Année exceptionnelle pour le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes

Les résultats de l'année 2017 dévoilés par le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes (Casra) reflètent la reprise de l'activité économique en France. La banque coopérative et mutualiste, leader dans la région avec 28% de parts de marché (Casra et Crédit Agricole Centre-Est), affiche un résultat net consolidé de 113 millions d'euros, en hausse de 0,9%. En revanche, le produit net bancaire, c'est-à-dire le chiffre d'affaires, est de 409,1millions d'euros, en retrait de 2,1%, car encore soumis à la pression des renégociations de crédit et des marges d'intermédiation. « Une ressource chère, et des taux de crédits bas », résume Jean-Noël Sappey, directeur administratif et financier de la banque.
Tous les indicateurs – ou presque – sont au vert. L'établissement bancaire a conquis 11 250 nouveaux clients, à la faveur du mandat Macron qui a facilité la mobilité des clients bancaires. Avec 10 000 nouveaux clients particuliers, la banque enregistre un score exceptionnel. Elle s'est également distinguée sur le segment associatif en attirant 900 nouvelles associations, soit une hausse de 65%.
Réaménagement des crédits
Cette dynamique est tirée par un marché immobilier porteur. En 2017, la banque a réalisé 2,3 milliards d'euros de crédits immobiliers, soit 31,5% de plus qu'en 2016 et gagne encore des parts de marché (presque 28%). Pas moins de 15% des dossiers sont désormais traités en ligne. Pour la troisième année, Casra a également procédé à des réaménagements de crédit en raison des taux devenus très attractifs, ce qui représente 53 millions d'euros d'économie par an pour ses clients. La tendance concerne aussi le financement des équipements aux professionnels, agriculteurs et entreprises qui progresse de 26,6%. D'ailleurs le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes s'est impliqué à hauteur de 900 millions d'euros de prêts dans l'économie des territoires accompagnant ainsi une forte vague de promotion immobilière où l'activité a quadruplé entre 2016 et 2017.
Fort de ces résultats, avec des charges de fonctionnement maîtrisées et un coût du risque faible, l'établissement bancaire affiche de solides ratios. En cinq ans, ses fonds propres ont progressé de 36% pour atteindre 2,2 milliards d'euros, les crédits sont en hausse de 27% à 14,9 milliards d'euros, la collecte observe une augmentation de 18% à 20 millards d'euros et les créances douteuses baissent de 0,15 points à 1,26%. Bonne nouvelle pour les actionnaires, le conseil d'administration a décidé de verser cette année un dividende de 6,60 euros par titre.
Pour 2018, le Crédit agricole Sud Rhône Alpes va poursuivre son « développement sur l'ensemble des compartiments », comme l'a indiqué son directeur général Christian Rouchon. Sur ses 200 points de vente, 30 ont été rénovés en 2017 et 40 le seront en 2018. Le directeur met en avant les principes de spécialisation et de proximité. En juillet 2018, le Crédit agricole investira son nouveau siège sur la presqu'île de Grenoble, basculera dans le 100% numérique et envisage de recruter 130 personnes.
Sécuriser les revenus agricoles
Seul bémol, l'établissement a perdu 87 clients exploitants agricoles. « Nous avons sur ce segment 85% de parts de marché, précise Christian Rouchon. Or, en 2017, 200 exploitations ont cessé leur activité, si bien que compte tenu de notre position, nous aurions pu perdre le double de clients agriculteurs. » Il souligne que le poids économique et financier du secteur agricole s'est accru de 5%. Jean-Pierre Gaillard, le président de la caisse, fait part de sa grande vigilance. « Face aux mutations technologiques et sociétales, notre réflexion porte sur d'autres types d'investissements, une autre façon de sécuriser les revenus agricoles et les cultures. Le système assurantiel est un bout de la réponse car il ne donne rien sur la sécurisation des volumes et des productions. De plus, d'autres formes d'agriculture émergent, des petites structures, des circuits courts, le tout dans le cadre des orientations nationales données par les Etats généraux de l'alimentation. Nous sommes face à un défi société et la première banque du secteur, le Crédit agricole, doit être aux côtés du monde agricole. » Le fonctionnement coopératif étant aujourd'hui interrogé, la président a rappelé « la capacité du modèle de banque coopérative, mutualiste et régionale à résister dans un environnement complexe ». Il insiste : « Le modèle coopératif donne une vision sur un temps long dans ses résultats et le sens des investissements. C'est un modèle attendu pour son utilité et dont les performances nourrissent le développement des territoires. »
Isabelle Doucet
CompétitivitéEmbaucher les moins bien formés
Retour de la croissance ! Retour de l'emploi ? Le thème des dernières rencontres économiques entre le Crédit agricole Sud Rhône Alpes et le Medef Isère observait un véritable changement de ton dans l'attitude des dirigeants d'entreprise. Et pour cause. Depuis 2007 et peut être bien avant, on n'avait pas vu ça : une croissance de presque 2% ! Après une décennie de crise, les carnets de commandes des entreprises sont durablement remplis, notamment dans le bâtiment, ainsi que l'affirme Pierre Steiff, président du Medef Isère. « Mais le sujet n°1, c'est le recrutement. On ne trouve pas de collaborateurs », ajoute-t-il. Benoît Brechiganc, DRH de la Samse, fait part d'une croissance de 10% de son activité et de 200 postes à pourvoir en CDI. Il mesure les limites de la stratégie déployée sur les réseaux sociaux, qui génère beaucoup de flux, sans pour autant trouver les bons profils. Les dirigeants d'entreprises attendent beaucoup de la réforme de la formation professionnelle et de l'apprentissage.L'économiste Denis Ferrand, dans un focus sur l'emploi dans l'économie française, indique d'ailleurs que le niveau de CDI n'a jamais été aussi élevé en France. Mais ceux qui en profitent le plus, ce sont les emplois qualifiés. « En revanche, il y a une incapacité à embaucher les moins bien formés. Les entreprises n'ont pas le temps d'attendre », constate l'économiste. Pour que la production suive et que la France reste aussi compétitive qu'elle peut l'être, la seule solution passe « par la formation et l'inclusion ». Il rappelle également ses trois recettes pour la compétitivité : le coût salarial direct, la fiscalité de la production et la politique d'innovation. Moyennant quoi, l'économie française pourra continuer à profiter de la croissance mondiale (4% en 2017), notamment en retrouvant son niveau d'exportation d'avant crise.