Apprendre les métiers de la forêt et du bois

«Dans les couloirs du ministère, tout le monde connaît le Centre d'études forestières et agricoles (Cefa) de Montélimar. Il est vraiment reconnu dans la filière bois. Mais quand on va dans le centre-ville, c'est autre chose : il n'y a plus grand monde qui le connaît ! Certains demandent par exemple si c'est en rapport avec l'école de bûcherons... C'est dire le paradoxe. Bon, c'est quand même en train de changer et nous travaillons pour ce faire », lâche Pierre Bernabé, directeur de l'établissement. Depuis plus de soixante ans, le Cefa forme les jeunes aux métiers de la forêt et du bois. La structure accueille aujourd'hui près de 350 apprenants. La majeure partie d'entre eux sont originaires de la Drôme ou de l'Ardèche. Mais le détail des effectifs fait également état de départements limitrophes et parfois même plus lointains. Ou comment prouver que les jeunes générations restent intéressées par ce type de formations.
De l'agriculture vers les travaux forestiers
Le Cefa fêtera l'an prochain ses 65 ans. C'est en effet en 1953 qu'un élu local et quelques agriculteurs décident de fonder l'Assocation familiale rurale de Sainte-Croix et de créer une école d'agriculture. L'objectif est alors de préparer les fils d'agriculteurs - originaires du sud de la Drôme et de l'Ardèche - au brevet d'apprentissage agricole, puis au brevet professionnel agricole. Après une dizaine d'années, l'effectif se stabilisera autour de 80 élèves. En 1968, le directeur de l'époque, André Charreton, décide de l'ouverture d'une section de formation forestière, apte à répondre aux besoins en personnel de terrain de l'office national des forêts (ONF).
Au fil des années, de nouvelles sections voient le jour. En 2006 notamment, le Cefa lance une filière construction bois. Aujourd'hui, il propose plusieurs formations allant notamment de la quatrième de l'enseignement agricole à la licence professionnelle et au bachelor technico-commercial, en formation initiale ou par apprentissage. Selon les cursus, les débouchés sont nombreux.
Artisan bûcheron, négociant en bois...
Le BTS agricole « gestion forestière » prépare par exemple à la responsabilité d'une entreprise ou à exercer une fonction de technicien supérieur salarié (gestionnaire d'un massif forestier, conseiller forestier, responsable de l'approvisionnement d'une unité de transformation du bois). Le CAP agricole option « travaux forestiers » forme quant à lui des ouvriers qualifiés en techniques sylvicoles.
Quelle que soit la formation dispensée, une part importante est consacrée aux travaux pratiques. Des jardins, une pépinière pédagogique, un simulateur d'abatteuse, une xylothèque ou encore un arboretum sont d'ailleurs situés au cœur de l'établissement. Le Cefa possède également huit véhicules afin d'emmener les élèves sur le terrain, et notamment en forêt. « J'ai fait un BTS. Chaque semaine, une journée entière se déroulait sur le terrain. C'est une bonne école, avec beaucoup de pratique. Nous acquérons de bonnes compétences et sommes bien préparés pour le diplôme », témoigne d'ailleurs Valérie Charroin, une ancienne élève de BTS gestion forestière, aujourd'hui salariée à la coopérative forestière Coforêt.
Développer la formation continue
Depuis le 1er janvier dernier, le Cefa s'est doté d'un organisme de formation continue, baptisé « Cefa Pro » (compétences, emploi, formation, accompagnement professionnels). Cette structure vise à proposer des formations courtes ou plus longues à l'ensemble des acteurs de la filière forêt-bois. « Nous sommes capables d'identifier les besoins de nos partenaires et de leur proposer des formations sur-mesure », explique Séverine Barbiani, directrice de Cefa Pro. Cela peut, par exemple, être des modules spécifiques dispensés en entreprise. « Comme former des entreprises de négoce bois sur la connaissance des matériaux », poursuit-elle. Pour ce faire, la structure peut s'appuyer sur les compétences et le professionnalisme des intervenants du Cefa. Mais pas seulement. D'autres personnes peuvent être mobilisées, en fonction des compétences attendues.
En collaboration avec l'Idrac, une école supérieure de commerce, le centre de formation continue est également en mesure de proposer un Bachelor technico-commercial, spécialisé autour des produits de la filière forêt et des bois et matériaux. Dans ce cas, les apprenants se préparent à des emplois de cadre en production, distribution, négoce à l'international. Les formations peuvent être plus courtes. Cefa Pro fait d'ailleurs partie des treize centres habilités à délivrer les permis tronçonneuses. « Cela s'adresse tant aux particuliers qu'aux professionnnels. La reconnaissance est européenne », précise encore Séverine Barbiani. Un sésame qui n'est nullement obligatoire mais apprécié. « Au-delà de la manipulation, il y a surtout des problèmes de sécurité », souligne pour sa part Pierre Bernabé, le directeur du Cefa.
Aurélien Tournier
ÉQUIPEMENT / Depuis les années 2000, le centre de formation montilien possède en ses murs une vaste bibliothèque du bois.
Une xylothèque au cœur de l'établissement
Dans les murs de l'établissement, il existe un lieu où sont répertoriées de nombreuses essences de bois. Feuillus, résineux, indigènes ou encore exotiques : elles sont 112 à être précieusement conservées dans ce que l'on appelle une « xylothèque ». Un jeune peut alors facilement découvrir ce qu'est un peuplier noir, un mélèze du Japon, un pin pignon ou encore un frêne à fleurs.Les documents présentés détaillent avec précision les différents critères de reconnaissance (rameaux, bourgeons, feuilles, fleurs, fruits, écorce, bois). Les supports abordent également l'autécologie (lumière, conditions édaphiques et hydriques), ainsi que la présence de l'essence dans l'Hexagone, voire au-delà. Sil venait à manquer une référence, une bibliographie est également mise à disposition. Tout comme des postes informatiques.
Projet de matériothèque
Cette xylothèque n'est accessible qu'aux élèves en fin de journée (près de 70 % sont internes). Mais le public peut également profiter de cet équipement lors des portes ouvertes de l'établissement. Difficile alors de ne pas déambuler à travers la salle et se régaler du regard. Un formidable moyen de parfaire ses connaissances... ou même de réviser quelque peu.
Le Cefa envisage de créer désormais une matériothèque. Celle-ci présentera alors les différents matériaux que les élèves pourront un jour peut-être utiliser, tel du lamellé-collé ou encore un panneau de fibre...
A. T.
