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Chasse

« Assurer un avenir serein à la chasse »

Considérant ses adhérents comme des « acteurs économiques » et des « éco-citoyens » à part entière, la Fédération des chasseurs de la Drôme, qui vient de tenir son assemblée générale, affiche son soutien au monde agricole et agit pour lever les freins qui entravent ou pourraient entraver la pratique de la chasse.
« Assurer un avenir serein à la chasse »

Bien que la chasse soit avant tout un loisir, il n'en demeure pas moins que cette activité reste sous le feu de critiques et d'oppositions vives. Pourtant, « les chasseurs sont des acteurs économiques et des éco-citoyens qui doivent être reconnus comme tels », a souligné à maintes reprises Alain Hurtevent, président de la Fédération des chasseurs de la Drôme. Devant quelque 600 à 700 chasseurs réunis en assemblée générale à Crest, le 30 avril, il a interpellé les parlementaires et les représentants de l'administration pour qu'ils s'opposent « aux freins de l'exercice de la chasse ».

Biodiversité, réforme territoriale, directives armes

A la tribune de l'assemblée générale de la Fédération des chasseurs de la Drôme, autour du président Alain Hurtevent, étaient présents, entre autres, le sénateur-maire Gilbert Bouchet, le président du Conseil départemental Patrick Labaune, le député-maire Hervé Mariton, la sous-préfète de Die Clara Thomas, ainsi qu'Anne-Claire Vial, présidente de la Chambre d'agriculture.

Il semblerait que l'effort de lobbying fonctionne. Dans son rapport moral, Alain Hurtevent s'est réjoui de « l'excellent travail et l'objectivité des parlementaires » dans l'étude de l'avant-projet de loi « biodiversité ». « Il n'y a pas eu d'égarement dans des amendements anti-chasse », a-t-il ajouté. Le texte sera à nouveau examiné par le Sénat le 10 mai. Cependant, les instances cynégétiques restent réticentes à devenir membres de la future Agence française pour la biodiversité (AFB). Craignant de voir leurs intérêts légitimes « dilués dans un conglomérat majoritairement et radicalement anti-chasse », elles souhaitent garder la maîtrise des ressources qu'elles affectent à l'ONCFS(1).
D'autres dossiers sont dans la mire des chasseurs comme celui de la fusion des communes et donc des ACCA(2). Mais un amendement législatif du 9 mars dernier prévoit que le regroupement de communes n'entraîne pas la dissolution ou la fusion des ACCA sauf décision souveraine de ces associations. « Même s'il faut attendre le vote définitif de la loi, il n'y a donc plus lieu de voir le monde de la chasse s'opposer à la fusion des communes », a déclaré Alain Hurtevent. Par ailleurs, la nouvelle Région est considérée comme « un enjeu fondamental ». Avec 120 000 chasseurs désormais regroupés dans la fédération Auvergne-Rhône-Alpes, « nous devons gagner en expertise et ingénierie pour gagner en reconnaissance », a-t-il fait remarquer. Il a souhaité un rééquilibrage des subventions accordées aux associations de protection de la nature (APN), dont font partie les fédérations de chasseurs.
Enfin, la refonte par la Commission européenne de la directive sur les armes à feu inquiète également le monde de la chasse. A l'heure où la lutte contre le terrorisme est une priorité, les chasseurs craignent un durcissement des contraintes. « Nous n'acceptons pas cette tentative d'amalgame entre détenteurs légaux, terroristes, délinquants et trafiquants », a dit Alain Hurtevent.

Se montrer attractifs

« Nous continuerons à soutenir résolument la politique de régulation des populations de loups entreprise par le gouvernement », a déclaré Alain Hurtevent, président de la Fédération des chasseurs de la Drôme.

Malgré tout, le président de la fédération a largement mis en avant les « actions prudentielles » menées par les chasseurs drômois. Celles-ci ont trait à des opérations multiples en faveur de la biodiversité : suivi de la reproduction du tétras-lyre, comptage d'animaux, suivi sanitaire du chevreuil, confortation de haies dans le cadre du Scot(3) Rovaltain, mise en place d'indicateurs du changement écologique... « La fédération privilégie une écologie en actions plutôt qu'une écologie virtuelle et punitive.C'est le fondement de notre crédibilité auprès de l'administration, de la société et des scientifiques », a martelé Alain Hurtevent.
Par ailleurs, il a aussi mis en avant les partenariats conduits avec le monde agricole. Comme celui sur les Cipan (190 hectares implantés) mené entre autres avec la Chambre d'agriculture. Au sujet du loup, « nous continuerons à soutenir activement la régulation de la population », a-t-il indiqué, affichant un soutien complet aux éleveurs concernés par la prédation. Enfin, il a rappelé que le schéma départemental de gestion cynégétique (SDGC) élaboré en association avec les acteurs des mondes de l'agriculture, de la forêt publique comme privée, entre autres, « a vocation à inscrire la chasse dans une perspective de gestion durable des espèces et des espaces ».
En concluant, Alain Hurtevent s'est inquiété de la pyramide des âges des chasseurs. Des projections à 2025 et 2035 montrent un vieillissement et une baisse des pratiquants. « Pour attirer de nouveaux chasseurs, il nous appartient, comme dirait M. de la Palice, de nous montrer attractifs vis-à-vis de nos compatriotes en préconisant une chasse durable, éthique et reconnue par la société », a-t-il estimé.
Voilà donc de quoi remplir aisément une nouvelle feuille de route pour le président de la Fédération des chasseurs de la Drôme, très largement réélu (99 %), tout comme le secrétaire général, Jean-Louis Briand (98,6 %). Un véritable plébiscite.

Christophe Ledoux

(1) ONCFS : office national de la chasse et de la faune sauvage.
(2) ACCA : association communale de chasse agréée.
(3) Scot : schéma de cohérence territoriale.

 

Activité / Le bilan écoulé de la Fédération des chasseurs de la Drôme montre, notamment, une forte augmentation des prélèvements de sangliers.

Plus de 16 000 sangliers prélevés

Evoluant de 10 463 prélèvements en 2014-2015 à 16 100 en 2015-2016, le tableau de chasse « sangliers » a progressé de façon exponentielle (+ 55 %). « C'est un effort considérable des chasseurs drômois mais cela ne suffit pas à maîtriser les populations », a reconnu Jean-Louis Briand, secrétaire général de la Fédération des chasseurs de Drôme (FDC). Le sanglier a représenté près de 86 % (123 630 euros) des indemnisations des dégâts causés par le grand gibier. Les céréales et les cultures spécialisées ont été les plus touchées.
L'analyse de plus de 900 registres de la saison de chasse 2014-2015 montre que près de 20 000 battues aux sangliers ont été réalisées en Drôme et que la moyenne d'âge du chasseur de sanglier est de 54 ans. On y apprend également qu'une battue au sanglier est organisée en moyenne par douze chasseurs, six jours par mois. Les résultats d'une étude des situations de chasse, dégâts de sangliers et efforts de prévention auprès des 35 groupements de gestion cynégétique sont disponibles sur le site internet de la FDC.
Des efforts à poursuivre
S'adressant aux représentants du monde agricole, « nous comprenons fort bien que les dégâts aux cultures sont l'une de vos préoccupations majeures, de surcroît totalement légitime, a confié le président de FDC, Alain Hurtevent. Nous savons bien par ailleurs que tout n'est pas parfait, qu'il y a ici ou là des frictions. Mais je voudrais qu'on ne passe pas en pertes et profits les efforts considérables consentis par les chasseurs, non seulement dans le domaine de l'investissement financier en matière de prévention mais également dans le domaine de la pression de chasse exercée depuis plusieurs années et notamment en 2015-2016 comme le montre le tableau record de sangliers tués. »
« Même si des améliorations ont pu être apportées en 2015, il convient de poursuivre le travail, a répondu Anne-Claire Vial, présidente de la Chambre d'agriculture de la Drôme. Car, malgré l'engagement des représentants des chasseurs, les moyens mis en œuvre pour renforcer la prévention, mieux déclarer les dégâts de gibier et améliorer l'indemnisation demeurent insuffisants dans certaines zones. Ce qui crée localement des situations tendues et compliquées. » Elle a aussi appuyé la demande du président de la FDSEA, Didier Beynet, pour qu'une évaluation soit faite après deux années d'application locale de l'accord national révisant le mode de calcul des indemnisations.
Par ailleurs, au sujet du loup, Anne-Claire Vial a salué la responsabilité de tous ceux qui s'engagent au côté du monde agricole. De plus, remontant 200 ans en arrière, elle a relaté un épisode de l'hiver 1816 au cours duquel trois enfants sont morts suite à une attaque de loups à Alixan. Des registres drômois recensent aussi une quinzaine d'autres attaques aux environs. « Ces propos, a-t-elle fait remarquer, donnent une autre version de l'histoire des Hommes et du loup que celle très romanesque et angélique portée actuellement. »
En concluant, Anne-Claire Vial a affiché la solidarité des agriculteurs envers les chasseurs ainsi que la volonté réciproque d'améliorer la biodiversité fonctionnelle et d'aboutir à des relations apaisées dans tous les massifs drômois.
C. L.