. Des échanges ont lieu avec l'Italie et l'Espagne mais le développement au niveau de l'Europe est très lent. Pour autant, la commission agricole est satisfaite qu'un dialogue existe au sein de la filière et elle nous encourage ». Et à propos du négoce, il s'est félicité de la reprise du mouvement interprofessionnel. « On y arrivera ensemble », a-t-il confié.
Philippe Quaranta, pour sa part, a émis quelques réserves : « Nous, metteurs en marché, sommes très touchés par la production espagnole qui représente 70 % du volume européen. On combat un système de dumping. Restons en alerte ! » Et il a ajouté : « On peut espérer une hausse de 10 à 15 % de la production française. Et, en ce qui concerne les prix, qui sont presque identiques dans le monde entier, on attend les prévisions de la Chine. »
L'avenir
André Piallat s'est interrogé sur l'avenir de l'ail, dans un contexte, a-t-il dit, « de quatrième révolution agricole ». Et d'observer : « Notre ail doit être sain pour le consommateur tout en étant issu de processus de production durables. La réponse n'est pas simple. Le zéro phyto est incompatible à ce jour avec un impératif de qualité visuelle, le bio est une réponse imparfaite à une exigence légitime. Il est urgent de se doter des outils nécessaires. Nous devons apporter des garanties aux consommateurs tout en évoluant dans nos pratiques pour produire autrement. » Rapahël Reboul, président de Prosemail3, a évoqué la recherche en matière de produits phytosanitaires. Il a annoncé un poste désormais partagé entre Prosemail et l'Apad, avec un mi-temps d'ingénieur technique et un d'animatrice. Et « une liste des produits homologués va être établie en interne », a précisé Stéphane Boutarin.
A signaler encore, le GIE va investir cette année dans un bâtiment de 200 mètres carrés et un bureau supplémentaire. Un laboratoire de biotechnologie va être créé, avec une partie « pathologies ». Un chef de centre a été recruté, il prendra ses fonctions début juin.
Elisabeth Voreppe
1 Apad : association des producteurs d'ail de la Drôme.
2 Aniail : association nationale interprofessionnelle de l'ail.
3 Prosemail : association des producteurs de plants certifiés d'ail et d'échalote.
Le GIE L'ail drômois en 2016
- 60 producteurs adhérents.
- Plants d’ail en agriculture conventionnelle : 289 hectares (ha) et 2 882 tonnes récoltées dont 700 vendues à l’export. En France : 1er marché dans le Sud-Ouest.
- Plants d'ail bio : 17 ha et 69 297 kg (contre 87 765 en 2015).
- Ail de consommation conventionnel : 194 ha et 2 343 tonnes.
- Ail de consommation bio : 30 ha et 157 tonnes.