Après la grêle, le Crédit Agricole débloque quatre millions d'euros

« Après le choc et le temps de l'émotion, vient celui de l'action », a déclaré Jean-Pierre Gaillard, président du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, le 2 juillet à Châteauneuf-sur-Isère. Le choc, c'est bien sûr celui des lourds dégâts consécutifs au violent orage de grêle du 15 juin sur une partie de l'Ardèche, de la Drôme et de l'Isère, les trois départements couverts par la banque. L'action, ce sont les mesures prises très rapidement par la caisse régionale pour accompagner ses 3 300 clients sinistrés. Leur contenu a été dévoilé au Gaec de Vernaison, une exploitation arboricole d'une centaine d'hectares lourdement impactée. Pour les particuliers, les entreprises et les agriculteurs, quatre millions d'euros ont été débloqués en urgence sous forme de prêts à taux zéro. Leur montant peut atteindre jusqu'à 10 000 euros sur 12 à 18 mois pour les entreprises et exploitations agricoles. S'ajoute pour les particuliers la possibilité de crédit à la consommation jusqu'à 3 000 euros sur 36 mois et la possibilité d'une pause en capital de six mois maximum sur les crédits habitat en cours.
« On aidera le temps qu'il faut »
En complément, pour les agriculteurs et les entreprises, le Crédit Agricole Sud Rhône Alpes propose des mesures financières d'urgence. Il s'agit de mesures de trésorerie et de restructuration de la dette au cas par cas mais aussi d'accompagnement à la protection des cultures, à la diversification des activités... (voir encadré). « Nous sommes la banque des bons et des mauvais moments, nous prenons nos responsabilités, a confié Christian Rouchon, directeur général. On aidera le temps qu'il faut. » La caisse régionale organisera aussi des réunions publiques. Dans la Drôme, elle se dérouleront à Triors mercredi 10 juillet à 20 h 30 (salle de la mairie) et à Châteauneuf-sur-Isère mardi 16 juillet à 20 h 30 (salle de l'Europe).
Jean-Pierre Gaillard a tenu à souligner l'esprit coopératif et mutualiste de la banque qu'il préside. « Nous restons attentifs à chaque situation et mettons en place un accompagnement sur-mesure », a-t-il fait remarquer. Christian Rouchon a, lui, insisté sur l'écoute en évoquant « une approche bancaire mais solidaire » vis-à-vis des clients sinistrés.
« Un risque d'entreprise à amortir »
Egalement présent au Gaec de Vernaison, le directeur général adjoint de Crédit Agricole Assurances et directeur général de Pacifica, Thierry Langreney, a mis en avant la mobilisation des équipes pour accompagner les clients sinistrés. « Des solutions personnalisées ont été mises en œuvre, sur place ou par téléphone, a-t-il affirmé. Et grâce à des partenariats avec des sociétés, par exemple pour le débosselage des véhicules ou pour la réfection des toitures, nos avons pu agir rapidement. » Le Gaec de Vernaison a d'ailleurs bénéficié de cette réactivité pour la toiture de sa station, provisoirement bâchée par une équipe de couvreurs. Quant à l'assurance récolte, « pour notre groupe, cela représente 50 millions d'euros de perte sur dix ans », a-t-il indiqué. Le sujet du coût de l'assurance et de son financement reste entier. « Une volonté politique et professionnelle forte est indispensable pour élargir l'assiette de l'assurance », a dit Jean-Pierre Gaillard. Pour Thierry Langreney comme pour Christian Rouchon, les phénomènes climatiques, qui ne sont plus des aléas du fait de leur fréquence, font désormais partie intégrante des risques d'entreprise et doivent donc être intégrés et amortis en tant que tels. « Il n'y a pas de réponse monolithique, ajoute Christian Rouchon, mais un panel de solutions comprenant l'assurance, les investissements de protection des cultures, l'épargne, l'adaptation des cultures, la diversification des activités... » De l'avis de Jean-Pierre Gaillard, face au changement climatique, il faudrait « un plan Marshall » pour accompagner l'agriculture.
Christophe Ledoux
Crédit Agricole Sud Rhône Alpes /
Les mesures pour les agriculteurs et les entreprises
Pour préserver la trésorerie :- Pause sur prêt (total ou en capital) jusqu'à 18 mois sans frais de dossier.
- Report d'échéance sans majoration de taux ni frais de dossier.Pour répondre aux besoins de trésorerie à court terme :
- Prêt à 0 % jusqu'à 10 000 € et jusqu'à 18 mois sans frais de dossier.
- Prêt à 0,5 % (0,2 % pour les jeunes agriculteurs) jusqu'à 30 000 € sans frais de dossier pour faire face aux charges.
- Prêt à 0,5 % (0,2 % pour les jeunes agriculteurs) en attendant les indemnisations, selon le montant attendu, sans frais de dossier.Pour répondre aux besoins de trésorerie à moyen terme :
- Complément de fonds de roulement jusqu'à 50 000 € de 36 à 60 mois, avec différé jusqu'à 12 mois et taux Agilor.
- Restructuration de la dette au cas par cas.Pour accompagner l'installation de protections des cultures ou une diversification des activités :
- Prêt jusqu'à 50 000 € sur 84 mois maximum avec un différé possible de 12 mois, au taux Agilor.Pour accompagner les audits globaux d'exploitation
- Participation du Crédit Agricole Sud Rhône Alpes à hauteur de 200 € pour un audit technico-économique, financier et social établi par un organisme agréé.