Accès au contenu
Installation

Aline Vernet : une détermination sans faille

Face aux protestations de certains de ses voisins, Aline Vernet, jeune agricultrice de Saoû, a dû faire preuve de ténacité pour mener à bien son projet d’élevage avicole.

Aline Vernet : une détermination sans faille
élus, famille, proches et jeunes agriculteurs avaient fait le déplacement jusqu’à Saoû, où se trouve l’exploitation d’Aline Vernet, installée en polyculture élevage depuis 2020. © AP

Comme de tradition, les Jeunes Agriculteurs (JA) de la Drôme mettent en lumière celles et ceux qui osent franchir le pas de l’installation. C’est le cas d’Aline Vernet, quatrième génération d’une famille d’agriculteurs sur Saoû. La jeune femme, aujourd’hui âgée de 27 ans, s’est installée le 1er janvier 2020 sur des parcelles appartenant à son père, en grandes cultures et volailles. 
Après un baccalauréat à la MFR de Divajeu puis un BTS Acse (analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole) à la MFR de Saint-Laurent-Chamousset (69), Aline Vernet a travaillé durant quatre ans au sein des Ets Sicoit, en tant que commerciale pour la marque New Holland. 
Désireuse de poursuivre l’histoire familiale, elle a franchi le pas de l’installation en 2020, d’abord sur 25 hectares puis sur 75 ha depuis le départ en retraite de son père. Aujourd’hui, la jeune agricultrice cultive 62 ha en grandes cultures, répartis comme tel : 10 de blé dur, 10 de blé tendre, 2 d’orge, 20 de luzerne, 10 de tournesol semences, 4 de maïs semences et 5 de sorgho. L’exploitation compte aussi un atelier plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) sur 12 ha. La jeune femme y cultive, en agriculture biologique, de la lavande et du lavandin pour produire l’huile essentielle qu’elle souhaite prochainement écouler en vente directe sous le nom commercial La ferme d’Aline. 

Des ateliers diversifiés pour une meilleure rentabilité

Enfin, elle a fait construire deux bâtiments de 450 m² chacun pour l’élevage de poulets de chair en agriculture biologique. Depuis mars 2021, 9 000 poulets (de 1 à 88 jours) sont répartis dans les deux bâtiments qui comptent chacun deux hectares de parcours. Ses volailles sont ensuite abattues au sein de l’abattoir Les Volailles du Dauphiné Capag, à Châteauneuf-de-Galaure, puis commercialisées par la coopérative Valsoleil en magasins bio. 
Cette diversification, Aline Vernet l’a souhaitée avant tout pour s’assurer des rentrées d’argent tout au long de l’année (chose que le seul atelier céréales ne permettait pas, ndlr), d’autant plus que son installation a demandé près de 500 000 euros d’investissement, bien que soutenue par la dotation jeune agriculteur et une aide régionale. Pour autant, son parcours d’installation n’a pas été un long fleuve tranquille. « L’affichage de mon permis de construire, au bord de la route, le 29 octobre 2019, a signifié le début des ennuis ! », a-t-elle expliqué, devant famille, amis et partenaires, le 17 mai lors de l’inauguration de son exploitation.

Un parcours du combattant

Deux semaines plus tard, elle recevait près de vingt-cinq lettres recommandées de la part de certains de ses voisins (en résidence secondaire) mécontents. « Nous avons tenté de discuter en organisant une journée rencontre avec Valsoleil chez un collègue éleveur, pour leur montrer qu’il n’y avait pas de risque de bruits, d’odeurs, de mouches... Mais aucune entente n’a pu être possible », relate la jeune femme. S’en est suivie une pétition, vite échouée, puis une guerre des panneaux entre voisins soutenants et voisins opposants. « J’ai été très touchée du soutien de mes voisins permanents mais aussi de ma famille et des partenaires comme Valsoleil », a-t-elle souligné. Toutefois, Aline Vernet a dû faire preuve de détermination et de ténacité pour défendre bec et ongles son projet, les opposants ayant déposé deux recours en justice. « à peine installée, j’étais déjà au tribunal », regrette-t-elle, alors qu’elle a respecté à la lettre les réglementations du plan local d’urbanisme (PLU) de la commune. Si elle a eu gain de cause pour sa demande d’exploiter en préfecture, Aline Vernet est toujours en procédure au tribunal pour son permis de construire. Une situation qui montre une nouvelle fois les difficultés auxquelles doivent faire face les jeunes agriculteurs lors de leur installation. « Les problématiques des jeunes sont très souvent liées à l’installation. L’agriculture, c’est merveilleux, avec de belles machines et de beaux outils de production. Mais il faut se battre, avoir un soutien fort de ses partenaires, ne pas s’isoler et se nourrir des forces du réseau », a conclu Jordan Magnet, vice-président de JA 26, en charge du dossier installation.

Amandine Priolet

Dès son projet d’installation et de construction de bâtiments d’élevage, Aline Vernet a dû faire face aux protestations de certains de ses voisins. © AP