Alimentation : coup de projecteur sur ces filières qui innovent

Un portrait de la France en 2025 (1), réalisé par le cabinet Blezat Consulting, le Credoc(2) et Deloitte développement durable, a été présenté en préambule du colloque Inno'Fil. De 67 millions en 2018, le nombre de consommateurs devrait passer à 70 millions en 2025, avec des demandes générationnelles différentes. Le nombre de ménages constitués de personnes seules devraient encore augmenter (34 % en 2012, ils seront 44 % en 2025) et la part de personnes de 65 ans et plus devrait atteindre 22 % en 2025. Suite à cette étude, seize fiches « tendances et impacts » ont été réalisées pour accompagner les entreprises. Elles s'avèrent également très utiles pour les filières agricoles dans la mise en place de stratégies d'adaptation.
Bleu-Blanc-Cœur : une alimentation « santé durable » du champ à l'assiette
Jean-Pierre Pasquet, éleveur laitier et co-président de Bleu-Blanc-Cœur (BBC)avait fait le déplacement depuis sa Bretagne pour présenter l'association créée en 2000, qui regroupe aujourd'hui près de 7 000 producteurs, 1 400 produits et qui a été rejointe par 1 200 professionnels de la santé. « Nous avons pour vocation d'être leader de l'alimentation santé durable et de créer de la valeur ajoutée qui revienne au producteur. Ce que nous prônons : améliorer la santé de l'homme en repensant les modes de production, travailler en amont sur la filière pour proposer une alimentation la plus équilibrée possible avec une création de valeur sur la nutrition et l'environnement », explique-t-il. En bref : construire une chaîne alimentaire dédiée à la santé des animaux et des hommes. Les adhérents inscrits dans la démarche, qu'ils soient cultivateur, producteur, fabricant d'aliment du bétail, transformateur ou distributeur, ont l'obligation de respecter un cahier des charges qui induit non seulement une obligation de moyens (ration des animaux contrôlée et tracée) mais aussi de résultat (analyse sur les produits). « Cela donne à l'éleveur une fierté et un retour de son travail », ajoute Jean-Pierre Pasquet. Pour le lait par exemple, les éleveurs bénéficient d'une plus-value par rapport au prix de base de 15 à 20 €/1 000 litres. BBC est aujourd'hui la seule démarche d'intérêt nutritionnel et environnemental reconnue en France, en Europe et aux Nations unies. L'association est contrôlée par un organisme tiers indépendant.
C'est qui le patron ? 76 millions de litres de lait déjà vendus !
L'aventure a débuté en 2016 à l'initiative et grâce à la ténacité de Martial Darbon, président de la coopérative Bresse Val-de-Saône, en association avec Nicolas Chabanne, fondateur du collectif « Les Gueules Cassées – La Marque du Consommateur ». Un lait vendu 99 cts au consommateur et qui rémunère au juste prix son producteur : 39 cts le litre. Aujourd'hui 300 exploitations laitières sont inscrites dans la démarche, sur douze départements. Le lait est distribué dans une vingtaine d'enseignes. « Il n'y a pas de commerce durable s'il n'est pas équitable. Un modèle qui est vraisemblablement amené à se développer et s'étendre demain. Cela permet de ramener une dynamique de qualité, avec une transparence du produit de base, du produit noble, vendu au consommateur », témoigne Martial Darbon.
(1) Étude commandée dans le cadre du Contrat de la filière alimentaire et financée par le Programme 215 du ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt et par l'Ania, la CGAD, la CGI, Coop de France, la FCD et FranceAgriMer.
(2) Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie.
ALIMENTATION / Les grandes tendances
• Alimentation durable : des produits écologiques plébiscités, moins d’emballages pour les aliments, bien manger pour être en bonne santé, de nouvelles pratiques de consommation collaborative, le développement du commerce équitable et local.• Alimentation santé – bien-être : recherche d’aliments « allégés » pour les personnes qui suivent un régime, d’aliments sans allergènes, d’une alimentation fonctionnelle, engouement pour les possibilités liées aux avancées en nutrigénomique.
• Alimentations particulières et communautés : le consommateur achète de plus en plus de produits, de marques qui expriment son identité culturelle et contribuent à la réalisation de soi au sein d’une communauté.
Un consommateur stratège : face aux contraintes budgétaires, le consommateur cherche à profiter de bonnes affaires tout en continuant à se faire plaisir. Il développe des comportements stratégiques : recherche des prix bas et des promotions, gagner du temps, consommer moins et consommer mieux.
• Une consommation plus « digitale » : développement des pratiques d’achat en ligne, recherche de praticité, de gain de temps, livraison à domicile…
• Le faire soi-même : il traduit la volonté pour certains consommateurs de maîtriser le contenu de leur repas et la manière dont il a été préparé. Le « cuisiné maison » répond également à une recherche de lien social et de convivialité.
• Moins de gaspillage alimentaire : les consommateurs sont et seront de plus en plus nombreux à s’engager dans cette lutte ; à la fois pour des raisons économiques, environnementales et sociétales.
• Plus de transparence : suite aux scandales alimentaires, les consommateurs recherchent davantage de transparence sur l’origine, la composition, l’apport nutritionnel ainsi que les conditions de production des produits qu’ils achètent.
• Proximité : qu’elle soit géographique (produits locaux/régionaux) ou relationnelle (circuits courts, relations avec le primeur, l’artisan…), la recherche de proximité devrait se poursuivre à l’horizon 2025, portée par l’essor des préoccupations environnementales et liées à l’emploi local ainsi que le refus grandissant d’une économie mondialisée.
• Recherche de naturalité : une attention particulière portée à la consommation des aliments en privilégiant ceux sans conservateurs, additifs, colorants artificiels…mais aussi sans OGM, pesticides, antibiotiques, hormones.