Les années passent mais l'histoire de cette entreprise reste familiale. C'est en 1922 que Louis Arnaud prend la suite de ses aînés, forgerons et maréchaux-ferrants. Dès ses débuts, l'entrepreneur choisit de s'orienter vers la réparation de matériel agricole. La marque Alma, pour "Arnaud Louis machines agricoles", sera véritablement lancée quatre ans plus tard, en 1926.

Une saga familiale

Soucieux de vouloir diversifier ses activités, Louis Arnaud se lance dans la fabrication de charrues vigneronnes à traction animale. En 1930, il développe une activité de négoce en machines agricoles et, à compter de 1946, il fabrique aussi des herses articulées ainsi que des charrettes à pneumatiques. Ces dernières évolueront progressivement vers des remorques, puis des remorques basculantes. L'année 1958 marque l'arrivée des frères Lucien et André qui prennent la relève de leur père. Le site de production, qui se situait jusqu'alors au cœur du village, est déplacé à l'extérieur de Saint-Paul-Trois-Châteaux, sur un terrain de 4 000 m². À partir de 1970, l'entreprise fait le choix d'abandonner son activité de négoce et devient exclusivement un fabricant de remorques, de broyeurs de sarments et d'épandeurs à fumier. « La mécanisation n'a alors pas cessé d'évoluer », précise Véronique Arnaud, directrice générale de la société. C'est dans ce contexte que le site de production déménage à nouveau pour investir la zone industrielle de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Les ateliers ainsi que le siège social y demeurent toujours. Difficile d'ailleurs de ne pas remarquer ces imposants bâtiments. « Nous étions les premiers avec Gerflor », souligne Véronique Arnaud.

Le pari de la machine à vendanger

À partir des années 1976 et 1977, la société développe la fabrication de machines à vendanger tractées. La fabrication en série démarre en 1980. Puis, en 1981, l'entreprise se lance la fabrication d'accessoires en inox destinés au transfert de la vendange. Et, à partir de 1982, la marque mise aussi sur la fabrication des pompes à vidange. Depuis 1997, la troisième génération est aux manettes de l'entreprise. De nos jours, Alma fabrique toujours des remorques, broyeurs, pompes à vidanger ainsi que des machines à vendanger. La société s'est toutefois recentrée particulièrement sur la machine à vendanger autotractée. « Il faut dire que le marché de la remorque est très concurrentiel, sans compter leur bonne durée de vie. Par ailleurs, les viticulteurs renouvellent aujourd'hui moins leur matériel », indique Véronique Arnaud. L'automotrice représente actuellement 10 % de la production. « Nous n'avons jamais été au cœur du marché », ajoute-t-elle.

La Sélecta 3

La société Arnaud Frères se positionne aujourd'hui comme le « numéro 1 mondial de la machine à vendanger autotractée ». En 2014, elle a sorti la Sélecta 3, avec une centrale de nettoyage et un séparateur-égreneur. Un modèle conçu en plusieurs versions afin de répondre au plus près aux besoins des clients. « Tout dépend du produit à obtenir, du cépage, de l'entretien de la vigne, etc. », note la dirigeante. La proximité avec les clients est en tout cas une véritable force pour l'entreprise, celle-ci étant située non loin de domaines viticoles. Leurs retours sont ainsi pris en compte lors de l'amélioration des produits. Le nouveau produit proposé se veut en tout cas être robuste, simple, facilement réparable et réglable par les utilisateurs. Il faut dire que la machine à vendanger autotractée a le vent en poupe. « Elle coûte environ 50 % moins chère qu'une automotrice. Il y a aussi peu d'automatisme : des commandes manuelles permettent de vendanger en cas de problème », précise aussi la dirigeante. Alma posséde aujourd'hui le plus grand parc de machines à vendanger : elles seraient 5 500 à travers le monde. Selon l'entreprise, 900 pompes à vidanger sont également encore en service. Aujourd'hui, le chiffre d'affaires annuel de l'entreprise s'élève à 3 millions d'euros. « Dans les années 1980, nous vendions 250 machines à vendanger contre une cinquantaine par an actuellement », poursuit Véronique Arnaud. Près de 66 % des ventes partent à l'export, en Espagne, Italie, Portugal, dans les pays de l'Est, Israël ou encore en Amérique latine. 
A. T.