Antoine Pupier et la foire de Beaucroissant : « On n’en sort jamais intact »

Tout est parti d'une intuition. « Tu ne crois pas qu'il y aurait un peu de pub à faire du côté de la foire de Beaucroissant me lance un jour Fréjus Michon, président de la FDSEA de l'Isère, au tout début des années soixante », se remémore Antoine Pupier, ancien rédacteur en chef de Terre Dauphinoise. La grande proximité entre le journal départemental de l'Isère et la foire est partie de là. Il n'est pas resté seul très longtemps.
Trois canards
« Nous étions déjà un peu organisés entre départements limitrophes mais la collaboration battait un peu de l'aile, se souvient le nonagénaire. Avec Guy Lamoulère qui dirigeait L'Avenir Agricole de l'Ardèche et M. Saussac, à la tête de L'Agriculture Drômoise, nous avons relancé une dynamique commune, ce que l'on a appelé les pages Ardris, pour Ardèche, Drôme, Isère. Et tous ces plans, nous les concoctions à Saint-Péray, en Ardèche, à une encablure de Valence, au sein d'un restaurant qui s'appelait... Les trois canards. On ne pouvait pas rêver mieux comme nom ! ». Le rapprochement des trois journaux puis de celui de l'Ain (L'Ain Agricole), celui de la Saône-et Loire (L'Exploitant Agricole de la Saône-et-Loire) puis du tout nouveau titre du Rhône (L'Information Agricole du Rhône) a donné une impulsion au travail avec la foire de Beaucroissant. « Au début, nous avons prospecté seuls les annonceurs nationaux. Mais avec le groupe des autres journaux et le passage au demi-format, notre régie de publicité nationale AgriCentre a pu travailler plus facilement. C'est à cette époque que nous avons créé le supplément régional pour la foire. » La démarche entamée par Terre Dauphinoise n'était pas qu'une histoire financière. Les hommes ont beaucoup compté. « Nous avions de très bonnes relations avec M. Blanc, maire de Beaucroissant à l'époque. Notre travail de proximité a fait que nous avons pu nous impliquer dans le cercle des médias d'information générale du département », convient avec satisfaction Antoine Pupier.
Convivialité
« A l'occasion de la foire, sous l'impulsion des responsables professionnels de l'époque, nous avons assez vite organisé un apéro dînatoire pour les annonceurs et les concessionnaires présents pendant la manifestation, confesse l'ancien journaliste avec l'air malicieux qui le caractérise. C'étaient des soirées un peu longues qui se terminaient tard dans la nuit. On y croisait bien une centaine de personnes. Il y avait de l'ambiance... On y ouvrait un tonneau de beaujolais, pas un gros tonneau... » Quelques années plus tard, après l'arrivée en 1981 de Marcel Lalanne aux commandes de Terre Dauphinoise, une autre tradition a été mise en place, celle des huîtres dégustées sur le stand du journal avec la complicité de La Girondaise, qui venait en vendre à la foire. « La foire, quelquefois boueuse, quelquefois très poussiéreuse selon le temps, laisse beaucoup de souvenirs. On n'en sort jamais intact ».
Jean-Marc Emprin
Questions à / Isabelle Delahaye, régisseuse de la foire de Beaucroissant.
Beaucroissant : l’agriculture fait partie de l’ADN de la foire
Vous faites partie désormais du paysage de Beaucroissant. Comment se sont réalisés vos premiers pas ?Isabelle Delahaye : « En octobre, cela fera effectivement déjà deux ans que je suis arrivée. Auparavant, j’ai travaillé pour l’office de tourisme de Chambéry, dans l’organisation d’évènements. Mais je m’occupais essentiellement de la logistique liée aux arrivées de congressistes ou autour d’évènements spéciaux. J’avais envie de changer. Ici, en prenant la suite de Patrick Bouchet, j’ai pris la responsabilité d’organiser un événement de A à Z. J’ai été très bien accueillie, presque comme dans une famille parce que finalement la structure qui porte la foire, la mairie, est une petite entité au sein de laquelle il y a une excellente ambiance. »
Vous avez presque commencé avec la 800e de Beaucroissant.
I. D. : « J’ai organisé la 799e sans l’appui et l’expérience de mon prédécesseur. La 800e, on en parle depuis que je suis arrivée. Heureusement, je ne suis pas seule. Il y a une équipe d’élus et des employés municipaux qui ont l’envie et une connaissance très fine des choses. C’est une chance pour moi de pouvoir m’appuyer sur ces compétences car organiser un tel événement est un travail de fou. Mais une grande entraide existe et elle permet de surmonter de nombreux problèmes. En fait, tout le village est tourné vers la foire, tout le monde l’aime, c’est incroyable, elle constitue un objectif commun. »
Y a-t-il de grandes nouveautés ?
I. D. : « L’agriculture fait partie de l’ADN de la foire, malgré tout il fallait faire évoluer les choses. Il y avait une attente de tous à ce sujet. Mais on ne la change pas, on la fait évoluer. La 800e est l’occasion de mettre en place une programmation évènementielle qui n’était pas forcément formalisée jusque-là. Nous avons développé la communication autour de la foire, cherché des partenariats, sommes attentifs à l’information des visiteurs. Nous avons aussi développé le site internet pour augmenter notre visibilité. La prochaine étape va être de gérer les exposants avec des outils informatiques, mais cela va demander encore beaucoup de travail.
En attendant, alors que la partie agricole avait connu un léger recul depuis quelques éditions pour de multiples raisons, nous avons de nouveau cette année le secteur agricole complet depuis début août. Il y a de nouveaux exposants qui se consacrent à la méthanisation ou à la géolocalisation des engins ou des productions. Dans les animations, les Georges Antonin vont faire un village de vieux métiers, tandis que l’association des éleveurs ovins va disposer d’un chapiteau plus spacieux et plus gai. L’ensemble de cette édition a exigé beaucoup de travail, mais ce sera un bel événement. »
Propos recueillis par Jean-Marc Emprin
