Au congrès de la FNSEA, les élus en appui des agriculteurs
À Grenoble, au cours de la séance publique du 79e congrès de la FNSEA, les élus ont défendu la nécessité de développer une agriculture de production.
« Notre congrès a vocation à ouvrir une nouvelle séquence. Il nous faut redéfinir notre ambition, se projeter au moment où l’agriculture se restructure », a lancé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, en ouvrant la séance publique le 26 mars au soir. Il semble qu’il ait été entendu par les élus régionaux présents dans la salle. Jean-Pierre Barbier, président du Conseil départemental de l’Isère l’a martelé : « Sans vous, sans les agriculteurs, il n’y a pas de souveraineté alimentaire, il n’y a pas d’économie et nos paysages magnifiques », a-t-il déclaré, concédant avoir beaucoup apprécié l’épisode des panneaux retournés « car parfois, on marche vraiment sur la tête ». Joignant l’acte à la parole, l’élu se réjouit d’avoir soutenu la création du pôle agroalimentaire en lien avec la chambre d’agriculture. Un pôle qui se veut local, éthique et responsable et qui « marche sur trois jambes : l’origine, la qualité et la juste rémunération des agriculteurs », a-t-il expliqué. Le département de l’Isère, qui fait visiter les exploitations aux jeunes collégiens pour les ramener aux réalités de l’alimentation, ambitionne de faire consommer 100 % de produits locaux ou bio dans les cantines des collèges.
« Carcans administratifs »
C’est sur le même ton que Fabrice Pannekoucke président de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) a pris la parole, annonçant sa volonté d’accompagner les dynamiques et de favoriser la production agricole, car ce n’est pas en s’installant sur 500 m2 de radis que l’on vit du métier, a-t-il lancé. « Il nous faut une agriculture de production, génératrice de valeurs », qui permette comme en Isère « de concilier circuits courts et filières longues, proximité et exportations » et qui fait « qu’en AURA, nous avons de petites coopératives laitières et un géant comme Limagrain ». Tout comme Laurent Wauquiez* qui était intervenu auparavant par vidéo interposée, Fabrice Pannekoucke, a rappelé que la région avait triplé son budget « agriculture », pour en faire le premier de France avec 130 millions d’euros en 2024. Un partie est naturellement consacrée à l’installation. Mais le renouvellement des générations ne pourra, selon lui, s’effectuer qu’à la condition de donner aux agriculteurs les clés de la production. « Il ne faut pas les enfermer dans des carcans administratifs », a-t-il insisté évoquant notamment les surtranspositions, le stockage de l’eau et appelant à « ramener du bon sens ». Cela vaut notamment pour l’Office français de la biodiversité qu’il a vertement tancé dans un courrier (lire encadré). Enfin, l’élu régional a plaidé pour ne pas « renationaliser la PAC ».
Christophe Soulard
(*) Ancien président de région, devenu député et « conseiller spécial » de Fabrice Pannekoucke
Charge contre l'OFB
Début février, Laurent Wauquiez et Fabrice Pannekoucke ont adressé un courrier aux agriculteurs, pointant du doigt les agents de l’OFB, organisme dont ils prônent la dissolution pure et simple. Ces agents sont notamment qualifiés de « coalition d'idéologues » qui empêche les agriculteurs de « travailler et de vivre dignement ».
L’argent que l’OFB reçoit chaque année (660 millions d’euros environ) « ne serait-il pas mieux employé à soutenir le renouvellement des générations, la reconstitution des cheptels, l'investissement productif ? », s’interrogent les deux élus. « J’assume mes propos », a affirmé Fabrice Pannekoucke qui regrette que ses avertissements (« depuis des années ») n’aient pas été entendus. « Je n’ai rien contre la plupart des agents mais contre la direction de l’OFB qui aurait dû remettre dans le droit chemin des agents dogmatiques », a-t-il expliqué.
« Agriculteurs, investissez les conseils municipaux »
Jean-Pierre Barbier, président du conseil départemental de l'Isère, a exhorté les agriculteurs à s’inscrire sur les listes de conseil municipal « parce vous connaissez votre commune, ses enjeux et que vous avez plein de bon sens ». Le nombre d’agriculture se réduisant d’années en années, le nombre de maires et de conseillers municipaux agricoles se rétracte en proportion.
En 1989, environ la moitié des maires étaient des agriculteurs ou d’anciens agriculteurs. En 2009, ce nombre a considérablement diminué. Parmi les 34 890 maires recensés, ils n’étaient plus que 6 095 à avoir un lien avec le monde agricole, soit 17,46% des édiles selon nos calculs effectués à partir du répertoire national des élus. Après les dernières municipales en 2021, seulement 11,6 % des maires étaient encore agriculteurs exploitants contre 13,7 % en 2010 et 18 % en 2001. Les prochaines élections municipales auront lieu en mars 2026.