Accès au contenu
Expérimentation

Ardema : recherche et développement pour l'agriculture des montagnes sèches

Tout en continuant prioritairement la recherche pour lutter contre les parasites de la lavande et du lavandin, la ferme expérimentale de l’Ardema, à Mévouillon, explore in situ l’ensemble des productions et techniques agricoles adaptées aux montagnes sèches.
Ardema : recherche et développement pour l'agriculture des montagnes sèches

La ferme expérimentale de l'Ardema (Association de recherche et de développement de l'économie montagnarde agricole) a tenu son assemblée générale le 24 juin à Mévouillon, sous la présidence de Nathalie Gravier. On notait la présence d'André Gilles, vice-président en charge de l'agriculture au Département. La filière des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) était notamment représentée par Alain Aubanel, président du CIHEF* et de la Fédération Drôme-Ardèche des producteurs de plantes à parfum. Après avoir présenté un bilan financier affichant un résultat positif en 2015, le responsable administratif de la ferme, Benoît Chauvin-Buthaud, a rappelé que près de 80 % des activités de l'Ardema sont, depuis 2000, consacrées aux recherches menées sur le dépérissement bactérien de la lavande et du lavandin. Les autres activités concernent les plantes fourragères et les cultures de diversification agricole en montagne sèche.

De multiples essais en Ppam

Cédric Yvin et Pierre-Yves Mathonnet, tous deux techniciens de la chambre d'agriculture, l'un basé à Montélimar et l'autre à Mévouillon, ont présenté les résultats des essais conduits sur Ppam durant l'année écoulée. La liste est longue : étude d'itinéraires techniques alternatifs pour la production de lavande en zone de montagnes sèches ; comparaison des itinéraires culturaux conventionnels et biologiques en lavande ; évaluation de clones de lavandes Néotols (depuis 2012) ; essais de lutte alternative contre la cécidomyie (depuis 2009), de sur-semis de lavande ainsi que de fertilisation alternative du lavandin (depuis 2009). Par ailleurs, l'essai « Estran » étudie la densité de couvert végétal. D'autres expérimentations sont conduites comme celles, en bio, sur le fenouil doux en matière de désherbage et de production de graines. A noter aussi, les essais de parcelles de pieds-mères de thyms chémotypés (renouvelées en 2015) et la collection de sauges officinales et de lavandins.

Essais fourrage et traction animale

Dans le domaine de l'élevage et du fourrage, la ferme de Mévouillon conduit des travaux sur la sélection de prairies multi-espèces composées de variétés précoces et résistantes à la sécheresse. Les éleveurs sont en effet fortement impactés par les phénomènes de changement climatique mis récemment en évidence. En matière de diversification des cultures, et afin de répondre à la nécessaire rotation de celles-ci en alternance avec les Ppam, la ferme conduit depuis plusieurs années différents essais de cultures alternatives, en bio comme en conventionnel.
Enfin, le projet d'un site d'expérimentation de la traction animale en agriculture, notamment dans le travail des Ppam, fait son chemin. Lancé voilà deux ans par la présidente de l'Ardema, Nathalie Gravier, le projet a reçu le soutien de la plupart des partenaires (Fédération nationale équine, Région, Département, PNR des Baronnies, financement Leader). Les premiers essais comparant le temps et le coût du travail en traction animale ou à l'aide d'un tracteur devraient voir le jour avant la fin de l'année. L'Ardema pourrait ainsi devenir un des tout premiers centres français de formation à l'utilisation de la traction animale en agriculture. 
Alain Bosmans
* CIHEF : Comité interprofessionnel des huiles essentielles françaises.

 

Lavandiculture / En marge de l’assemblée générale de l'Ardema, Alain Aubanel, président de la fédération des producteurs de lavandes et lavandin Drôme-Ardèche et du CIHEF, fait le point sur la situation de la filière lavandicole et les perspectives de récolte 2016.

Une ruée vers l’or bleu ?

Comment se porte aujourd’hui la filière Ppam ?
Alain Aubanel : « Aujourd’hui, je dirais que tout va bien et que tous les feux sont au vert. D’un point de vue économique, tout a été à peu près vendu tant en lavande qu’en lavandin, la demande est toujours soutenue, les cours se maintiennent, les stocks sont au plus bas. Seule la lavande fine, lavande de population de l’AOC, est considérée sur le marché comme un produit cher par certains acheteurs qui préfèrent s’approvisionner en Bulgarie en dépit d’une qualité bien moindre.
Une telle situation génère un accroissement des volumes de production français. On voit apparaître aujourd’hui de nouvelles plantations un peu partout. Non seulement dans les zones de production traditionnelles (Montélimar, Pierrelatte, les Baronnies, le plateau d’Albion) mais aussi en plaine autour de Chabeuil, Valence, Romans ou encore dans le Vaucluse. On assiste à une sorte de “ruée vers l’or bleu”, révélatrice de la bonne santé de la filière. »

Qu’en est-il du dépérissement ?
A. A : « Dans ce domaine les progrès sont indéniables. Mais il faut quand même que trois conditions soient réunies : des plants sains, des variétés tolérantes et de bonnes pratiques culturales (enherbement et protection avec l’argile). En fait, le dépérissement n’a pas régressé, nous avons seulement appris à vivre avec. Et si nous mettons tous ces atouts de notre côté, les choses vont de mieux en mieux et la vie de nos plantations augmente. »

Comment se présente la prochaine récolte ?
A. A : « Pour le moment, tout se présente bien. Les plantations sont plutôt jolies et on s’attend à une belle récolte tant en qualité qu’en quantité. L’hiver a été doux et humide, la récolte sera plutôt tardive par rapport aux années précédentes qui étaient très sèches. Mais, en fait, on va simplement revenir à des choses normales et naturelles. Il convient cependant de rester vigilant car, depuis le printemps, nous avons piégé de nombreux insectes et papillons dont on ignore encore les effets. On surveille mais globalement je suis optimiste sur cette récolte. » 

Propos recueillis par Alain Bosmans