Ail : un bon cru 2020
Alors que les fêtes rendant hommage à l’ail de la Drôme ont été annulées cet été en raison de la Covid-19, ce produit phare de la région est de plus en plus prisé par les consommateurs français.

«La récolte 2020 s’est déroulée dans de bonnes conditions, juste après les pluies. Même si nous avons rentré beaucoup de terre, l’ail est de bonne qualité. L’ail violet s’est notamment démarqué par sa très belle coloration. Pour autant, nous avons récolté moins de volume que les années précédentes », signale André Piallat, producteur d’ail à Sauzet, mais aussi vice-président du GIE* l’Ail Drômois et responsable commercial de l’entité. Malgré cela, le représentant du GIE déplore que « certaines enseignes commerciales ne fassent pas la différence entre un ail de bonne ou mauvaise qualité ». Et de regretter : « Certaines d’entre elles ne se basent que sur l’aspect visuel. C’est complètement stupide d’acheter seulement avec les yeux. La qualité de notre ail ne laisse pas de place au doute. Nos exploitations sont engagées dans des démarches de qualité, telles que l’IGP Ail de la Drôme, Global Gap, HVE, etc. Ce n’est pas parce que l’ail n’est pas tout à fait blanc qu’il n’est pas sain, ni gustatif… »
Des prix intéressants et rémunérateurs
Chaque année, les producteurs regroupés au sein du GIE l’Ail Drômois cultivent environ 300 hectares et produisent près de 2 000 tonnes d’ail. « Le GIE est d’ailleurs à la recherche de producteurs souhaitant s’investir dans une culture qui demande beaucoup d’attention, certes, mais qui reste rémunératrice, annonce André Piallat.
Cette année, les prix sont intéressants et en évolution par rapport aux années précédentes », souligne le vice-président. Une hausse des prix qui peut s’expliquer par une plus forte demande d’ail français. Et alors que la concurrence étrangère, et plus particulièrement espagnole, fait souvent concurrence à la production française, ce n’est pas le cas cette année. « L’Espagne n’a pas eu d’ail de bonne qualité lors de sa dernière récolte, en termes d’aspect visuel. »
Moins de 10 % de vente à l’export
Une explication qui pourrait se rajouter aux difficultés entraînées par la crise sanitaire : « Nous n’avons pas encore assez de recul pour savoir si la crise a eu un impact sur notre commercialisation », ajoute André Piallat.
En termes de commercialisation justement, les producteurs drômois poursuivent leurs engagements auprès de leurs partenaires en grande distribution. « Système U, Casino et Intermarché, pour ne citer qu’eux, montrent un véritable engouement, via le comportement des consommateurs, pour acheter de l’ail français en direct », complète le producteur d’ail. Seulement 5 à 10 % d’ail français est exporté, dans les pays de l’Est, en Italie ou vers les Antilles.
Amandine Priolet
* GIE : groupement d’intérêt économique.
Un marché porteur pour l’ail de semence

L’union de coopératives Top Semence cultive environ 80 hectares à l’année d’ail de semence, blanc et violet. Et là encore, le cru 2020 apporte des satisfactions : « L’ail violet a une couleur parfaite et l’ail blanc est très sain, souligne Blaise Rolland, responsable Filières à Top Semence. La quantité est somme toute modérée, avec des calibres raisonnés. Mais la qualité est au rendez-vous ».
La totalité de la récolte d’ail semence a été vendue, soit environ 700 tonnes, « sans aucun déclassement », pour moitié en France et à l’export. « Nous faisons face à un marché porteur cette année : l’effet Covid-19 a fait consommer davantage d’ail. De plus, la disponibilité en Chine a été très limitée et la production espagnole de moindre qualité. Enfin, l’ail du Sud-Ouest a payé les conséquences d’une trop grosse quantité d’eau au moment des récoltes », prévient-il. La satisfaction est donc de mise cette année et l’avenir se veut florissant : « Les perspectives de développement sont intéressantes pour les prochaines années », conclut Blaise Rolland.