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Rencontres du Crédit Agricole

Aléas climatiques : des initiatives collectives pour sécuriser le revenu

« Sécuriser vos revenus face aux aléas climatiques, une affaire collective ? », tel était le thème des rencontres économiques agricoles du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, cette fin novembre.
Aléas climatiques : des initiatives collectives pour sécuriser le revenu

Les quatrièmes rencontres économiques agricoles du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, le 28 novembre à Valence, étaient consacrées à la sécurisation des revenus face aux aléas climatiques avec des démarches collectives. « Malheureusement, 2019 nous rappelle que l'insécurité est totale », a constaté le président de la caisse, Jean-Pierre Gaillard en ouverture.
A l'Uvica (union des vignerons ardéchois), a expliqué son président, François Guigon, 80 % des vignes (plus de 5 000 hectares) sont assurées (assurance de groupe). Elle aide les jeunes installés à assurer leurs récoltes (financement dégressif sur quatre ans, de 80 20 %). Et 11 des 12 caves d'Uvica sont assurées en carence d'apports (l'union finance 50 % de la cotisation). En cas de sinistre climatique chez les vignerons, elles touchent une somme à l'hectolitre (qu'elles choisissent).
La Dauphinoise, elle, a mis en place un système assurantiel de sécurisation du revenu des adhérents, a signalé son président, Jean-Yves Colomb. Il s'agit de la garantie Ter'Assur : 137 agriculteurs aujourd'hui engagés et 3 254 hectares couverts. Pour le président de la Dauphinoise, l'épargne-trésorerie « peut être un levier supplémentaire ». Et d'observer encore : « Il faut arriver à développer un conseil plus global pour apporter des solutions en termes de gestion des risques ».

L'assistance aux quatrièmes rencontres économiques agricoles du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes consacrée à la sécurisation des revenus face aux aléas climatiques avec des démarches collectives.

Assurance, épargne de précaution, protection physique

L'association Fruits Plus, a expliqué son président, Régis Aubenas, participe à la gestion du plan régional de cette filière. L'assurance récolte peut être une réponse pour sécuriser à minima le revenu « mais elle est coûteuse, a-t-il rappelé. Les moyennes olympiques posent problème et les franchises sont de plus en plus élevées. Le président de la FDSEA, Grégory Chardon, a appuyé : « L'outil n'est pas adapté, les franchises ne sont pas supportables ». Quant à l'épargne de précaution, celui-ci la considère comme « un outil adapté mais peu d'agriculteurs pourront en faire en 2019 ». Et il a mis l'accent sur le besoin d'un engagement fort de l'Etat pour aider les agriculteurs à protéger physiquement leurs vergers.
La protection physique des vergers, en cas de grêle, c'est s'assurer une production et de ne pas perdre de parts de marchés, a fait remarquer le président de Fruits Plus. « Planter sans protection physique, aujourd'hui, est utopique », a ajouté la présidente de la coopérative Lorifruit, Katia Jeune-Sabatier. Cependant « l'installation de filets paragrêle double le coût de plantation, a précisé Régis Aubenas. Il faut donc avoir une capacité d'investissement et un minimum d'activité pour supporter cette charge ». Là, la Région apporte un soutien « vraiment intéressant ». Elle aide, « au moins jusqu'à 2021 », la protection physique des vergers à hauteur de 60 % de l'investissement. 10 % de plus sont attribués aux jeunes agriculteurs et autant en zone de montagne. « N'a-t-on pas intérêt à analyser la part du risque climatique sur l'exploitation pour trouver les meilleures réponses ? », a encore interrogé Régis Aubenas.

Annie Laurie
Crédit Agricole Sud Rhône Alpes
« Accompagner de façon efficace »
Lors de ces quatrièmes rencontres économiques agricoles du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, « notre engagement est d'accompagner les agriculteurs de façon efficace », a assuré le directeur général, Christian Rouchon. Et ce, sur trois axes : des financements adaptés pour la protection physique de cultures, une assurance ciblée et l'épargne de précaution. La protection physique « sécurise une régularité de production, donc aussi des entreprises de l'aval », a-t-il commenté. L'assurance, elle, « sécurise le caractère directement financier. Mais il faut le dire : pour tous les assureurs, ce secteur perd de l'argent ». Quant à l'épargne de précaution, « c'est un levier à utiliser les années où l'on peut économiser ».
Des diagnostics d'exploitations pour ajuster les leviers
Christian Rouchon a évoqué le diagnostic d'exploitations pour comprendre leur situation économique et déterminer leur sensibilité aux risques climatiques. « A partir du diagnostic, on essaiera d'ajuster la bonne démarche, on pourra panacher les solutions. Nos équipes vont être mobilisées pour en réaliser au moins une centaine avant la fin du premier trimestre 2020. »
Jean-Christophe Roubin, directeur du marché agriculture de Crédit Agricole SA.
La résilience des exploitations
La résilience des exploitations est l'un des axes du nouveau plan stratégique 2022 du groupe Crédit Agricole SA. « Il n'y a pas qu'une solution. C'est une combinaison de solutions », a dit Jean-Christophe Roubin, directeur du marché agriculture en son sein. L'épargne de précaution (12 000 comptes ouverts au Crédit Agricole et 80 millions d'euros recueillis) « doit être la base ». La protection physique des vergers, elle, « est coûteuse. Comment la financer sans grever le bilan ? » Concernant l'assurance, le ministre de l'Agriculture a lancé trois groupes de travail suite aux aléas de cette année : sur l'assurance socle ; les liens entre le régime des calamités agricoles et le régime assurantiel ; la problématique spécifique de l'arboriculture. « Le Crédit Agricole est engagé dans ces travaux. »
A. L.

 

Le point de vue du préfet

Hugues Moutouh, préfet de la Drôme.
Le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, participait à ces rencontres du Crédit Agricoles Sud Rhône Alpes. « Ce qui m'embête, a-t-il confié, c'est la concurrence entre les dispositifs public et assurantiel. Beaucoup d'agriculteurs ne s'assurent pas car c'est coûteux et il n'y a pas d'incitation des pouvoirs publics. Le dispositif est bien plus sur le curatif que le préventif. A un moment donné, il faudra que l'Etat fasse un choix pour inciter les agriculteurs à s'assurer. Il faudra opérer une migration d'enveloppe. C'est une première réponse. »
Le préfet a enchaîné sur une autre piste : les fonds d'investissement d'impact (impact investing, en anglais), qui ont la particularité de ne pas rechercher la rentabilité. Ils pourraient aider les agriculteurs à obtenir des prêts avantageux, à financer des équipements pour se protéger des aléas climatiques.
« Je pense qu'on doit construire un véhicule public-privé avec des grandes institutions, des banques pour aider les PME agricoles à s'équiper afin de faire face au changement climatique. Cela se fait dans d'autres domaines. J'ai bon espoir qu'on puisse arriver, avec la BPI*, à créer ce véhicule en France. »
* BPI : banque publique d'investissement.