Au Valentin, opération « lycée mort... pour rester vivant »

Une majorité d'enseignants et personnels du lycée agricole Le Valentin, à Bourg-lès-Valence, a suivi la grève nationale des fonctionnaires, le 9 mai. Le mouvement a aussi touché le lycée Terre d'Horizon à Romans-sur-Isère. En cause, l'augmentation des « seuils de dédoublement par classe », autrement dit des effectifs d'élèves. « C'est la goutte qui fait déborder le vase, une de plus qui s'ajoute aux réformes du bac général, du bac technologique et de l'apprentissage », ont expliqué les manifestants. Ils craignent une dégradation de la qualité de l'enseignement dispensé. « L'enseignement agricole public est reconnu pour son innovation, sa pluridisciplinarité. Or, ces réformes tentent de niveler par le bas et de converger vers ce qui se fait dans l'éducation nationale, ont-ils déploré. Pourquoi détricoter un enseignement de qualité ? »
Un ministre attendu de pied ferme
Ce mouvement de grève baptisé « lycée mort... pour rester vivant » fait écho au plan du ministre de l'Agriculture : « L'aventure du vivant ». Didier Guillaume, dont le ministère assure la tutelle de l'enseignement agricole, a pour ambition de stopper l'érosion des effectifs, en baisse depuis plusieurs années alors que les lycées agricoles sont reconnus pour la qualité de leur enseignement et des conditions dans lesquelles il est dispensé. Il souhaite franchir la barre des 200 000 élèves (contre environ 180 000 aujourd'hui).
« Nous, nous voulons des ouvertures de classes plutôt que des hausses d'effectifs par classe », ont clamé en chœur les manifestants. Ce que propose le ministre de l'Agriculture ne nous semble pas cohérent avec des objectifs de maintien de la qualité. » Les personnels administratifs craignent, de leur côté, une surcharge de travail. Parmi les autres revendications, figurent le retrait de la réforme de l'apprentissage, le financement de toutes les options en bac général ainsi que d'une option « pratiques sportives » de plein air en STAV*.
Le mouvement qui a débuté en matinée s'est poursuivi toute la journée et même au-delà. En effet, les élèves et leurs familles étaient invités à échanger en soirée et même à passer la nuit au lycée. Ce qu'ont fait une dizaine de manifestants et quelques élèves en dormant dans le gymnase. « Depuis qu'il est ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume est venu deux fois au lycée du Valentin. Nous l'attendons de pied ferme pour sa troisième visite prévue lors du Salon Tech&Bio, en septembre », ont prévenu les manifestants. En l'absence de réponses à leurs revendications, ils n'excluent pas de nouvelles actions lors de cet événement mais aussi, en juin, de perturber l'organisation des examens sur le plan administratif en boycottant l'envoi des convocations par exemple.
Christophe Ledoux
* STAV : sciences et technologies de l'agronomie et du vivant.