Après la crise, la filière se relève

Le 19 mai, sur le site crestois d'Eurial (où Valsud a son siège social), la filière caprine a été présentée au préfet. Céline Ferlay, élue chambre d'agriculture en charge de cette filière, a donné quelques chiffres. Rhône-Alpes est la première région française en nombre d'élevages caprins (1 185 exploitations et 98 000 chèvres) et en termes de fabrication fromagère. La Drôme, elle, est première au plan régional en effectifs caprins et deuxième en collecte de lait. Depuis 2005, elle a perdu 7 % de ses exploitations caprines et gagné 5 % en effectif de chèvres, ses troupeaux ont donc grossi.
Ne pas retomber dans le piège
Le contexte de ces dernières années a été replacé par Jean-Pierre Royannez, vice-président de la chambre d'agriculture, Xavier Goy, président de Valsud, et Christian Nagearaffe, président du syndicat caprin. En 2009, la sous-production a conduit les industriels à importer du lait de chèvre de Hollande et d'Espagne. En 2010, est arrivée une surproduction, puis trois ans de crise (de 2010 à 2012) difficiles à gérer et une baisse de prix à la production. Le lait de chèvre, contrairement à celui de vache, n'est pas transformé en poudre ou beurre. Son prix est remonté à partir de 2013. Aujourd'hui, la production manque. L'heure est à la relance mais la vigilance s'impose pour ne pas retomber dans le piège. L'union Valcrest - dont fait partie Valsud et qui a rejoint le groupe Eurial en 2014 - veut faire passer sa collecte de lait de chèvre de 13 millions de litres actuellement à 20 à l'horizon 2020. Aussi a-t-elle décidé de soutenir les nouveaux producteurs avec un plan de relance (voir L'Agriculture Drômoise du 19 mars, page 5) basé, entre autres, sur une garantie de prix et une bonification les premières années.
Dynamiser
Pour dynamiser la filière, la chambre d'agriculture met en place des actions via ses Cap (comités d'actions et de projets). Un groupe d'éleveurs est en cours de constitution. Et des thèmes ont été définis comme prioritaires : les bâtiments (mécanisation, adaptation, organisation...), l'élevage des chevrettes, le sanitaire, l'alimentation du cheptel, le renouvellement du troupeau et la génétique, les coûts de production. Au niveau des Cap, a également été initié un travail sur la filière affineurs, qualifié de « bon début » par Jean-Christophe Cavet, gérant de la SARL Cavet Picodons.
Par ailleurs, comme l'a rappelé son président, Thierry Deygas, Drôme conseil élevage propose un appui technique aux éleveurs. Le syndicat caprin les accompagne aussi : travail sur la valorisation de la viande de chèvre, projet sur l'aromathérapie visant à savoir si des méthodes alternatives sont développables... Pour son président, il faut aussi redonner de la valeur aux chevreaux. Quant au Picodon, « le potentiel existe, il y a de la demande, a assuré le président du syndicat de cette AOP, Philippe Bénezech. Il s'en produit 500 tonnes. L'ambition est d'atteindre 750 tonnes d'ici cinq à six ans ».
Céline Ferlay a fait part de son optimisme : « Aujourd'hui, la filière a l'opportunité de se développer, j'y crois. Elle a la chance d'être organisée et accompagnée ». Et, avant d'aller visiter l'usine crestoise d'Eurial, le préfet a noté : « Je ne dis pas que tout va bien dans votre filière mais que sa situation est encourageante. Je repars avec énormément d'informations, je vous en suis très reconnaissant et essaierai de vous le rendre par l'efficacité ».
Annie Laurie
Repères /Les caprins dans la Drôme
- 27 600 chèvres*
- 95 producteurs livreurs de lait** : 8,8 millions de litres transformés en 758 tonnes de fromages, dont 165 en AOP.
- 126 producteurs fromagers, dont 24 livrant à des affineurs** : 6 millions de litres de lait transformés en 512 tonnes de fromages dont 115 en AOP.
* chiffre 2013.
** Estimation 2014.