Aléas climatiques, distorsions de concurrence avec les voisins européens et internationaux, perte de compétitivité flagrante, recul grandissant des terres cultivables... N'en jetez plus !
Pourtant les employeurs agricoles de main-d'œuvre saisonnière doivent s'attendre à une hausse annoncée du coût du travail. Vent debout contre la suppression du dispositif d'aide à l'emploi de travailleurs saisonniers (TODE), qui ne sera pas intégralement compensé par des mesures d'allégements d'autres charges (cotisation maladie et à un renforcement de la réduction générale de cotisations, réduction dite « Fillon »), la FDSEA de la Drôme a travaillé tout l'été à alerter la profession agricole, les parlementaires et le préfet, les institutions départementales et le grand public.

Près de 30 000 emplois sacrifiés

« En alourdissant les contraintes de la profession agricole, déplore le président de la FDSEA Grégory Chardon, la France se trompe. Le coût du travail est considérablement inférieur sitôt passées nos frontières. La suppression du TODE va peser de tout son poids sur une balance déjà déséquilibrée. La profession n'aura plus qu'une solution, elle aussi coûteuse, qui consistera à recourir aux travailleurs détachés, au bénéfice de l'économie de nos voisins européens. Cela revient à promouvoir la délocalisation de l'emploi, voire même la délocalisation des vignes et des vergers. Christiane Lambert l'a clairement dit à notre congrès de mars dernier : Emmanuel Macron organise lui-même les distorsions de concurrence. » Avec la suppression du dispositif TODE, la charge supplémentaire incombant aux exploitations agricoles est évaluée à 1,40 €/h par saisonnier selon le CER France. La MSA Ardèche-Drôme-Loire recense pas moins de 29 623 contrats de travail concernés dans la Drôme. 2 093 exploitations sont touchées, faisant du département le plus impacté de l'Hexagone.

Fruits et légumes :une perte de compétitivité

« La suppression du TODE au 1er janvier 2019, précise le président de la filière fruits de la FDSEA, Régis Aubenas, ajoutée à celle du CICE, plombera inexorablement nos exploitations. La perte de compétitivité de la France est indiscutable. Le déficit commercial se creuse : il atteint 182 % en légumes et 120 % en fruits. Cumulé, cela représente près de 3,5 milliards d'euros pour 2017, selon Légumes de France et la Fédération nationale des producteurs de fruits. La suppression du TODE va très vite aggraver lourdement la situation. »

Pour dire « Merci Macron »

Pour remercier le Chef de l'État des attentions particulières qu'il réserve au monde agricole, la FDSEA 26 appelle à la mobilisation la semaine prochaine à Valence. Son appel sera relayé dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, spécialement les départements du Rhône et de l'Ardèche. Le Vaucluse devrait également se joindre aux syndicalistes drômois pour exprimer haut et fort le refus de la suppression du TODE. Tout l'environnement professionnel de l'agriculture drômoise sera invité à rejoindre le lieu de la manifestation pour procéder à une action de sensibilisation de la population. Les élus de la Drôme seront également invités à exprimer leur soutien par leur présence. Car il en va de l'emploi et de la viabilité économique de tout un département. L'agriculture est la signature de la Drôme. Sans elle, que resterait-il de son économie, de ses paysages, de son tourisme... ?
«  S'ils tiennent à leur agriculture, à leur département, que vos lecteurs nous rejoignent, nous aurons besoin de bras ! », invite Grégory Chardon.

Un verger en villégiature

Car, pour symboliser la délocalisation des emplois, voire des vignes et des vergers, la FDSEA 26 devrait organiser le déménagement d'un verger ! C'est le fruit d'une réunion syndicale qui s'est tenue le jeudi 23 août à la FDSEA à Valence. 150 à 200 arbres fruitiers seraient déplacés jusqu'au rond-point du Pont-des-Anglais de Valence. Transportés par un cortège d'une dizaine de camions, les arbres seraient installés en forme pyramidale sur ce rond-point. Les syndicalistes veilleront à la fluidité de la circulation des automobiles. Des tracts ainsi que des fruits et légumes issus de la production locale seront distribués à la population. 
Angelo Tedesco