Accès au contenu
Recherche

Arbres et légumes ensemble pour produire mieux

Le projet « Savem » porté par l’Inrae vise à étudier la production, au sein d’une même parcelle, de pêchers et de maraîchage, dans un but de réduction des pesticides et de réponse au changement climatique.

Arbres et légumes ensemble pour produire mieux
©Capucine Lorain - VA
Les équipes du projet ont animé un premier atelier le 7 avril dernier.

C’est parti pour six ans de recherche et d’expérimentation. Depuis le 7 avril, le projet « Savem » - L’agroforesterie en système de verger de pêchers et maraîchage méditerranéen face à la réduction des pesticides et au changement climatique - est en cours d’étude au sein des locaux de l’Inrae d’Avignon. Il s’inscrit dans le cadre du dispositif Dephy Expé 3 (Écophyto) et a plusieurs buts. Le principal : créer un verger expérimental permettant d’associer des pêchers et du maraîchage en bonne intelligence, dans le but de réduire l’utilisation d’intrants phytosanitaires et de s’adapter au changement climatique.

Un service rendu mutuel

La parcelle retenue pour le projet « Savem », porté par l’Inrae. © Inrae

Le projet est porté par l’Inrae A2M et co-porté par Sica Centrex (66). Il s’agit d’un appel à projets national, dont l’objectif est de tester des leviers innovants afin de répondre aux problèmes de pesticides et de climat. Le projet « Savem » fait partie des 35 retenus pour les six ans d’expérimentation. 

Pour le mettre au point, les ingénieurs en recherche de l’Inrae sont partis d’un constat : « Les maraîchers vont de plus en plus vers de la diversification en arboriculture, avec plus ou moins d’arbres qui rendent des services à leurs cultures, explique Chloé Guerin, ingénieur de recherche unité A2M. Nous, nous avons souhaité nous placer de l’autre côté, à savoir dans un système arboricole en monoculture, avec l’idée de montrer que le maraîchage peut apporter autre chose qu’un service économique ».

Pour cela, les chercheurs s’orientent vers des plantes qui vont servir de répulsif, attirer des auxiliaires de cultures, recouvrir le sol. Un service autre des plantes envers l’arbre, mais aussi un service de l’arbre envers les plantes via le micro-climat qui pourra être créé.

Parmi les principaux obstacles à maîtriser pour réduire les pesticides, plusieurs cibles sont visées, en particulier les plus impactantes : les maladies du pêcher, la cloque et le monilia, et le principal ravageur, le puceron vert. Concernant l’adaptation au changement climatique, en plus du recouvrement des sols, la diversification permet d’assurer au moins une production à l’agriculteur.

Alliacés, patates douces, courges à l’étude

Une cinquantaine de personnes était présente lors du premier atelier, organisé à l’Inrae d’Avignon.©CL-VA

« C’est un projet qui demande énormément de compétences différentes, avoue l’ingénieur. Alors on a fait appel à de nombreux professionnels. » Des chercheurs, des conseillers agricoles, des maraîchers, des arboriculteurs, des agriculteurs ayant déjà un verger maraîcher, des enseignants... Ils se sont regroupés lors d’un premier atelier de co-construction qui avait pour but de réfléchir à des propositions de vergers adaptés. La parcelle mesure 9 000 m²  et est située non loin des locaux de l’Inrae d’Avignon. Les porteurs du projet ont déjà identifié des espèces de plantes adaptées à la demande, mais comptent aussi sur l’intelligence collective pour trouver les combinaisons les plus adéquates.
Parmi les espèces déjà pré-ciblées : les alliacés, à l’image des poireaux, de l’ail, de l’oignon, qui ont un effet répulsif. Également la courge, qui couvre le sol, et la patate douce, qui allie les deux combinaisons. Chloé Guerin évoque également « la fève, l’artichaut, le fenouil », qui semblent intéressantes. L’idée de faire deux rotations par an est aussi à l’étude.

Six projets sur fermes en vue

Deux autres ateliers sont programmés ce 15 mai et le 19 juin dans les locaux de l’Inrae d’Avignon, pour poursuivre le travail de réflexion. Les premières plantations auront lieu à la fin de l’année. Le verger qui accueillera les pêchers et les légumes est instrumenté, avec une station météo, un capteur au sol et un autre aérien.

La Société coopérative et participative Agroof est également partenaire du projet, et intervient lors des ateliers de conception. Elle sera aussi à l’accompagnement des projets sur fermes, mis en place une fois le projet terminé. Six projets - en zone Paca et Occitanie - devraient voir le jour, afin d’accompagner des agriculteurs souhaitant établir des vergers maraîchers.

Capucine Lorain